1. Les Roches...
Si vous avez lu les pages précédentes
concernant le massif de Rocroi, vous avez sans aucun doute noté qu'on y dénombre
une série monotone de schistes ou phyllades parfois ardoisiers et de quartzites
formant le Cambrien de l'Ardenne.
On y distingue deux étages :
- à la base, le Devillien qui est formé de quartzites gris
blanchâtres, de schistes verts renfermant des veines d'ardoises violettes et
vertes à gris bleu (la région de Fumay, Haybes...),
- au sommet, le Revinien qui n'est pas fossilifère et qui est constitué
dans l'ensemble par des quartzites gris noirs et des schistes noirs dont
certains sont ardoisiers (région de Revin jusque Bogny sur Meuse).
Dans cet ensemble, sont
localement injectés des sills de roches magmatiques.
Les sills sont aussi appelés filons-couches. Ce sont des remplissages intrusifs sous forme
de lames entre des couches de la roche encaissante. Ils se sont injectés sans déformer
les roches préexistantes, suivant
les plans de stratification.
Les phyllades sont des roches métamorphiques* plus ou moins lustrées, comme les
schistes ardoisiers et les schistes sériciteux.
Les quartzites sont des roches métamorphiques* qui peuvent résulter de la
recristallisation d'un grès ou de roches siliceuses initialement constituées de
silice amorphe et de calcédoine.
L'orogenèse calédonienne, au Silurien, a plissé le massif de Rocroi et y a
déterminé trois grands plis
majeurs que nous avons visité au cours de nos promenades géologiques et qui sont du Nord au Sud :
- l'anticlinorium de Fumay,
- le synclinorium de Revin-Laifour,
- l'anticlinorium de Deville.
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.
Les Minéraux...
Au sein des phyllades
Au sein des phyllades, nous pouvons détecter différents minéraux, à l'état de
traces, en microminéraux ou en macrominéraux.
Nous pouvons ainsi observer à différents endroits :
Quartzite massif avec veine chlorite
Quartz plat accolé à deux autres cristaux dans le même axe avec chlorite
Collection L.V.B.
Photo L.V.B.
Photos L.V.B.
Collection L.V.B.
Après une analyse bien plus fine, au binoculaire, on peut trouver sur ces
cristaux de quartz une seconde génération de cristaux de quartz accompagnés de
cristaux de chlorite, de quelques cristaux de calcite, de quelques cristaux d'ilménite
et de quelques cristaux de magnétite métamorphosés en limonite de couleur rouille.
la chalcopyrite,
(voir "la chalcopyrite")
la galène,
(voir "la galène")
la sphalérite
(voir "la sphalérite")
la sidérite
(voir "la sidérite")
la monazite grise (découverte dans le Massif de Rocroi en 1982).
Phyllade gris-bleu avec entre les nombres 21 et 24 de la
latte, de petits cristaux losangiques noirs de
magnétite.
Près de 17, nous pouvons observer un "nodule noirâtre" qui
semble être composé de plusieurs petits nodules, le toute entouré d'un halo de
couleur rouille. C'est la fameuse monazite grise qui fut découverte et
identifiée en 1982.
Photo L.V.B.
Collection L.V.B.
Ardoise
bleue contenant une multitude de petits cristaux losangiques de magnétite
Photo L.V.B.
Collection L.V.B.
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Au sein des quartzites
Au sein des quartzites, nous pouvons détecter différents minéraux, à l'état de
traces, en microminéraux ou en macrominéraux.
Nous pouvons ainsi observer à différents endroits :
Le sill de diabase et le
microgranite que nous avons rencontrés
sont une roche ignée, analogue au basalte ou au gabbro plutonique. Le diabase possède généralement une texture fine tandis que le microgranite a une
structure plus grossière avec des cristaux nettement visibles : cristaux de plagioclase en forme de bâtonnets incrustés dans une pâte plus fine de
pyroxène, généralement de l'augite, ainsi que des traces
- d'olivine*, voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- de grenats almandin* et spessartite* voir ci-dessous pour une petite
approche théorique
- de magnétite,* voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- de quartz (même améthyste).
(voir "le quartz")
pour la théorie et les spécimens découverts
Parmi les minéraux secondaires ou métamorphiques on trouve
- la hornblende*, voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- la biotite*, voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- l'apatite*, voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- la pyrrhotite*, voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- la chalcopyrite,
(voir "la chalcopyrite")
pour la théorie
- la serpentine*, voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- la chlorite*, voir ci-dessous pour une petite approche théorique
- la calcite.
