Le métamorphisme et les roches métamorphiques (2)

2. Les roches métamorphiques
a) Les minéraux des roches métamorphiques
b) Structures et textures des roches métamorphiques
1°.  Structures des roches métamorphiques
2°.  Textures des roches métamorphiques
3°.  Structures et textures reliques

2. Les roches métamorphiques

a) Les minéraux des roches métamorphiques

Les minéraux les plus abondants des roches métamorphiques correspondent aux minéraux principaux des roches ignées : quartz, feldspath, biotite, muscovite, hornblende.

Quartz de Revin

Des lits de quartz+feldspath apparaissent localement dans le micaschiste.
http://pedagogie.ac-montpellier.fr/svt/litho/agly/exploitation%20peda.htm

 
Cristal de biotite montrant bien les surfaces de clivage
http://ocw.mit.edu/ans7870/12/12.108/f04/imagegallery/
lab3/lab3-21.html
 
Biotite de la carrière de Flamièrge
http://www.fossiliraptor.be/carriereflamierge.htm

Cristal de hornblende

http://skywalker.cochise.edu/wellerr/mineral/hornblende/
hornblendeL.htm

 

Mais certains minéraux des roches ignées, comme l'olivine et les feldspathoïdes, sont très peu fréquents dans les roches métamorphiques, alors que d'autres, accessoires dans les roches ignées, se rencontrent en grandes quantités dans les roches métamorphiques. De plus, certains minéraux sont caractéristiques des roches métamorphiques : la jadéite, l'omphacite (pyroxènes sodiques), la trémolite-actinote, la cummingtonite, le glaucophane (amphibole sodique), le stilpnomélane (phyllosilicate), le chloritoïde, les grenats, l'épidote, la lawsonite, la pumpellyite, et les silicates d'alumine, comme l'andalousite, le disthène et la sillimanite.

Omphacite
http://mineralbliss.blogspot.com/2010/04/omphacite-another-rarity-from-hunting.html

Trémolite
http://webmineral.com/specimens/picshow.php?id=1459

Cummingtonite
http://www.yuprocks.com/clist/cummingtonite1.shtml

 
Glaucophane île de Groix, Morbihan (56). Collection musée ferme de l'orme
http://www.geowiki.fr/index.php?title=Glaucophane

 
Stilpnomélane Blanchard Hill (Blanchard Mountain), Bellingham, Skagit Co., Washington, USA
© J.A.CENDON
http://www.mindat.org/min-3789.html

Chloritoïde, Ottré
http://ottre.skyrock.com/9.html

Micaschiste à cristaux néoformés de grenat, roche métamorphique. Ile de Groix, Morbihan, France.
http://www.camptocamp.org/images/174978/fr/micaschiste-a-cristaux-neoformes-de-grenat-roche-metamorphique

Epidote, Copper Mt., Prince of Wales, Alaska

http://webmineral.com/specimens/picshow.php?id=364

 

 
Lawsonite, île de Groix Morbihan (56). Collection musée ferme de l'orme.
http://www.geowiki.fr/index.php?title=Lawsonite

Pumpellyite - Monte Ferrato quarry, Prato, Prato Province, Tuscany, Italy
http://webmineral.com/specimens/
picshow.php?id=2767&target=Pumpellyite-(Mg)

Andalousite
http://euromin.w3sites.net/mineraux/ANDALOUSITE.html

Disthène, Baud, Morbihan (56). Collection musée ferme de l'orme.
http://www.geowiki.fr/index.php?title=Disth%C3%A8ne

Sillimanite, Ahinsha Chemicals Ltd., Guwahati, India
http://www.in.all.biz/g32675/

La présence de tel ou tel minéral de métamorphisme dépend de la composition chimique de la roche initiale et des conditions de température et de pression qui régnaient lors du métamorphisme.

Dans les roches fortement alumineuses, formées à partir de roches sédimentaires pélitiques, on rencontrera des minéraux alumineux, comme la staurotide, la sillimanite, l'andalousite, la cordiérite, le disthène, le chloritoïde, etc. Dans les roches basiques et les grauwackes, qui contiennent beaucoup de fer et de magnésium, apparaîtront la hornblende, la trémolite, l'actinote, le grenat almandin, la biotite, l'hypersthène, la chlorite, le talc et la forstérite. Dans les roches calcaires se forment le grenat grossulaire, l'idocrase, la wollastonite et l'épidote.

