Le Carbonifère : Exploitation minière (5)

La mine et ses installations de surface : la partie visible de l'iceberg car en dessous ce n'est qu'un dédale de galeries.
Dessin L.V.B.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le charbon dans sa réalité matérielle, objet de toutes les convoitises des 18ème, 19ème et 20ème siècle...
Tant de sueur, de larmes et de sang pour ces quelques cailloux noirs...

Entrée

 

 
 
 
 
Recherches annexes
 
 
 

 

Le
Carbonifère

Carbonifère : Généralités

1.  Le Carbonifère
   1.1.  Etymologie et définition
   1.2.  Caractéristiques du Carbonifère
2.  Les paysages du Carbonifère
   2.1.  Orogénie
3.  La Belgique productrice de minerais

Le Carbonifère inférieur : Viséen - Tournaisien

4.  Le Carbonifère inférieur
   4.1.  Le petit Granit
   4.2.  Les fossiles du Petit Granit

Le Carbonifère supérieur : Westphalien - Stéphanien

5.  Le Carbonifère supérieur
   5.1.  Le charbon
   5.2.  Le climat au Carbonifère
   5.3.  La flore au Carbonifère
   5.4.  La faune du Carbonifère
   5.5.  Les fossiles du charbon

L'exploitation minière du Charbon (1)

6.  L'exploitation du charbon
   6.1.  Les protagonistes
      6.1.1.  André Paillard, dit "AndrédeMarles"
      6.1.2.  Henri Rimbaut, mineur et poète
      6.1.3.  Lucien Hector Jonas, peintre anzinois
      6.1.4.  Marius Carion, peintre du Borinage
      6.1.5.  Joseph Quentin, photographe du peuple
      6.1.6.  Auguste Lesage, mineur, peintre, médium et guérisseur
      6.1.6.  Pierre Paulus, le peintre du prolétariat de Charleroi
   6.2.  Vocabulaire spécifique au monde de la mine

L'exploitation minière du charbon (2)

7.  L'exploitation du charbon
   7.1.  Les différents bassins houillers
   7.2.  Description des veines de houille et des terrains encaissants
   7.3.  Les installations minières
      7.3.1.  En surface
      7.3.2.  En dehors du carreau de la mine
      7.3.3.  Sous terre
   7.4.  Visages des différentes fosses au cours du temps

L'exploitation minière du charbon (3)

8.  Quelques thèmes pour continuer le tableau
   8.1.  L'alcoolisme et la prostitution
   8.2.  Sainte Barbe
   8.3.  Les chevaux dans la mine
   8.4.  Les terrils
   8.5.  Les corons
   8.6.  Cabarets, cafés et estaminets
   8.7.  Les outils du mineur
   8.8.  Les mineurs au cours du temps
   8.9.  Ouvrages décrivant la vie des mineurs au cours du temps
   8.10.  Reconnaissance des travailleurs du passé glorieux des mines

L'exploitation minière du charbon (4)

9.  Les systèmes d'éclairage
   9.1.  Les lampes de mineur à flamme nue
   9.2.  Les lampes de mineur de type Davy
   9.3.  Les lampes de mineur de type Clanny
   9.4.  Les lampes de mineur de type Mueseler
   9.5.  Les lampes de mineur de type Marsaut
   9.6.  Les lampes de mineur de type Fumat
   9.7.  Les lampes de mineur britanniques de type Archibald de Glasgow
   9.8.  Les lampes de mineur à benzine de type Wolf
   9.9.  Les lampes de mineur de type Molnia
   9.10.  Les lampes de mineur à acétylène
   9.11.  Les lampes de mineur de type inconnu
   9.12.  Les lampes de mineur électriques

L'exploitation minière du charbon (5)

10.  Les accidents miniers
   10.1.  Les coups de grisou et coups de poussier
   10.2.  Le feu
   10.3.  L'eau et les inondations
      10.3.1.  Les galeries d'exhaure
   10.4.  Les éboulements
   10.5.  Liste chronologique des accidents miniers

Le Peuple de la Mine (1)

11.  Il était une fois le peuple de la mine
   11.1. Introduction
   11.2.  La découverte du charbon
   11.3.  Petite histoire de l'exploitation du charbon
      11.3.1.  Les premières exploitations minières

Le Peuple de la Mine (2)

      11.3.2.  La houille et la révolution industrielle
      11.3.3.  Les nouveaux riches
      11.3.4.  Les nouveaux riches et le pouvoir
      11.3.5.  La classe ouvrière
      11.3.6.  La classe ouvrière s'organise

Le Peuple de la Mine (3)

      11.3.7.  Zola et Germinal
      11.3.8.  Les thèmes de Zola
         11.3.8.1.  Les femmes
         11.3.8.2.  Les enfants

Le Peuple de la Mine (4)

      11.3.9.  Le Paternalisme
      11.3.10.  La Déclaration de Quaregnon
      11.3.11.  Le Syndicalisme

Le Peuple de la Mine (5)

      11.3.12.  Les conflits sociaux de 1886 en Wallonie
      11.3.13.  Nouvelles lois suite aux grèves

Le Peuple de la Mine (6)

      11.3.14.  La grève de 1906
      11.3.15.  Les premiers immigrés
      11.3.16.  Les grèves de 1913
      11.3.17.  La Première Guerre Mondiale

Le Peuple de la Mine (7)

      11.3.18. Les Polonais
      11.3.19.  L'Entre-deux Guerres

Le Peuple de la Mine (8)

      11.3.20.  La Deuxième Guerre Mondiale
      11.3.21.  L'Après Guerre
      11.3.22. Les années '50 et suivantes : Le Déclin

Le Peuple de la Mine (9)