(voir "la calcite")
pour la théorie
Dans les quartzites, il n'est pas rare de trouver aussi des cubes de pyrite.
Notamment à Laifour où nous trouvons d'une part la trace du cube qui a disparu,
rongé par les eaux d'infiltration, le cube de pyrite toujours existant mais qui
a perdu toute brillance et qui a été transformé en limonite ou enfin un cube
parfait jaune brillant, parfois maclé, comme le montrent les deux spécimens
ci-dessous.
Pyrites
octaédriques, cubiques, maclées dans
quartzites clairs et sombres de Laifour
Photo L.V.B.
Collection L.V.B.
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Dans le village d'Harcy
Dans le village d'Harcy, à l'Est de Charleville-Mezières, en bordure Sud du
Massif de Rocroi, une exploitation d'ardoise revinienne à ciel ouvert continue
ses activités. La société SICA exploite l'ardoise et la broie en vue d'en
faire des paillettes pour la confection de dalles de couverture imprégnées de
bitume (Shingel).
Dans ces ardoises, il n'est pas rare de trouver des cubes de pyrite
centimétriques.
Pyrite dans phyllades reviniennes de Rimogne
Photo L.V.B.
A gauche, Musée de l'Ardoise à Rimogne et à droite Musée de des Minéraux de
Bogny-sur-Meuse
Pyrite dans
phyllades reviniennes de Rimogne
Photo L.V.B.
Collection L.V.B.
Pyrite dans
phyllades reviniennes de Rimogne
Photo L.V.B.
Collection Musée de l'ardoise de Rimogne
Pyrite dans
phyllades reviniennes de Rimogne
Photo L.V.B.
Collection Musée de l'ardoise de Rimogne
Cube presque parfait de 2 cm de côté de
pyrite dans un bloc de schiste verdâtre veiné de couches plus foncées
vraisemblablement chargées de chlorite
Fumay, derrière la colline du Chestion, côté
belge
Photo et collection L.V.B.
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Quelques
définitions et explications supplémentaires
*Une roche métamorphique
résulte de la transformation minéralogique, structurale (et parfois chimique),
d'une roche solide portée dans des conditions
physico-chimiques différentes de celles dans lesquelles elle s'est formée.
Sa composition minéralogique et
sa structure dépendent :
- de la nature de la roche initiale,
- des conditions de Pression-Température (P-T) des transformations,
- des déformations subies.
Ici, dans le cas du Massif de Rocroi, ces augmentations de pression et de
température sont dues à des forces orientées liées aux contraintes tectoniques.
Elles témoignent ici de contraintes en compression qui se produisent lors d'une
orogenèse (formation d'une chaîne de montagnes) au cours de
laquelle les roches initiales ont été soumises à l'état solide, à de nouvelles
conditions (pression et température).
*Chlorite : Phyllosilicate / (Mg,Fe,Mn,Al)12((Si,Al)8O20)(OH)16
Incolore à verdâtre, vert pale avec
un léger pléochroïsme normal d'autant plus marqué que la chlorite est riche en Fe. Le relief est moyen avec un clivage unique. La chlorite renferme des
inclusions de minéraux opaques lorsqu'elle provient de l'altération de la
biotite.
Minéral du métamorphisme modéré (précède la zone
à biotite), faciès schiste vert. La chlorite est souvent associée avec la
biotite, les plagioclases, les amphiboles.
*Ilménite : Oxyde de Titane et de Fer / FeTiO3
Le système cristallin est orthorhombique. Les cristaux sont généralement
épais et tabulaires, parfois rhomboédriques. Les macles sont fréquentes. Le
faciès peut être granulaire, lamellaire ou massif. La cassure est conchoïdale ou
inégale. Couleur noir à noir brunâtre, trait noir à rouge brunâtre, opaque.
L'ilménite n'est pas magnétique mais la magnétite
qui l'accompagne souvent peut rendre l'échantillon faiblement magnétique.
Se trouve principalement avec des roches ignées basiques
(45 à 55% de silice et moins de 10% de quartz) comme les gabbros et les dorites.
On la retrouve aussi dans les pegmatites, les anorthosites ainsi que dans le sable noir des lacs et des rivières.