 
Plaque avec staurotides, Coray, Finistère, Bretagne.
http://www.les-mineraux.fr/plaque-avec-staurotides-coray-finistere-bretagne-p-590.html

Cordiérite
http://www.questmachine.org/article/
Cordi%C3%A9rite_(minerai)

 

 
Une belle mâchoire d'actinote de la Rampe des Commères 
http://www.geoforum.fr/topic/3559-mineralogie-du-dauphine-isere/page__st__920
 

Almandin sur schiste - Granatenkogel (Nordflanke), Gaisbergtal, Obergurgl, Ötztal, Nord-Tyrol, Autriche
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Almandin.png

Hyperstène, almandin, pyroxène, Barton Mine, Gore Mt, North River, New-York
http://www.johnbetts-fineminerals.com/jhbnyc/mineralmuseum/picshow.php?id=5445

Chlorite
http://core.ecu.edu/geology/harper/Metamorphic/
display_new.cfm?ID=3

Talc
http://www.galleries.com/Talc

Sapat Gali, Naran-Kagan Valley, Kohistan District, North-West Frontier Province, Pakistan.
http://www.excaliburmineral.com/gallery/forsterite/
forsterite.htm

Cristaux de grenats var. grossulaires
http://commons.wikimedia.org/wiki/
File:Grenats_grossulaires_.jpg

 
Idocrase, variété de Vesuvianite provenant de Jeffrey Mine (Asbestos, Quebec Province, Canada).
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Vesuvianite_Asbestos.jpg

 
Wollastonite - Monte Somma, Italie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Wollastonite

La composition chimique de certains minéraux varie en fonction de la température à laquelle est soumise la roche durant sa cristallisation métamorphique. Ainsi, pour les plagioclases, les termes sodiques albitiques sont stables à faible température, alors qu'à une température plus élevée, on y observe un fort pourcentage calcique, anorthitique si la composition de la roche le permet. De même, les grenats des roches formées à faible température sont riches en manganèse (spessartine) ou en calcium (grossulaire), tandis qu'à des températures plus fortes, il se forme du grenat riche en fer (almandin). Les micas blancs (muscovite, paragonite) sont stables à des températures plus basses que les micas bruns (biotite, phlogopite). L'augmentation de température favorise l'expulsion de l'eau contenue dans les réseaux cristallins sous forme de molécules ou d'oxhydryles. C'est pourquoi les minéraux formés à basse température (zéolites, chlorite, micas, etc.) sont généralement hydratés, alors que ceux qui apparaissent à haute température sont anhydres.

En se fondant sur le fait que certains minéraux ne sont jamais présents dans les roches du métamorphisme régional formées en conditions de pressions orientées, alors que d'autres ne sont jamais représentés dans les roches du métamorphisme de contact, on distingue, respectivement, les minéraux anti-stress et les minéraux stress (« stress » désigne en anglais la contrainte appliquée à un corps solide). La pression orientée augmente l'instabilité du réseau cristallin de certains minéraux; elle provoque leur recristallisation suivant une orientation différente ou facilite la formation de nouveaux minéraux à réseau cristallin plus dense et plus résistant à la pression orientée. Ainsi, les minéraux qui cristallisent à forte pression ont une grande densité ionique; c'est le cas, par exemple, de la jadéite, de la lawsonite, du disthène, du grenat, de l'épidote, du chloritoïde et du talc. D'ailleurs, les roches formées à hautes pressions, comme les éclogites, ont généralement une densité élevée (3,4 à 3,6).  D'une manière générale, les minéraux qui présentent une structure cristalline en chaînes (inosilicates), comme les amphiboles et les pyroxènes, ainsi que ceux qui ont une structure cristalline en feuillets (phyllosilicates), comme les micas, cristallisent sous de fortes pressions; par contre, une grande partie des minéraux anti-stress, instables sous de fortes pressions, comme l'andalousite, la cordiérite et les feldspaths, sont des tectosilicates ou nésosilicates.

Des expériences de laboratoire ont permis de synthétiser différents minéraux et de connaître les conditions de pression et de température dans lesquelles ces minéraux cristallisent. On peut ainsi délimiter les champs de stabilité des différents minéraux en fonction de la température et de la pression. Par exemple, les trois silicates d'alumine polymorphes (qui ont la même composition chimique mais non la même structure cristalline), l'andalousite, la sillimanite et le disthène cristallisent dans des conditions différentes. L'andalousite cristallise uniquement si les pressions sont faibles, alors que le disthène cristallise pour des valeurs élevées de la pression.

b) Structures et textures des roches métamorphiques

La formation et l'accroissement des minéraux d'une roche métamorphique quelconque ont lieu en milieu solide.