      11.3.23.  La Culture Minière
         Introduction
         Les Chorales, Harmonies et Fanfares
         Les Géants
         Le Jardinage
         La Colombophilie
         Le Javelot
         Le Sport
            Le Football
            Le Cyclisme
            Le Tir à l'Arc et les Jeux d'Indiens
         Les Combats de Coqs et les Coqueleux
         Les Guinguettes
         Les Bouloirs
         Les Kermesses, Ducasses, Braderies et autres Fêtes Populaires
            Les Braderies
            Les Ducasses et Kermesses
         Autres Loisirs
         La Napoule
         Conclusion
 
       

12. Quelques semaines, en compagnie d'un mineur et de sa famille

   12.1. Au petit matin
   12.2. Le départ vers la mine
   12.3. Arrivé au puits, Jules se prépare
   12.4. La descente aux enfers
   12.5. Au travail
   12.6. La chaleur
   12.7. On étouffe, ici !
   12.8. Le briquet au fond
   12.9. Toujours surveillés
   12.10. Pendant ce temps-là...
   12.11. Fin de journée...
   12.12. Retour à la maison
   12.13. Au jardin.
   12.14. Le souper
   12.15. Tu seras mineur, mon fils !
   12.16. L'accident
   12.17. Le dimanche et la ducasse
   12.18. Et pour finir...

10.  Les accidents miniers

10.1.  Les coups de grisou et coups de poussier
10.2.  Le feu
10.3.  L'eau et les inondations

10.3.1.  Les galeries d'exhaure

10.4.  Les éboulements
10.5.  Liste chronologique des accidents miniers

10. Les accidents miniers.

Jusqu’au bout de l’aventure charbonnière, la sécurité restera la préoccupation première qui motiva la communauté des mineurs.
Toutes les mesures de sécurité, jointes aux consignes draconiennes du Règlement des Mines, n'empêchèrent malheureusement pas les accidents, dont un nombre beaucoup trop important, hélas, furent mortels.
Au cours de l'exploitation du Bassin Nord - Pas de Calais - Hainaut - Namur - Liège, la corporation des mineurs a payé un lourd tribut et a été régulièrement endeuillée.
Je salue ici, la mémoire de toutes les victimes de la mine, individuelles ou collectives, et je rends hommage à tous ceux qui ont souffert, dans leur chair ou dans leur esprit, au cours ou à l'issue de leur carrière au fond...
La plus tragique catastrophe européenne fut celle du 10 mars 1906 : 1099 morts à la Compagnie des Mines de Courrières...
Le plus terrible drame qui, de mémoire d'homme, ait jamais bouleversé une exploitation minière.... mais depuis, il y a eu d'autres catastrophe, en Chine, en Russie et aux Etats-Unis.

En la mémoire de toutes celles et ceux qui ont œuvré dans nos Compagnies minières, voici un bref aperçu de l'historique des catastrophes que connurent les mines houillères de notre région au cours de ces deux derniers siècles :
A chaque instant la mine peut engloutir ou blesser gravement ceux qui se risquent à défier les lois de la nature.

La légende dorée du Liégeois Hubert Goffin, qui sauve 70 mineurs enfermés dans la mine de Beaujonc inondée et reçoit pour ces faits la Légion d’honneur en 1812, participe de l’exaltation de la solidarité et du courage au sein de la profession de mineur confrontée au danger permanent.
Près de deux siècles plus tard, en octobre 2010, le sauvetage, en direct devant les caméras du monde entier, des 33 mineurs de cuivre de Copiapó, au Chili, après plus de deux mois de captivité au fond de la mine effondrée, a par ailleurs rappelé à ceux qui la pensaient révolue la dangerosité du travail à la mine.

Ce fut l'une des catastrophes les plus terribles du genre dont on ait conservé le souvenir. Elle eut lieu le 28 février 1812, dans la mine de Beaujonc, située à quelques kilomètres de Liège.

L’invasion subite des eaux, se précipitant avec violence d’une hauteur de 75 mètres, enferma 127 mineurs dans un étroit espace, où, pendant cinq jours et cinq nuits, ils travaillèrent sans relâche à surmonter les obstacles qui s’opposaient à leur délivrance. Hubert Goffin et son fils Mathieu, âgé de 12 ans, avaient, au moment de l’irruption des eaux, refusé de se sauver afin de partager le sort de leurs camarades.

Le 4 mars 1812, grâce à son héroïsme et à sa force d’âme, 70 ouvriers furent rendus à leur famille. Goffin et son fils voulurent être délivrés les derniers.

Gravure représentant Hubert Goffin et son fils.

Statue d'Hubert Goffin et de son fils à Ans près de Liège.

Le 8 juillet 1821, faisant appel à sa compétence et bien qu'il soit au repos ce jour-là, la famille Colson le pria de descendre dans la galerie de la houillère liégeoise du Bois de Saint-Gilles à Sclessin. Un incendie s'y étant déclaré, Hubert Goffin entreprit de déboucher l'obturation de la galerie que les mineurs avaient pratiquée pour priver le feu d'oxygène. À ce moment, une violente explosion de grisou, qui projeta Hubert Goffin contre la voûte de la galerie, lui fracassa le crâne. Après deux heures d'agonie, Hubert Goffin rejoignit son fils Mathieu mort un an plus tôt.

