Madagascar et Mairupt

Introduction
Le microgranite de Mairupt.

Introduction

Nous sortons de Laifour et nous passons dans le quartier de Madagascar.

Le site suivant se situe en face de la Grande-Commune, là où la route atteint le sommet de la côte avant de plonger vers le ravin du ruisseau de Lembrèque, non loin de l'endroit appelé "Pas Bayard". Plusieurs observations peuvent être faites à gauche de la route :

a) La tranchée de la route recoupe d'abord une série de phyllades micacés et de quartzophyllades grossiers avec quelques bancs de quartzite en alternance.  Ce sont les quartzites et phyllades de la partie inférieure de la formation RV4 au flanc sud du synclinal de la Grande-Commune. A l'extrémité Nord de la coupe quelques bancs de phyllades renferment sporadiquement quelques cristaux millimétriques et aciculaires d'ilménite que l'on n'observe bien qu'à la loupe et sur cassure fraîche de la roche normale au clivage schisteux.  Ces porphyroblastes d'ilménite traduisent les premiers effets d'un métamorphisme dont l'action s'intensifie vers le Sud.

b) Dans les phyllades micacés, s'intercale un sill de diabase épais de 10 mètres à texture massive sauf sur une bande de 1 m à chacune des épontes où la texture est schisteuse.  La diabase de teinte vert-sombre contient de l'albite, du quartz, de la hornblende, de l'épidote, de la chlorite, du sphène, de la pyrite et de l'ilménite.

c) En poursuivant la coupe vers le Sud, on observe le premier gros banc de quartzite de plus de 5 m formant la base de la formation RV4.   Il est plissé en "chaise" comme c'est fréquemment le cas au flanc sud du synclinal.

d) Après quelques mètres de phyllades grossiers on observe un sill de microgranite épais de 10 m à texture porphyrique soulignée par les phénocristaux de quartz et d'albite, doublée aux épontes (sur 2 mètres) d'une texture schisteuse marquée par l'orientation des feutrages de séricite.  C'est le microgranite sodique de la Grande-Commune, réapparition, au flanc sud du synclinal, du microgranite de Laifour.  Les deux sills ont en effet la même composition chimique et minéralogique et occupent la même position stratigraphique au sommet de la formation RV3. Au contact du granite, les phyllades au toit, truffés de microlites d'albite sur 1 m d'épaisseur, prennent une teinte plus claire et une structure plus massive.

e) Au toit du sill, la coupe se poursuit par une alternance de phyllades sériciteux et de quartzites où s'intercale un filon de quartz de 10 à 20 cm d'épaisseur à pyrite.

Le panorama de la rive droite du fleuve entre le ravin de la Petite-Commune au Nord et celui de la Grande Commune au Sud permet de localiser dans le paysage le passage de la faille de la Grande-Commune.

Pour ce faire, nous empruntons à gauche de la route un tunnel passant sous la voie ferrée et se dirigeant vers "Pas Bayard".  De là, entre le tunnel et les premières maisons du quartier, situées à quelques 500 mètres, nous pouvons observer un paysage tout à fait particulier :

Au Nord, (à gauche du schéma) on distingue l'anticlinal de la Petite Commune, composé des phyllades RV3, suivi du synclinal de la Grande-Commune, le plus profond du massif de Rocroi, dont l'axe suit à peu près le ruisseau de la Petite-Commune, composé essentiellement de quartzites RV4. 

A hauteur de la Grande-Commune et en face du point de vue, émerge l'anticlinal d'Eteignières axé sur la formation RV3 et dont les deux flancs sont soulignés par les gros bancs de quartzite RV4 dont on peut suivre l'allure dans la montagne. La retombée sud de l'anticlinal d'Eteignières laisse voir la faille de la Grande Commune qui a permis un substantiel affleurement de quartzites RV4 anciennement exploités dans les grandes carrières dites de la "Grande Commune" étagées sur le versant nord du ravin formé par le ruisseau du même nom. 

D'ailleurs, nous pouvons constater que cette faille de la Grande Commune annonce le retour des couches deviliennes qui nous accompagneront jusque Bogny-sur-Meuse comme le montre très bien ce plan...

Vient ensuite la vallée creusée par le ruisseau de la Grande Commune et donc le confluent avec la Meuse est sous nos yeux.

Plus au Sud, sur les deux flancs de la vallée du ruisseau de la Grande Commune affleurent les formations RV4 dont les gros bancs de quartzite forment les saillies des collines et dessinent le massif de Deville que nous pourrons observer plus tard.