Les minéraux néoformés remplacent graduellement ceux qui constituaient la roche avant que soient atteintes les conditions de température et de pression provoquant l'instabilité de l'association minérale originelle et le début des réactions métamorphiques.

1°.  Structures des roches métamorphiques

Les structures des roches métamorphiques sont appelées d'une manière générale structures cristalloblastiques, relies sont dues à la "germination" des cristaux des nouveaux minéraux à partir de différents nucléi de cristallisation. La croissance des différents minéraux qui composent l'association minéralogique stable dans les nouvelles conditions de température et de pression a lieu simultanément, à la différence de la cristallisation des minéraux des roches ignées qui se produit dans un ordre bien défini et pendant un intervalle de temps très long. L'espace occupé par les minéraux néoformés provient de la disparition simultanée des minéraux de l'association minéralogique originelle, dont les éléments (ions et groupes d'ions) sont utilisés pour la construction des réseaux des minéraux néoformés.

Les minéraux des roches métamorphiques ont souvent formes cristallines irrégulières; ils s'interpénètrent du fait qu'ils croissent en milieu solide et que les minéraux préexistants ou les autres minéraux en cours de formation font obstacle à leur croissance. Cela constitue une autre différence par rapport aux roches ignées, dans lesquelles les premiers minéraux cristallisés ont des formes cristallines parfaites du fait qu'ils se sont formés dans un milieu fluide.

Cependant, parmi les minéraux des roches métamorphiques, on peut distinguer ceux qui ont généralement des formes cristallines bien développées (faces, angles), et ceux qui ont presque toujours des formes irrégulières : les premiers sont appelés idioblastes, les seconds xénoblastes. Les minéraux idioblastes croissent, durant le développement des phénomènes métamorphiques, suivant des faces cristallines régulières, repoussant et déformant mécaniquement les autres minéraux; les minéraux xénoblastes cristallisent simultanément dans les espaces irréguliers existant entre les cristaux idioblastes.

D'après de nombreuses observations faites sur des lames minces des roches, il a été possible de définir un ordre cristalloblastique, c'est-à-dire une liste des minéraux les plus courants des roches métamorphiques, en commençant par ceux qui montrent le plus souvent des formes cristallines parfaites et en continuant par ceux qui montrent des formes de plus en plus imparfaites.

Les minéraux présentant les formes cristallines les mieux exprimées sont le rutile et la magnétite. Les grenats, la tourmaline, le disthène, la sillimanite, l'andalousite, la staurotide et le chloritoïde ont aussi des formes cristallines bien développées. Suivent ensuite les épidotes, les pyroxènes et les amphiboles, les micas et les chlorites, l'albite et la dolomite. La calcite, les feldspaths (sauf l'albite), la cordiérite et le quartz montrent généralement des formes irrégulières et imparfaites.

Parmi les structures cristalloblastiques, la structure granoblastique, analogue à la structure granulaire holocristalline des roches ignées, mais formée par croissance simultanée et sans orientation préférentielle des cristaux des différents minéraux qui composent la roche, est assez répandue.  Les cristaux ont généralement des formes isométriques, c'est-à-dire ni prismatiques, ni aplaties, et des dimensions analogues, souvent petites. La structure granoblastique est caractéristique des cornéennes, roches du métamorphisme de contact.

Si les cristaux des différents minéraux s'interpénètrent irrégulièrement, il s'agit d'une structure diablastique.

La structure myrmékitique, voisine de cette dernière structure, existe dans les roches gneissiques et également dans les roches ignées granitoîdes. Elle consiste en petits cristaux vermiculaires de quartz en inclusions dans le plagioclase, au contact de ce dernier avec un feldspath potassique.

La structure lépidoblastique est caractéristique des roches formées par des cristaux lamellaires (micas, chlorite) en quantités notables et disposés parallèlement les uns aux autres. La structure nématoblastique est propre aux roches métamorphiques contenant des minéraux à formes prismatiques allongées et disposés parallèlement. Les structures lépidoblastique et nématoblastique se rencontrent fréquemment dans les roches métamorphiques du métamorphisme régional.

La structure kéliphytique est déterminée par le développement d'un minéral ou d'un agrégat de minéraux à la périphérie des cristaux d'une autre espèce minéralogique, qui est ainsi partiellement remplacée.  On la trouve également dans les roches magmatiques; mais là elle se forme par réaction entre un cristal et le résidu fondu qui l'entoure. Un exemple de structure kéliphytique est donné par les cristaux de grenat entourés d'une enveloppe de chlorite microcristalline.