Lorsque les mineurs parlent de la mine, ils la décrivent comme l'enfer. Il y a tout d'abord leur environnement : des profondeurs infernales, très humide avec des températures étouffantes, suffocantes pouvant atteindre jusqu'à 50°c. Il fait tellement chaud dans la fosse que certaines personnes, pour se désaltérer, boivent l'eau sale coincée entre les rails et dans les abreuvoirs pour les chevaux. Déjà avec ceci, les conditions sont épouvantables. Mais à cela s'ajoute des positions inconfortables pour pouvoir travailler. Certains sont toujours courbés, d'autres se retrouvent coincés entre deux pierres dans des tailles de trente centimètres et même moins. Il y a encore les accidents qui arrivent involontairement. Dans la fosse, il y a toujours un risque même minime. En fait, le danger est permanent. C’est par centaines qu’on dénombre dans chaque fosse les jambes écrasées par une berline, les doigts et les tendons sectionnés.  Les mineurs luttent contre la sourde angoisse de l’éboulement et de l’enfouissement.  Les éboulements arrivent quand le boisage ne tient pas. Les mineurs portent des mouchoirs humides pour se protéger des dégagements de gaz comme le monoxyde de carbone. Ils ne sont jamais à l'abri d'une explosion de grisou, d'un coup de poussier ou d'une inondation qui viennent tuer ou blesser des équipes entières.... Quelquefois, mais heureusement très rarement, les câbles des cages d'ascenseurs cassent. Alors elle va s'écraser avec les occupants dans le fond de la fosse. Pour finir, les mineurs ont droit à leurs propres maladies ce qui n'est pas un privilège pour eux. Les poussières dans la mine comportent des substances qui provoquent des maladies. Silicose et anthracose sont leur lot... La course au rendement et son corollaire le paiement non pas à la journée de travail mais à la quantité de charbon produite entraine de nombreux accidents. Le travail dans la mine comporte plus de menaces d'accidents que dans les usines.

Retour haut de page

10.1. Coups de grisou et coups de poussier

Il est très difficile de préciser l'époque à laquelle le grisou apparut pour la première fois, néanmoins, l'historien Fisen signale un désastre dû au grisou en 1514 dans une mine située à Wez, près de Liège et qui fit 98 victimes.

On peut trouver du grisou, ou méthane, dans tous les terrains porteurs de matières organiques (charbons, schistes bitumineux, calcaires aspartiques), et dans les terrains avoisinants.
Dans les mines de charbon de Belgique, de France, des Etats-Unis, de Grande Bretagne, de Russie, de Chine ou de n'importe où ailleurs, le grisou se dégage surtout au cours de l'abattage, à l'arrière des travaux, par des fissures ouvertes dans les terrains et qui font communiquer les chantiers avec des couches de charbon encore inexploitées.

Jusqu'à la fin de l'exploitation minière des Houillères du Bassin du Nord, du Pas de Calais et de Belgique, les agents de maîtrise ( les porions ), les gaziers et les cadres du fond, utilisaient, en plus des installations de télégrisoumètrie modernes reliées au carreau du jour, des lampes de sécurité à flamme grisoumétriques, d'avantage plus fiables, selon les dires de certains, pour détecter ce gaz mortel.
En effet, sur les chantiers du fond à l'atmosphère suspecte, l' hauteur de la flamme visible à travers le manchon, permettait de déceler la présence immédiate de grisou.

Qu'est-ce que le grisou?

Le grisou est en fait du méthane à 99,5%, plus léger que l'air, inodore et incolore.  Il s'accumule au toit de la galerie et à pression et température ordinaires, les teneurs limites d'inflammabilité sont de 5,6 à 14 %. Le mélange air-grisou est très explosif à des teneurs de 5 à 15 % de grisou.
Plus la mine est profonde, plus le grisou pose de problèmes car il est plus difficile de l'extraire.

Composition du grisou : La composition chimique du grisou des bassins houillers britannico-franco-belgo-rhénan varie entre les limites suivantes :

L'inflammation d'un volume gazeux constitué d'un mélange d'air et de grisou, dans les travaux souterrains, entraîne :

Le coup de grisou est donc une explosion accidentelle de gaz dans une mine. 

Il s'agit d'un accident souvent mortel, et très redouté des mineurs ; il est en général aggravé par un effondrement des galeries, et parfois par un coup de poussier.   Une simple étincelle d'un pic cognant la roche dure provoque l'inflammation du gaz et son explosion. Quand une explosion a lieu dans un charbonnage, il est souvent difficile de savoir après-coup si c'est le méthane (grisou) ou le poussier qui a provoqué la catastrophe.

Explosion du grisou

Le poussier est un ensemble de fines particules de poussières de charbon qui jonchent le sol des galeries. Le souffle d'un coup de grisou les met en suspension dans l'air. Le charbon a besoin d'air pour brûler, or en fine poussière, il présente une grande surface de contact avec l'air. Ces poussières sont donc hautement inflammables.

Après l'explosion...

L'explosion du grisou met alors le feu aux poussières qui brûlent tout sur leur passage, mettent le feu aux boiseries et parfois même au gisement lui-même. Le feu remonte alors par les puits et parfois met le feu aux installations de surface.

Les techniques "modernes" d'extraction mécaniques, apparues entre les années 1910 et 1930 (marteaux piqueurs et haveuses), ont augmenté considérablement la production de ces poussières, qui sont également à l'origine de la maladie pulmonaire du mineur, la silicose.

Mesures de prévention pour les accidents causés par l'inflammation du grisou :

Sans vraiment en avoir une analyse chimique (la science en était encore loin) le mineur, de manière empirique comprit qu'un gaz émanant du charbon et des terrains encaissants pouvait stagner dans les galeries et exploser au contact d'une flamme ou d'une étincelle d'un outil frappant une roche dure.

La première mesure pour s'en prémunir consistait à éliminer ce gaz.

Ce fut alors le temps des "pénitents".

En quoi consistait le travail de "pénitent"?

Il reste en France peu de confréries de pénitent s. Il faut aller dans le Midi, dans le Velay ou le Gévaudan par exemple, au Puy, à Sainte-Sigolène ou Saugues durant la Semaine Sainte pour assister aux processions. Le pénitent qui nous intéresse ici était d'une autre espèce. Le pénitent dont nous parlons ici n'est pas à genoux près d'un crâne, un grand cierge allumé entre ses mains jointes. S'il est cagoulé et agenouillé, ce n'est pas pour observer on ne sait quelle discipline canonique et la perche qu'il tend n'est pas coiffée des instruments de la Passion ou d'un soleil doré. Ce pénitent là était aussi nommé le "canonnier".