*Chloritoïde : Silicate voisin de la chlorite. / Fe2+Al2[(OH)2|O
| SiO4]
Minéral
fréquents dans les schistes verts,
de couleur vert-noir, grise, vert sombre, translucide à transparent, d'un éclat vitreux à nacré
et d'une dureté supérieure à 6.
Ce minéral qu'on confond souvent avec la Chlorite se présente sous forme de cristaux en forme de tablettes
pseudohexagonales, d'agrégats grenus et écailleux, ou de grains. Une variété de Chloritoïde très riche en manganèse est l'Ottrélite
*Almandin est un nésosilicate la famille des grenats alunimeux
ferriques / Fe3Al2(SiO4)3.
*Spessartite est une variété de grenat Almandin riche en Manganèse / Mn3Al2(SiO4)3.
Des
grenats almandin et spessartine ont été trouvés dans le massif de Rocroi,
précisément dans le sill de diabase de la Grande Commune, non loin de Monthermé.
Ces grenats développés dans la couche basaltique riche en manganèse pourraient
être les témoins de la première métamorphisation des roches lors de
l'orogenèse calédonienne et de la surrection de l'Ardenne au Silurien.
La *Magnétite est un minéral
ferrimagnétique de la famille des oxydes. Elle cristallise dans le système cubique et fait partie du groupe des
spinelles. Sa formule chimique est Fe3O4.
Elle se présente en octaèdres ou en masses granulaires noires.
Sa dureté est de 6 et sa densité est de 5,2.
Elle est fréquente dans les roches
magmatiques (surtout basiques) et métamorphiques.
Une *Olivine est un minéral de couleur
vert à jaune sombre, d'un éclat vitreux, de la famille des nésosilicates et
une pierre fine utilisée en joaillerie sous le nom de "péridot". Elle
cristallise dans le système orthorhombique.
La formule générale des olivines est XYTO4,
où :
-
T = cation tétraédrique (Si)
-
Y = cation bivalent dans les sites
octaédriques M2
-
X = cation bivalent dans les sites
octaédriques M1
La composition des olivines naturelles est
comprise dans un tétraèdre ayant par sommets les phases:
-
Forstérite : Mg2SiO4
-
Fayalite : Fe2SiO4
-
Tephroite : Mn2SiO4
-
Bredigite : Ca2SiO4
-
Monticellite : CaMgSiO4
-
Kirchsteinite : CaFeSiO4
-
Picrotephroite : MnMgSiO4
-
Knebelite : MnFeSiO4
Dans la croûte terrestre, les membres riches
en Mg sont des constituants importants des roches ignées mafiques et
ultramafiques ; ils se trouvent également dans les calcaires dolomitiques
métamorphisés thermiquement. Les membres riches en Fe sont des phases mineures
des roches ignées alcalines et des sédiments ferrifères métamorphisés.
L'olivine est le premier minéral à
cristalliser lorsqu'un magma refroidit. C'est pourquoi il est souvent présent
dans les basaltes. Il peut cristalliser à une température d'environ 1 000°.
C'est le premier minéral de la suite réactionnelle : Olivine (Mg) --> Olivine
(Fe,Mg) --> Pyroxene (Mg) --> Pyroxene (Fe,Mg) --> Amphiboles --> Biotite (des
hautes températures vers les basses températures).
La *Hornblende est un minéral de la
famille des amphiboles calciques. Elle cristallise dans le système
monoclinique etsa formule chimique est (Ca,Na,K)2(Mg,Fe2+,Fe3+,Al)5[Si6(Al,Si)2O22](OH,F)2.
Elle a une dureté de 5 à 6, une masse volumique de 3,2 à 3,4, et une couleur
verte, brune ou noir.
La hornblende est un minéral commun
des roches magmatiques ou métamorphiques telles que les granites, syénites,
diorites, gabbros, basaltes, andésites, gneiss ou schistes. C'est aussi
le minéral principal de l'amphibolite.
Il existe différents types de hornblendes :
-
hornblende verte très commune.
-
hornblende brune ou hornblende basaltique
ou oxyhornblende
riche en Fe3+.
-
barkévicite riche en Fe2+, Na et
K.
On appelle *biotite tout
phyllosilicate de la famille des micas de
composition intermédiaire entre la phlogopite KMg3AlSi3O10(OH,F,Cl)2
et l'annite KFe3AlSi3O10(OH,F,Cl)2. Souvent elle
contient également d'autres cations comm le titane et le manganèse.