Une autre structure commune est la structure porphyroblastique, analogue par son aspect à la structure porphyrique des roches ignées. Elle consiste en la présence de quelques cristaux, appartenant généralement à la même espèce minéralogique, de dimensions plus grandes que les autres cristaux de la roche, lesquels sont de taille moyenne

Les porphyroblastes peuvent inclure de nombreuses petites plages, à contours irréguliers, d'un ou de plusieurs autres minéraux : ils possèdent alors un aspect criblé formant la structure poeciloblastique (analogue à la structure poecilitique des roches ignées).

La structure hélicitique est caractérisée par la présence à l'intérieur d'un cristal, le plus souvent d'un porphyroblaste, de fines surfaces d'inclusions formées par de petits cristaux d'autres minéraux ou de matière charbonneuse. Ces surfaces sont disposées en spirale par suite d'une rotation progressive du porphyroblaste au cours de sa croissance et de la distorsion provoquée par cette rotation des surfaces d'inclusions originellement planes. La structure hélicitique, fréquente dans les porphyroblastes de grenat, par exemple, rend évidente l'existence de mouvements différentiels dus à la pression orientée dans les roches lors du métamorphisme.

Les inclusions contenues dans les minéraux des roches métamorphiques sont souvent disposées régulièrement, par suite du mode de croissance particulier des cristaux. Elles sont le plus souvent des résidus de la structure originelle des roches, comme les impuretés charbonneuses disposées le long de surfaces parallèles ou déformées en spirale dans la structure hélicitique, mais elles se forment parfois lors de phénomènes métamorphiques tardifs, rétrogrades, comme certaines concentrations de paillettes de muscovite (séricite) à l'intérieur des cristaux de feldspath, disposées le long de certains plans cristallographiques du minéral hôte. Les cristaux de nombreux minéraux métamorphiques sont riches en inclusions, du fait que le nouveau minéral, lors de son apparition, a une force de cristallisation peu élevée et inclut dans son réseau des matières microcristallines ou amorphes présentes dans la roche. Durant sa croissance, le minéral devient capable d'exclure les impuretés solides, en les repoussant, surtout le long des faces cristallines qui s'accroissent le plus rapidement; cependant, les impuretés peuvent persister dans les plans le long desquels le cristal s'accroît plus lentement. Un cas typique est celui de l'andalousite, minéral à forme prismatique, qui, dans la variété chlastolite, présente des inclusions au cœur du prisme et le long de deux plans passant par les arêtes longitudinales opposées, par suite de l'accroissement plus rapide du cristal suivant les quatre faces du prisme. Le grenat, la staurotide et la cordiérite présentent souvent des inclusions analogues dans leur cœur ou dans des plans orientés régulièrement.

2°.  Textures des roches métamorphiques

Les textures des roches métamorphiques sont déterminées par la disposition de l'ensemble des minéraux qui les composent. Le métamorphisme de contact ne produit pas dans les roches de textures particulières car les minéraux, souvent de grain fin, n'ont pas d'orientation préférentielle, et l'association minéralogique est habituellement uniforme, sans concentration de minéraux particuliers dans des niveaux distincts.

La seule exception est la texture tachetée de certains argiloschistes et phyllades, métamorphosés ultérieurement par une légère augmentation de température que produit une intrusion magmatique qui a induit les premières réactions métamorphiques seulement en quelques endroits de la roche, endroits qui se distinguent comme de petites taches de couleurs différentes. Avec l'augmentation du degré de métamorphisme thermique, la texture des roches devient uniforme. Cependant, il est quelquefois possible de reconnaître dans les roches du métamorphisme de contact des reliques de textures magmatiques ou sédimentaires qui persistent même à des degrés moyens et élevés du métamorphisme.

Les roches soumises au métamorphisme régional présentent, au contraire, des textures caractéristiques, provoquées essentiellement par la pression orientée d'origine tectonique.

La texture principale, la plus fréquente, des roches du métamorphisme régional est la texture schisteuse, déterminée par la présence de plans de schistosité.  Cette dernière peut être définie comme l'orientation préférentielle de la forme, ou du réseau cristallin, de quelques-uns ou de tous les minéraux principaux de la roche suivant des surfaces parallèles d'origine mécanique. Les textures tabulaires observées dans certaines roches ignées peuvent être d'aspect assez semblable à la texture schisteuse, mais elles ont pour origine les mouvements lents de la masse magmatique à demi consolidée durant son refroidissement, et non la cristallisation orientée des produits des réactions métamorphiques dans une roche déjà solide.