Son histoire, si elle tient moins de l'expiation, participe aussi du sacrifice. Avec la mèche allumée au bout de sa hampe  il devait déchaîner les enfers pour épargner des vies. 

Le "pénitent", au début du XIXe siècle, avait pour mission d'enflammer les poches ou "nids" de grisou dans les galeries de mine avant la descente des mineurs qui allaient abattre le charbon. Cette pratique hallucinante s'explique par la lente évolution des techniques permettant d'une part l'aération (ou aérage) efficace des galeries et éviter ainsi la concentration des gaz nocifs ou détonants dont le grisou; d'autre part par celle des techniques d'éclairage. 

Deux personnes étaient désignées et descendaient dans les travaux quelques heures avant leurs camarades, avec des habits de fortes toiles, et la tête couverte d'une espèce de capuchon.  Ils avançaient à une certaine distance des fronts de taille et tandis que l'un d'eux se tenait caché dans une galerie voisine, l'autre, armé d'une perche portant une mèche allumée à son extrémité, s'approchait en rampant des travaux, jusqu'à ce que la flamme de la mèche commence à s'allonger. Alors il s'allongeait face contre terre après avoir mouillé ses vêtements et élevait la perche jusqu'au faîte de l'excavation. Il se produisait une détonation qui avait souvent pour effet de blesser grièvement le pénitent.  Celui-ci était secouru par son camarade.

Le pénitent percevait un salaire de 6 à 8 frs pour deux à trois heures de travail alors que le salaire de base d'un piqueur s'élevait à environ 4 frs, pour dix heures au fond. La dangerosité de la tâche explique ce traitement de faveur.  Malgré ce salaire énorme pour l'époque, peu de salariés acceptaient ce travail.  En manque de main d'oeuvre, ce furent des repris de justice condamnés à mort ou à perpétuité qui firent ce travail contre une remise de peine.

Cette pratique pour le moins barbare fut interdite en 1825.

Le Pénitent

La seconde mesure pour s'en prémunir consistait à détecter la présence de ce gaz et de l'empêcher d'exploser.

La légende prétendant qu'on emmenait jadis des oisillons dans des cages au fond des mines (ils succombaient en présence de gaz, avertissant les mineurs) est en grande partie erronée. En effet, le grisou n'est pas toxique, il peut remplacer l'oxygène de l'air (anoxie) si sa concentration est supérieure à 30% auquel cas il est déjà trop tard. Les oiseaux sont en revanche sensibles au monoxyde de carbone (CO) (autre ennemi invisible des mineurs), produit par l'oxydation des poussières de charbon. Ils réagissent la plupart du temps en gonflant leur plumage.

Première idée valable : Après la catastrophe des Mines de Courrières en 1906, les lampes à feu nu (astiquettes) furent interdites d'usage au fond...

Astiquette

...tout comme il fut interdit aux ouvriers de fumer sur leur lieux de travail.

Fumer au fond... Quand on ne sait pas ce qu'est le grisou...

Il fallait continuer à s'éclairer pour pouvoir travailler et dans le même temps, il fallait éliminer le grisou et amener de l'air frais aux ouvriers.

On utilisa des conduites d'aérage placées le long des parois des puits, on creusa des puits d'aération (qui pourraient servir d'issue de secours en cas de danger), on échauffa par des foyers placés à la sortie des puits l'air sortant de la mine pour accélérer son mouvement et ainsi créer un courant d'air.  Jusqu'au jour, pas tellement éloigné, où furent inventés les ventilateurs actuels qui, placés au dessus d'un puits d'aération aspirent violemment l'air vicié, les gaz et les poussières qui se trouvent dans la mine.  L'air frais entre par un autre puits et se répand dans toutes les voies et dans tous les travaux.

Deuxième idée : l'invention de la lampe de sécurité

En 1815, l'ingénieur britannique Humphrey Davy inventa la lampe de sécurité, dite "lampe de Davy", dont le principe essentiel consistait à éviter la propagation de la flamme en dehors de la lampe, principal risque d'explosion du grisou.
La flamme était entourée par une toile métallique aux mailles serrées dite "tamis antidéflagrant". Ce tamis laissait entrer l'air ambiant dans la lampe pour alimenter la flamme et permettre sa combustion, mais ne permettait pas à la flamme de sortir de la lampe. Ainsi, si l'air entrant par le tamis antidéflagrant était chargé de gaz, le grisou se consumait de manière visible dans celle-ci en produisant une "auréole" autour de la flamme ce qui permettait d'apprécier la teneur en grisou de l'air.

Lampe Davy

En conservant le même principe, les lampes de sécurité connurent diverses évolutions au cours de l'histoire de l'exploitation minière.
Vers la fin des années 1920, ces lampes étaient utilisées comme détecteur de grisou et non plus comme moyen d'éclairage, les lampes électriques au pouvoir bien plus éclairant les ayant remplacées.

On utilisa vers 1900 des grisoumètres à alcool ayant une certaine ressemblance avec les lampes de sécurité (Pieler et Chesneau). Ces appareils de mesure permettaient par simple observation de la hauteur de la flamme sur une échelle graduée de relever des teneurs en grisou au dixième de pour cent.
Quelques années plus tard ces appareils devenus désuets et interdits par la Commission Française du Grisou furent remplacés par les grisoumètres électriques "Léon" du nom de l'ingénieur-inventeur de ce procédé consistant à comparer la combustion catalytique du grisou sur un fil de platine.
Ce dispositif fut perfectionné dans les années 1950 par le Centre d'Etudes et de Recherches des Charbonnages de France (CERCHAR) pour aboutir à la série des "Verneuil 52" dont quelques centaines d'exemplaires étaient couramment utilisés dans les mines françaises jusqu'à leur fermeture définitive vers les années 2000.