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2.  Le microgranite de Mairupt.

Nous reprenons la D1 en direction de Deville.  Nous passons par le quartier de Madagascar et nous continuons en direction de Deville.  Un peu plus loin, une bonne centaine de mètres avant de passer sur le pont qui enjambe le ruisseau de Mairupt, toujours à gauche, une petite route en pente assez raide nous emmène vers un passage à niveau.  Celui-ci dépassé, nous passons près d'une belle grande maison aujourd'hui habitée par un artisan-sculpteur mais qui autrefois était la demeure du propriétaire de la fonderie qui était située juste après mais dont plus rien ne subsiste aujourd'hui.  Nous sommes maintenant en contrebas de la voie ferrée.  Nous passons près d'un grand mur à droite de la route (seul vestige de l'ancienne fonderie) et juste après, le ruisseau de Mairupt s'écoule tumultueusement du coteau, sous la route D1 et sous la voie de chemin de fer par un nouvel ouvrage en béton vers la Meuse.

 

 

En arrière plan l'ancienne maison du propriétaire de la fonderie aujourd'hui occupée par un artisan-sculpteur et à l'avant plan un mur, seul vestige de l'industrie sidérurgique.

Photo L.V.B.

 

Quelques 300 mètres plus loin, un ancien ouvrage en pierres maçonnées permet à un autre ruisseau dégoulinant du coteau de s'écouler vers la Meuse sous la voie ferrée. 

 

 

 

Le second ruisseau...

Photo L.V.B.

 

 

Juste à côté du mur de l'ancienne fonderie.  Un nouvel ouvrage canalise le ruisseau tumultueux de Mairupt.  En haut, le pont routier de la D1 qui enjambe le ruisseau.

Photo L.V.B.

 

C'est entre ces deux ruisseaux que se situe le site du porphyroïde de Mairupt.

Avant d'arriver au microgranite, en descendant le ravin vers le passage à niveau on peut observer les phyllades micacés de la formation RV3 affleurant dans la paroi de la route et appartenant au flanc nord du synclinal du ravin de Mairupt.  A 150 m au Sud du point de départ, quelques bancs de quartzite de 1 à 2 m d'épaisseur marquent le passage du niveau de la Crapaude Pierre (RV3b). Juste entre les deux ruisseaux, nous arrivons au célèbre gîte de la "porphyroïde de Mairupt".  Il s'agit d'un sill de microgranite épais de 10 mètres enclavé dans les phyllades RV3 au-dessus du niveau de la Crapaude-Pierre.  La roche, massive au coeur de l'intrusion est schisteuse près des épontes sur une épaisseur de 0,50 m.  Les phénocristaux de quartz d'un bleu améthyste, de microcline maclé "Carlsbad" et d'albite sont dispersés dans une pâte de cristallisation plus tardive de nature quartzo-albitique et à texture microlitique.  La muscovite et la biotite sont fréquentes.  Cette dernière étant particulièrement abondante au voisinage des enclaves diabasiques ou phylladeuses truffées de lamelles de biotite et de petits cristaux prismatiques d'albite.

Alors que le microgranite de Laifour est sodique, celui de Mairupt est potassique, tendance qui est soulignée par la présence du microcline et par un pourcentage de la roche en K20 nettement plus élevé.

On peut observer une nouvelle fois le microgranite de Mairupt sur le chemin de halage à 250 m au Sud du ravin de Mairupt. Cela le situe au flanc sud du synclinal et à l'Est d'une faille qui interrompt l'alignement du sill.

Le microgranite affleure sur une largeur de 3 à 4 m

L'affleurement du microgranite de Laifour...
Photo L.V.B.
 

et sa structure est remarquable par les dimensions pugilaires des phénocristaux de microline albitisé dont l'oblitération des arêtes et des sommets conduit à des contours arrondis.   La teinte bleutée du quartz est bien visible.  La teinte foncée de la pâte albitique résulte de l'assimilation d'enclaves de diabases.  L'éponte méridionale du microgranite est d'ailleurs constituée d'un sill de diabase. Près du contact avec le granite, la diabase, très laminée prend l'aspect d'un chloritoschiste à biotite et amphibole où les macrocristaux de quartz et d'albite soulignent l'apport granitique.

La structure du microgranite est ici bien visible : des phénocristaux de microline albitisé de grande taille, aux contours arrondis, une teinte bleutée du quartz, une teinte foncée de la pâte albitique.
Photo L.V.B.

 

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Luc Van Bellingen

 

 

 

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