Il est quelquefois difficile de distinguer ces deux types de texture, d'autant plus que la texture cataclastique caractéristique de nombreux gneiss, qui consiste en la fracturation des grains cristallins produite par des déformations tectoniques ultérieures, est souvent non différenciable de la texture cataclastique primaire ou protoclastique produite durant le refroidissement d'une masse magmatique. De même, la disposition parallèle des micas et des minéraux argileux dans les roches sédimentaires détritiques a des origines tout à fait différentes de celles de la schistosité; celle-ci peut cependant se développer par recristallisation mimétique de ces minéraux, déjà orientés parallèlement lors de la sédimentation. La texture schisteuse se manifeste de manière particulièrement évidente dans les roches riches en minéraux de forme lamellaire, comme les micas et les chlorites. Le terme de "schistes cristallins", amplement utilisé pour définir les roches du métamorphisme régional, s'applique plus spécialement aux roches riches en phyllosilicates (micaschistes, chloritoschistes, etc.).

Les minéraux à forme prismatique (amphibole, staurotide, etc.) peuvent aussi posséder une orientation préférentielle et sont alors disposés avec le grand axe des prismes dans les plans de schistosité. Dans le cas de roches presque entièrement formées de minéraux tous allongés suivant la même direction, parallèlement à leur grand axe, comme c'est fréquemment le cas pour les amphibolites, on parle de texture linéaire. Cette texture peut aussi être déterminée dans les roches par l'orientation des éléments tectoniques (axes des plis, etc.) suivant des lignes parallèles, ou linéations. Même les minéraux qui normalement n'ont pas de forme prismatique ou lamellaire, comme le quartz, la calcite et d'autres, peuvent acquérir une forme lenticulaire et aplatie suivant les surfaces de schistosité.

Mais il existe un autre élément de la schistosité des roches du métamorphisme régional, élément qui peut être révélé seulement par un examen pétrographique au microscope avec des équipements et des méthodes spéciaux (platine universelle). Il s'agit de la disposition dans des surfaces parallèles de certaines directions cristallographiques (axes, plans de symétrie) des minéraux de forme cristalline équidimensionnelle ou irrégulière, lesquels s'adaptent ainsi à la symétrie générale de la texture de la roche par l'orientation non de leur forme, mais de leur réseau cristallin. L'analyse structurale des roches au microscope a révélé que le quartz forme souvent, lors des phénomènes métamorphiques, des cristaux ayant leur axe optique disposé dans des surfaces parallèles, qui coïncident avec les surfaces de schistosité générale de la roche ou qui en sont différentes, ou encore en alignements parallèles qui peuvent se trouver sur les surfaces de schistosité sans qu'il y ait allongement correspondant de la forme cristalline. Des dispositions analogues avec orientation parallèle ont été observées pour le réseau cristallin de la calcite et de la dolomite, bien que ces minéraux aient généralement des cristaux de forme équidimensionnelle.

La texture schisteuse des roches soumises au métamorphisme régional se forme dans les profondeurs de l'écorce terrestre où les roches sont soumises à des compressions orogéniques latérales, donnant lieu à des plissements de vaste échelle et à la formation de failles et de surfaces de chevauchements tectoniques. Les grands phénomènes tectoniques déterminent dans les roches des efforts de cisaillement. Il se forme dans les roches des surfaces de glissement le long desquelles les minéraux sont plus ou moins broyés, dissous, et recristallisent de manière orientée lors des réactions métamorphiques.

La conséquence la plus évidente de la schistosité des loches du métamorphisme régional est leur fissilité. Celle-ci est la propriété d'une roche de se rompre suivant des plans parallèles quand on la frappe ou simplement quand elle est exposée à l'altération atmosphérique. Ces plans de rupture coïncident en général avec les plans de schistosité et sont d'autant mieux marqués que les roches sont plus riches en minéraux micacés. Il peut cependant exister plusieurs plans de fissilité dans les roches.