Troisième idée : éteindre les incendies éventuels

Des barrages coupe flamme furent inventés par l'ingénieur Taffanel. Ces barrages consistaient à stocker des poussières neutres (chaux ou calcaire) sur des planches en faible équilibre au plafond des galeries.
En cas d'explosion, ces dernières se retournaient et les poussières neutres éteignaient la flamme évitant ainsi sa propagation dans la mine.
Plus tardivement les arrêts Taffanel furent remplacés par des bacs en plastique emplis d'eau colorée (afin de vérifier aisément le niveau).

Quatrième idée : éviter les risques

L'acheminement et l'utilisation de l'électricité dans les mines grisouteuses nécessitent des précautions particulières. Les moteurs électriques et autres générateurs d'étincelles électriques, tels que les contacteurs, doivent être enfermés dans des "enceintes ou coffrets antidéflagrants" qui empêchent la propagation vers l'atmosphère ambiante d'une éventuelle inflammation de l'atmosphère peut-être grisouteuse contenue dans l'enceinte antidéflagrante. Ces dispositifs expliquent le surdimensionnement des appareils usités au fond.
D'autres caractéristiques physiques du grisou (indice de réfraction, absorption sélective dans l'infrarouge, etc.) ont également été utilisées, en particulier pour réaliser des télégrisoumètres enregistreurs permettant de surveiller automatiquement de la surface, avec des alarmes automatiques, l'atmosphère grisouteuse en de nombreux points d'une mine.

C’est à Courrières dans le Pas-de-Calais, en 1906, que la France connaît la pire des catastrophes minières. 
Le samedi 10 mars à 06h45, dans la veine Cécile de la fosse n°3, à 420 mètres de profondeur, un coup de grisou suivi d'un coup de poussier dévaste 110 kilomètres de galeries répartis sur trois puits de la Compagnie des mines de Courrières (fosses n° 2 de Billy Montigny, n°3 à Méricourt et n°4 - 11 à Salaumines). Le choc fut d'une telle intensité, que les cages ne pouvaient plus circuler dans le puits n°3, que débris et chevaux foudroyés au fond furent projetés à 10 mètres au dessus des puits et que le feu fut bouté aux installations de surface sur le carreau de la fosse.

Un ouragan de feu dévastant tout sur son passage s’est subitement abattu sur les mineurs.  1425 ouvriers étaient présents à ce moment au fond de la mine. 1099 vont y laisser la vie, ce qui en fit, triste record, la catastrophe minière la plus importante d'Europe.
Trois jours après l'explosion, les recherches pour retrouver les survivants furent abandonnées et une partie de la mine fut condamnée, pour étouffer l'incendie et préserver le gisement. Cette gestion de la crise par la Compagnie minière a été particulièrement mal vécue par les mineurs et par leurs familles.
Le 30 mars, soit vingt jours après l'explosion, treize rescapés réussissent à retrouver le puits par leurs propres moyens après avoir erré dans le noir total sur des kilomètres, un quatorzième fut retrouvé quatre jours plus tard.
La catastrophe provoqua une crise politique et un mouvement social sans précédent qui débouchèrent sur d'importantes grèves dans toute la région. Face à ces conflits, les Compagnies minières se résignèrent à céder aux revendications des syndicats, qui obtinrent entre autres l'instauration du repos hebdomadaire.
Le pays vivra une succession ininterrompue de coups de grisou jusqu’au drame de Liévain en 1974 et de Forbach au puits Simon en 1985.

Le monde de la mine a pour compagnons permanents la mort et ses rites.  Les femmes de mineurs et leurs enfants vivent au quotidien la sourde angoisse du drame la hantise d’entendre la sirène sonner indiquant qu’il y a eu un accident et l’attente insupportable de la remontée.  Qui a été touché ? Quelle famille va voir son destin brisé par ce maudit charbon.  Afin que les familles acceptent l’inacceptable,  et que la société toute entière supporte le sacrifice de ses enfants, les compagnies leur ont offert une nouvelle mythologie.  Le mythe a peu à peu forgé l’image d’un mineur courageux transformé en combattant de l’abîme, un ouvrier-soldat prêt à tous les sacrifices et érigé en héros de la patrie.  Un soldat accepte son destin, il est prêt à mourir pour son pays.

Le groupe des 13 premiers rescapés menés au fond  par Mr. Nény (1) et Mr. Pruvost père (2) En bas à droite, Honoré Couplet le dernier survivant de cette catastrophe décédé en 1977 à l'âge de 91 ans.

Assiette d'époque fabriquée dans les mois qui suivirent cette catastrophe. Cette pièce est marquée du nom de Mr. Nény, l'un des meneurs du groupe des survivants.

D’aussi loin qu’on se rappelle, les coups de grisou ont toujours fait partie de la vie des mineurs. Les accidents ne pouvaient concerner qu’une portion d’une galerie ou la mine entière. De toute manière, chaque explosion faisait son lot de victimes : morts, blessés, brûlés... A chaque fois, il fallait secourir ceux qui pouvaient l’être en ensuite analyser l’accident pour en déterminer la cause et agir en conséquence pour éviter que cela ne se reproduise. Mais quoi que l’homme fit, les accidents se multiplièrent tant en Belgique que dans le Nord de la France et que dans la région de Saint Etienne.

10.2. Le feu

Parmi les causes d'accident qui peuvent être retenues actuellement dans l'industrie charbonnière, il faut ranger le feu.  Celui-ci est l'ennemi implacable du mineur moderne.

Un coup de poussier, même minime, peut mettre le feu à des poussières dans un coin de la taille.
Le charbon en place peut commencer à s'y consumer, doucement, lentement, sans faire de grandes flammes comme dans un poêle à charbon puisqu'il y a peu d'air.  Cette combustion lente dégage non pas du CO2 (dioxyde de carbone) mais du CO (monoxyde de carbone), gaz inodore, incolore, insipide qui se colle aux globules rouges et empêche l'oxygène de se fixer.  Le mineur commence à avoir la tête lourde, des étourdissements, des maux de tête avant de s'effondrer dans un coma conduisant à la mort par asphyxie.