De couleur brun à noir, c'est un des principaux composants des
granites du gneiss, et des micaschistes. Son altération la transforme par hydratation
en vermiculite ou en chlorite et
souvent, le reste du Titane se retrouve sous forme de microcristaux de rutile.
La biotite est un des minéraux constituant des roches plutoniques
(granites, diorites, syénites, surtout dans les familles intermédiaires calco-alcalines), des roches
métamorphiques (schistes, gneiss et micaschistes), et plus rarement dans les roches volcaniques
(ryolites, dacites, trachytes, andésites).
Les *apatites forment une famille de
phosphates hexagonaux de composition assez variable, Ca5(PO4)3(OH,Cl,F).
On les classe en hydroxyapatites (« Hap »), chlore-apatites (« Cl-ap ») et
fluor-apatites (« Fap ») selon l'anion
prévalent.
Les apatites sont des minéraux secondaires, communs dans les
roches
magmatiques, mais leur concentration n'est pas suffisante pour une
exploitation industrielle.
Les apatites sont souvent associées avec legîtes
de fer ce qui
représente un problème sérieux pour l'industrie sidérirgique : le phosphore
contenu dans les minerais de fer passe en fait complètement dans la phase
métallique : son
élimination dans la phase d'affinage de l'acier
est coûteuse. La forte teneur en phosphore a été la raison de l'abandon de la «minette
lorraine».
Les apatites hydrothermales sont plus rares. Les apatites
pegmatitiques ou métamorphiques sont des minéraux d’importance
économique forte pour leur contenu en éléments rares plus que pour leur teneur
en phosphore.
La *pyrrhotite est un sulfure
de fer courant dans la nature de
formule Fe1-xS, à structure type nickéline d'une
dureté de 3.5 à 4.5, de couleur jaune–bronze, noircissant à l'air. La pyrrhotite
cristallise en lamelles.
La genèse typique est magmatique, a genèse hydrothermale étant moins
commune.
La co-croissance de pyrrhotite et
pentlandite est appelée « pyrrhotite nickélifère ».
Même si elle est moins commune que
pyrite et chalcopyrite, la pyrrhotite est un composant important dans certains
complexes plutoniques basiques. Elle est aussi un minéral
accessoire dans les veines de haute température, comme pegmatites d'étain et les
veines d'or - quartz.
La *serpentine est un minéral de
la famille des phyllosilicates (ou silicate lamellaire) faisant partie du groupe de la
kaolinite-serpentine. Elle cristallise dans le système monoclinique ou orthorhombique. Sa
formule chimique est Mg3Si2O5(OH)4.
Elle est issue de l'altération d'une
roche basique,
par exemple la péridotite ou les ophiolites.
La serpentine se présente en plusieurs
polymorphes :
-
Chrysotile, à couches courbes qui forment des spirales ;
-
Serpentine polygonale, semblable au chrysotile mais la courbure des
couches n'étant pas continue l’aspect final est celui d’une spirale
polygonale ;
-
Lizardite, à couches droites, où le
silicium et le magnésium sont partiellement remplacés par de l'aluminium
-
Antigorite, série polysomatique où la tendance à la courbure typique de la serpentine
est inversée périodiquement, ce qui donne comme résultat une structure ondulée.
La *monazite grise est un phosphate minéral de
formule Ce,La,Th)PO4. C'est un minéral
accessoire des granites, syénites et pegmatites
résistants à l'altération, qui peut se retrouver dans les sables alluviaux.
La structure de la monazite consiste en tétraèdres PO4 isolés avec
des éléments des terres rares en coordination neuf.À cause de sa capacité à accepter l'uranium et le thorium,
la monazite est le minéral le plus radioactif après l'uraninite, la thorianite
et la thorite; c'est d'ailleurs le minéral radioactif le plus commun et, dans
plusieurs roches,
le principal minéral hôte de l'uranium et du thorium.
La monazite grise se présente sous
forme de petits nodules mesurant de 1 à 3 mm de long avec parfois un léger éclat
métallique mais lorsque les nodules sont dégagés de leur gangue schisteuse, leur
aspect est souvent gris noir et ils peuvent aisément être confondus avec de
petits fragments de schiste roulés.
Il
est également fréquent de trouver des nodules entourés d'un halos d’oxydation formé de
rouille. Une
particularité qui semble être spécifique au massif de Rocroi est la présence
d'assemblage de plusieurs nodules formant ainsi des cristaux boursouflés.
La monazite jaune, plus connue
se présente en beaux cristaux jaunes translucides.
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