Une autre texture très commune des roches du métamorphisme régional est la texture foliée. La foliation consiste en la séparation des minéraux d'une roche en deux groupes, qui forment des bandes alternantes parallèles, distantes de quelques millimètres dans les roches métamorphiques à grain moyen et de l'ordre du centimètre dans les roches à grain plus grossier. Les bandes sont alternativement de couleur claire et obscure. On parle aussi de texture gneissique car elle est caractéristique des gneiss, où elle se traduit par une alternance de niveaux biotitiques et de niveaux quartzo-feldspathiques. La foliation est un effet de la diffusion ionique, phénomène important dans le métamorphisme qui consiste en la migration d'ions ou de groupes ioniques libérés des réseaux cristallins des minéraux antérieurs au métamorphisme, et qui tendent à se regrouper de manière différente pour former de nouveaux réseaux cristallins. L'ampleur de la diffusion ionique, c'est-à-dire la distance sur laquelle les ions peuvent migrer, croît avec le degré de métamorphisme. La genèse de la foliation est probablement favorisée par les différences de comportement des minéraux d'une roche soumise à une déformation tectonique et par la concentration en niveaux lentiformes des minéraux les plus résistants aux déformations. Dans les gneiss, où la foliation est bien développée et où les minéraux micacés sont en quantité moindre que dans les micaschistes, la fissilité diminue; elle devient irrégulière et s'effectue suivant des surfaces plus distantes.

La fissibilité, mise en évidence ici sur un bloc d'ardoise, est une des conséquences les plus évidentes de la schistosité des roches du métamorphisme régional.

La texture œillée présente quelques analogies avec la texture foliée. Elle est caractérisée par la présence dans certains gneiss de porphyroblastes ou d'agrégats polycristallins, le plus souvent de feldspath, aplatis suivant les surfaces de schistosité.  Ceux-ci se forment soit par des phénomènes cataclastiques déformant les phénocristaux originels de roches magmatiques (orthogneiss), soit par des phénomènes d'accroissement des cristaux par des réactions métamorphiques ayant lieu sous pression orientée.

Sous le nom de texture migmatitique, on peut réunir les principales caractéristiques macroscopiques d'un groupe important de roches, les migmatites, constituées par l'interpénétration d'un matériel granitoïde et d'un matériel métamorphique sous des formes diverses (veines parallèles ou obliques à la schistosité, etc.).

La texture rhéomorphique, assez fréquente dans les migmatites et dans d'autres roches formées à haute température (par exemple, les granulites), est caractérisée par la déformation en petits plis serrés et irréguliers des filonnets pegmatitiques (plis ptygmatiques) ou de bandes de compositions minéralogiques différentes.  Cette déformation a lieu dans des conditions physiques particulières de plasticité des masses rocheuses, à très forte température, probablement en présence de petites quantités de matière fluide produites lors de la fusion commençante des roches (anatexie) ou lors des réactions métamorphiques.

3°.  Structures et textures reliques

Les roches formées lors du métamorphisme thermique et du métamorphisme régional présentent parfois des structures et des textures reliques, caractéristiques des roches à partir desquelles elles se sont formées et qui n'ont pas été complètement détruites lors du métamorphisme.

La structure sédimentaire la plus fréquente qui se conserve parfois à travers le métamorphisme est la stratification. La composition chimique différente des strates des roches sédimentaires provoque la formation de roches métamorphiques de compositions minéralogiques différentes, même si elles sont formées dans des conditions identiques de température et de pression. La conservation de la stratification à petite échelle a lieu surtout lors du métamorphisme thermique, au cours duquel les roches ne sont pas déformées. Les textures sédimentaires les mieux préservées lors du métamorphisme sont celles des roches détritiques (grès et conglomérats). Les conglomérats, même s'ils sont soumis à un métamorphisme de degré élevé (gneiss conglomératiques), conservent leur texture détritique, mais les galets sont déformés et aplatis suivant la schistosité de la roche et se transforment en agrégats minéralogiques différents des agrégats originels.

 
Série de plis dans roches métamorphiques ayant gardé leur stratification.
Rocher Ste Véronique ; Brétignolles sur Mer (85)
http://www.geowiki.fr/index.php?title=Pli

Parmi les structures et les textures des roches ignées se conservant partiellement dans les roches métamorphiques qui en dérivent, la principale est la structure porphyrique de nombreuses roches effusives et de quelques roches intrusives. Elle se transforme en structure blastoporphyrique, qui ne doit pas être confondue avec la structure porphyroblastique, d'aspect analogue (présence de quelques cristaux de dimensions supérieures aux autres) mais d'origine purement métamorphique. On reconnaît fréquemment l'origine ignée des roches métamorphiques à structure blastoporphyrique d'après leur gisement et la persistance d'autres propriétés communes aux roches ignées effusives, comme la texture amygdalaire.


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Luc Van Bellingen

 

 

 

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