10.3. L'eau

L'eau est aussi un des plus grands ennemis du mineur.  En effet, chaque trou de perforateur, chaque tir de mine peut déboucher sur une poche d'eau qui peut inonder complètement la galerie piégeant les mineurs comme des rats sur un navire qui sombre leur laissant bien peu de chance de s'en sortir vivants.

Inondation

Le mineur doit être attentif et inspecter régulièrement les parois afin de détecter une infiltration d'eau suspecte qui, par exemple, augmenterait en puissance avec le temps.  C'est sans doute l'indice qu'une poche d'eau proche de la galerie exerce une pression sur les parois et tente de s'y infiltrer.

C'est là que les areines ont toute peur importance.  Une arrivée d'eau subite peut être drainée par les areines et évacuée de la mine sans que les mineurs aient à trop en souffrir.

C'est là que le pompier prend toute son importance pour les mines n'étant pas raccordées à des areines.
L'eau d'infiltration (et il y en a toujours) s'accumule au point le plus bas, c'est à dire au fond des puits (puisard) ou dans une galerie de récolte des eaux appelée albraque .  Les pompes sont alors chargées de remonter l'eau à la surface et de les évacuer.

10.3.1.  Exhaure

Au début des exploitations minières, les eaux d'infiltrations furent un réel problème. pour y remédier, les galeries légèrement inclinées vers le puits concentraient ces eaux au fond dudit puits.  Le fond de ce dernier se situe 5 mètres plus profond que la dernière galerie.  Là, dans ce qu'on appelle le bougnou, (puisard) s'accumulent les eaux qu'on remontait à la surface avec un cuffat, sorte de gros chaudron, de tonneau en bois ou en métal à bord duquel les mineurs descendaient dans la mine (ancêtre de la cage) et qui servait à remonter le charbon qu'on y déposait à l'aide de paniers.
Descendant jusqu'au fond du puits, le cuffat plongeait dans le puisard et remontait une charge d'eau.
L'exhaure est une partie très importante de la mine.  Sans elle, les mines s'ennoieraient doucement mais sûrement, rendant tout travail impossible et sonnant le glas de l'exploitation.

Le bougnou

Le cuffat

Mais avec l'expansion des mines et surtout leur approfondissement de plus en plus important, les arrivées d'eau furent telles que les cuffats ne furent plus suffisants à les remonter au risque que la mine ne s'ennoie.

Nous en avons déjà parlé, des galeries d'exhaure indépendantes furent construites, reliant parfois plusieurs fosses et évacuant l'eau vers un cours d'eau local.

C'est grâce à de vieux plans et à des heures de recherches que j'ai fini par trouver la galerie d'exhaure d'une ancienne mine désaffectée depuis les années 1850. Comme on le voit, cette galerie est toujours en fonction et évacue de l'eau vers un ruisseau tout proche.
Région namuroise.
Photo L.V.B.

Quand le cuffat ne fut plus suffisant, ce furent alors de puissantes pompes qui évacuèrent les eaux du puisard... jusqu'à ce dernier ne fut plus assez volumineux pour contenir les venues d'eau et que les galeries inférieures menaçaient d'être inondées.

Je me rappelle que mon grand père me disait travailler à -950 mètres du charbonnage d'Appaumée les pieds dans l'eau.

Dans ce charbonnage, deux galeries d'albraque furent aménagées : une à l'étage -75O mètres et l'autre à l'étage -360 mètres afin de concentrer toutes les eaux d'infiltration. Les écoulements d'eau arrivant dans le puisard étaient éliminées par des pompes électriques immergées et pourvues d'un dispositif de fonctionnement automatique vers l'étage -75O m. Là, des pompes centrifuges de 200m3/h les refoulaient avec les venues propres à l'étage - 75O m depuis cette première albraque jusque dans le pahage (autre nom pour l'albraque) de l'étage 360 m.  Là, des pompes de 150m3/h et une de 200m3/h les refoulaient vers la surface en même temps que les venues propres à l'étage 360 m. En surface, elles étaient dirigées loin du puits (pour qu'elles n'y reviennent pas) vers un avaloir ou un ruisseau ou une rivière.

Ce travail hyper important pour la survie de la mine se fait sous la surveillance d'une équipe d'ouvriers qu'on appelle les "pompiers d'exhaure".

10.4. Les éboulements

Les chutes de pierre et éboulements sont combattus par un soutènement rationnel.  Ce soutènement est effectué en bois de sapin qui émet un bruit de craquement avant de céder à la pression des terrains.  Cela permet aux ouvriers de s'éloigner à temps quand cela se peut...

Eboulement ensevelissant les ouvriers.

Cependant, comme nous l'avons déjà souligné, le temps passé à boiser pour les soutènements est du temps perdu, du temps pendant lequel on ne produit pas du charbon et donc du temps qui ne rapporte rien.  Le mineur lui-même se met parfois en danger en boisant rapidement sans trop prendre de précautions.

L'ingénieur (à gauche) constate un boisage ayant cédé sous la pression des terrains, on a vraisemblablement frôlé un accident.

Parfois même, ce sont les compagnies minières qui imposent des cadences et des quotas de production tels que le mineur n'a pas réellement le temps de boiser correctement.

Il est évident qu'un boisage de fortune comme celui-ci est une aberration et ne peut qu'amener des accidents mortels.

10.5. La prévention

Le mineur vit avec le danger... en fait, le danger fait partie de sa vie, à chaque instant qu'il passe au fond.
Un petit incident au jour peu se révéler mortel au fond ou peut engendrer un catastrophe qui tuera des dizaines, voire des centaines de mineurs.
Le mineur le sait et il vit avec cette peur au ventre toute la journée...
Mais en vivant tous les jours en compagnie du danger, on finit par l'apprivoiser, par le connaître... et certains mineurs en arrivent à oublier certaines règles élémentaires de sécurité.

