Les Triblidiida

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L'histoire de cette classe de Mollusques dont jusqu'en 1952 on ne connaissait que des restes fossiles du Paléozoïque ne manque pas d'intérêt.  En effet, la récolte à grande profondeur d'exemplaires vivants d'une forme de Tryblidiida, Neopilina galatheae, fut considérée comme une découverte exceptionnelle, car cette espèce à coquille unique, à symétrie bilatérale, à apex antérieur, laissait reconnaître une série d'insertions musculaires, cinq paires de cténidies, six paires de néphridies, trois paires de compartiments cœlomiques, caractères qui indiquaient une métamérisation si régulière qu'elle pouvait être comparée à celle des Annélides et des Arthropodes.

Neopilina fut alors placé dans le groupe des Monoplacophores créé par Odhner en 1940 pour des Mollusques du Cambrien inférieur. La structure de ce "fossile vivant" semblait indiquer que les Monoplacophores étaient en relation étroite avec les Mollusques ancestraux à partir desquels le phylum des Mollusques s'est développé. Lemche et Wingstrand publièrent en 1957 et 1959 une étude remarquable de cet Animal.  Cependant l'interprétation qu'ils avaient fournie de la structure fut peu à peu critiquée et Lemche lui-même devait annoncer en 1966 que Neopilina ne devait pas avoir la signification qu'il lui avait précédemment attribuée.

On reconnaît à l'heure actuelle que l'organisation de Neopilina, donc celle des Tryblidiida, ne montre qu'une pseudo-métamérie du même ordre que celle dont témoignent les Placophores par leurs nombreuses paires de branchies. L'importante publication de Salvini­Plawen en 1972 a permis de conclure dans le même sens et de considérer les Tryblidiida comme le groupe le moins évolué des Conchifères. L'auteur estime en outre que le terme "Monoplacophora" n'a pas d'utilité, d'autant plus qu'il pourrait servir à désigner les autres classes de Conchifères.  Il n'en reste pas moins que l'étude de Neopilina, compte tenu de rectifications nécessaires, permet de caractériser la classe des Tryblidiida et de mieux comprendre le sens de l'évolution des Mollusques.

La bouche, antérieure, est précédée d'une lèvre supérieure associée à un velum élargi latéralement en lobes ciliés, comparables aux palpes buccaux des Bivalves.  Deux pédoncules situés en arrière de la bouche portent chacun un éventail de tentacules post-oraux dont la disposition évoque les captacules des Scaphopodes.

A la bouche fait suite une cavité buccale et un pharynx où débouche une glande salivaire impaire. La radula comporte de quarante à quarante-cinq rangées de onze dents disposées en V. Ces dents sont de plusieurs sortes et ne peuvent être comparées à celles des Placophores. Au-delà de l’estomac, simple comme l'œsophage qui le précède, mais contenant un stylet cristallin, l'intestin décrit six tours en sens inverse des aiguilles d'une montre.

Il montre une portion circum-orale où se discernent deux ganglions cérébraux. De chacun de ceux-ci partent deux longs cordons rappelant ceux des Placophores : cordon ventral et cordon latéral, formant deux arcs concentriques complets, les cordons latéraux étant unis par une commissure supra-rectale. Des paires de connectifs joignent les deux arcs d'où partent de place en place des nerfs.

Du cœur, enclos dans un péri­carde, partent deux aortes qui fusionnent en une aorte dorsale impaire semblant s'ouvrir dans le sinus sanguin céphalique. Les six paires de néphridies sont situées dans le pli palléal.

Les sexes sont séparés.  Le mâle est doté de deux paires de testicules, la femelle probablement du même nombre d'ovaires. Les œufs très petits semblent devoir être fécondés en mer.

Six espèces de Neopilina sont actuellement connues.

Neopilina galatheae a été capturé à l'ouest de Costa Rica par le navire de recherches danois "Galathea" par 3 570 m de profondeur.

Une comparaison de la coquille de Neopilina avec celle d'espèces éteintes fait ressortir une différence d'épaisseur, la forme actuelle possédant une coquille très mince. Mais cette étude comparée montre aussi qu'au sein des Tryblidiida s'est poursuivie la concentration des faisceaux musculaires amorcée chez les Solénogastres et les Placophores, concentration qui aboutit à une plus grande mobilité du corps dans la coquille. Drahomira montre 7 paires d'insertions, Tryblidium et Pilina 6, Sinuitopsis 3 et Cyrtonella 3 ou quelquefois 2. Les Bellerophontidea n'en possédaient qu'une.

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Luc Van Bellingen

 

 

 

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