En octobre 1960,le Service des Relations Publiques et Sociales des Houillères du Bassin du Nord et du Pas de Calais a réalisé avec la collaboration technique du Service de Sécurité du Groupe d'Hénin-Liétard, deux courts films de sécurité de 3 minutes chacun destinés à attirer l'attention du personnel du fond sur certaines règles élémentaires de prudence.
Ces films ont été projetés dans tout le Bassin minier, notamment dans les lampisteries avant les descentes.
L'un de ces films s'appelait "Faites le avec des gants".
Il démontrait que dans tous les cas, les accidents des doigts étaient beaucoup moins graves lorsque l'ouvrier portait des gants.
L'autre film nommé "Face au danger" montait des situations réelles au fond, génératrices d'accidents potentiels. En témoigne cette photo extraite de ce dernier.
Le mineur positionné entre deux étançons ne fait pas face à la veine exploitée par une haveuse. Un gros bloc de roche a chuté sur le convoyeur blindé à chaînes qui évacue le minerai abattu. Ce bloc le blessera sérieusement de façon inévitable.
Cette photo avait comme légende: "Si vous tournez le dos vous ne voyez rien du danger qui vous menace. Faites donc face à la taille !.... "

Cette campagne de prévention des accidents s'accompagna d'une série d'affichages dans les corons et dans les installations minières afin de mettre en garde les mineurs des dangers qui les guettent

10.6. Liste des accidents

Voici une liste, de loin non exhaustive, des accidents qui ont défrayé la chronique mais qui ont aidé à améliorer la sécurité dans les mines... même si ce fut souvent en pure perte.

Suite à de nombreuses recherches dans las archives de la principauté de Liège, archives de la province de Liège, archives de la province du Hainaut, archives du département du Nord, archives du département du Pas-de-Calais, archives du Contentieux des mines de Wallonie, archives des Houillères Unies et archives des Charbonnages de France.
Malgré toutes ces recherches, il est certain que la liste ci-dessous est loin d’être exhaustive.

1514 : Au pays de Liège à la fosse du Barbeau de Wez.  Une explosion (coup de grisou ?) fait 98 morts.
1515 : Toujours du côté de Liège mais à la fosse Hurbise de Glain un coup d’eau fait 88 morts.
1532 : Le puits de la fosse du Bouleau à Quaregnon est inondé et fait 6 morts.
1582 : A la veine Picarte de Frameries.  Un éboulement fait 6 morts.
1589 : Trou Moreau à Frameries. Le grisou fait 6 morts.
1597 : Au charbonnage des Six Paumes de Wasmes un coup de grisou fait 6 victimes et 4 blessés.
Le 14 août 1663 : Puits Luquet à Elouge. Le grisou est mis en cause et fait 12 morts.
Le 17 mai 1705 : A Pâturages le grisou fait 11 morts.
1726 : Au puits Luquet à Elouges un coup de grisou fait 10 morts.
1743 : Chez Duriau-Liberzée à la Bouverie, puits 12.  On dénombre 15 morts suite à un coup de grisou.
1748 : A Frameries au puits n° 2 de l’Agarppe.  Un coup de grisou fait 12 victimes.
1750 : Charbonnage Cinq Paumes de Frameries.  Un coup d’eau fait s’effondrer le puits qui provoque la mort de 10 mineurs.
Le 26 mai 1753 : Puits de la Machine Auvergies à Warquignies.  Un coup d’eau fait 5 morts.
Mai 1754 : Mines Desandrouin de Jumet.  Un coup de grisou fait prendre feu le puits et la cabane du puits.  1 mort et 7 blessés sur les 23 mineurs de la fosse.
Le 14 mars 1756 : Fosse du Bois de Boussu.  Une inondation fait 9 morts.
Le 16 juillet 1756 : Fosse du Gros Caillou de la Compagnie des mines d'Anzin à Vieux-Condé. Une explosion qui fait 2 morts.
1758 : Puits Agrappe n° 2 de Frameries.  Un incendie fait 8 morts.
1760 : Puits Luquet à Elouges. Le grisou tue 10 personnes.
Le 17 mai 1760 : Fosse de Clayeau à Cuesmes.  Un coup d’eau fait 10 morts.
Le 17 décembre 1760 : Au puits de l’Emplumée de Gosselies, un coup d’eau fait 6 morts.
1761 : Au charbonnage du Grand Andrieu à Dour.  Un coup de grisou fait 8 morts.
1761 : La fosse de Burg à Wasmes.  Un coup d’eau fait 21 victimes.
1763 : A la grande veine, n°4, d’Elouges.  Un coup de grisou provoque un incendie qui fait 8 morts.
1768 : A Pâturages, au puits de la grande Chevalière. Une explosion fait 7 victimes.
De 1768 à 1790 : Les fosses de l’Agrappe de Frameries seront victimes de plus de 37 (?) coups de grisou, avec un total de 63 (?) victimes.
1769 : Le puits Avant Garde de Baisieux.  3 mineurs meurent asphyxiés sans doute par le CO2.
Le 29 mai 1770 : Puits de Petite Picarte à Wasmes.  Une inondation fait 8 morts.
1771 : Puits Luquet à Elouges.  Le grisou fait 10 morts.
Le 18 mars 1771 : Puits de Longterne Trichères à Dour.  Un coup d’eau tue 12 personnes.
Le 19 juin 1774 : Charbonnage de Grisoeuil à Pâturages.  L’eau tue 11 personnes.
Le 22 octobre 1775 : Charbonnage de la Grande Veine à Elouges. Un coup grisou fait 12 victimes.
1776 : Puits de l’Avant-Garde à Baisieux.  Un coup de grisou fait 10 morts.
1777 : Charbonnage Longterne Trichères à Dour. Une explosion cause la mort de 10 mineurs.
1779 : Puits Brunehaut à Baisieux.  Le grisou tue 8 personnes.
1781 : Puits Grisoeuil à Pâturages.  Un incendie ravage le puits et fait 6 morts.
1784 : Charbonnage de la Grande Veine n°4 à Elouges.  Un coup de grisou fait 3 morts.
1786 : Fosse du Renard à Quaregnon.  L’eau fait 6 victimes.
Le 4 juin 1793 : Puits de la Vieille Sorcière à Jemappes.  Le grisou tue 8 personnes.
Le 10 juin 1793 : Puits n°1 du Bahut à Wasmes.  Le grisou tue 7 mineurs.
Le 15 juin 1793 : Charbonnage Longterne à Dour.  Le grisou fait 5 morts.
1794 à 1814 : Révolution française.  Victoire du 26 juin 1794 à Fleurus, nous devenons français pour 20 ans.  Mines à l'arrêt puis nationalisées et rassemblées en "groupes houillers" qui visent la production à outrance pour financer la révolution, au détriment de la sécurité.  Période floue. Peu de documents circulent.  J'ai juste retrouvé un rapport qui stipule qu'en Hainaut et Namur pour la période allant de 1794 à 1800, il y aurait eu 1447 accidents recensés (?) ayant fait 2137 morts et plus de 6000 blessés (?) sans aucune indications de lieux ni de cause... ce qui rend ce rapport plus que suspect à mes yeux.
1801 : Châtelet, Fosse du Baquet.  Un coup d’eau fait 8 morts.
Le 20 mai 1805 : Fosse Saint Roch de la Compagnie des mines d'Anzin à Vieux-Condé : Un incendie à l'accrochage à 53 mètres de profondeur fait 11 victimes. Cet étage d'extraction sera définitivement fermé, si bien qu'il n'y aura plus qu'à 73 mètres de profondeur que le charbon sera exploité. Les ingénieurs de l'époque estimèrent que le cuvelage était tellement en mauvais état qu'il était trop dangereux d'y travailler. Le puits fut remblayé en octobre 1811.
Le 5 novembre 1810 : Une explosion au puits Charrin à Grand-Croix (alors commune de Saint-Paul-en-Jarez) fait 12 morts.
1812 : Tilleur, Mine de Horloz.  67 mineurs meurent par asphyxie.
1812 : Ans, Fosse du Hardy. Rupture du câble de la cage qui tombe au fond faisant 25 morts.
28 février 1812 : Mine de Beaujonc, située à quelques kilomètres de Liège.  L’invasion subite des eaux, se précipitant avec violence d’une hauteur de 75 mètres, enferma 127 mineurs dans un étroit espace, où, pendant cinq jours et cinq nuits, ils travaillèrent sans relâche à surmonter les obstacles qui s’opposaient à leur délivrance. Hubert Goffin et son fils Mathieu, âgé de 12 ans, avaient, au moment de l’irruption des eaux, refusé de se sauver afin de partager le sort de leurs camarades.  Le 4 mars 1812, grâce à son héroïsme et à sa force d’âme, 70 ouvriers furent rendus à leur famille. Goffin et son fils voulurent être délivrés les derniers.
1818 : Charbonnage de la Grande Veine de Wasmes deux coups de grisou successifs font 39 morts.
1818 : Puits Monseigneur à La Bouverie.  Un coup d'eau tue 6 mineurs.
Le 9 avril 1819 : Puits de l’Escouffiaux à Wasmes.  Le grisou tue 91 personnes.
1822 : Puits Amercoeur de Jumet.  L’eau tue 25 personnes.
Le 17 avril 1822 : Puits Garde de Dieu à Wasmes.  Le grisou tue 11 personnes.
Avril 1823 : Charbonnage de la Compagnie d'Anzin. Le grisou fait 22 morts.  Les lampes à flamme nue sont en cause.
Le 9 avril 1823 : Fosse Sacré-Madame de Dampremy. Un coup de grisou cause la mort de 22 mineurs.
Le 8 novembre 1823 : Un coup de grisou au puits Moïse à Rive-de-Gier fait 10 victimes.
1824 : Charbonnage Faya à Lodelinsart. Une poche d’eau tue 10 personnes.
Le 26 juin 1824 : Fosse Sacré-Madame de Dampremy. Un coup de grisou cause la mort de 20 mineurs.
Juillet 1825 : Fosse Saint-Ignace des Mines du Boulonnais. Un coup de grisou fait 2 morts.
1827 : Catastrophe d'Aniche.  Un incendie fait 9 morts par asphyxie.
Le 2 janvier 1829 : Un coup de grisou au puits Sainte barbe à Rive-de-Gier fait 23 morts.
Le 2 février 1831 : Le puits Robinot au bois Monzil à Villars est inondé. 8 mineurs périssent noyés et 2 corps ne furent jamais retrouvés.
Le 28 juin 1832 : Charbonnage Trieu-Kaisin à Châtelineau. Le grisou tue 5 mineurs.
1833 : Charbonnage Monceau-Fontaine à Monceau-sur-Sambre.  Une poche d'eau inonde une galerie et fait 38 victimes.
Le 26 juin 1833 : Puits Petite Forêt à Châtelineau.  Un incendie se déclare et fait 12 morts.
1834 : Puits Mécanique à Montigny-sur-Sambre.  Le grisou tue 9 mineurs.
Le 18 avril 1835 : Charbonnage Trieu-Kaisin à Châtelineau.  Un coup de grisou tue 15 mineurs.
Le 6 novembre 1835 : Charbonnage Trieu-Kaisin n°3.  Un coup de grisou fait 7 morts.
1836 : Puits Sainte-Victoire de la Bouverie.  Une poche d’eau est trouée et noie 29 mineurs dont certains corps ne purent être remontés qu'en 1863.
Le 3 mai 1839 : Puits Saint-Henry au Bayemont de Jumet.  Le grisou fait 14 morts.
Le 9 septembre 1839 : Sur le coup de midi, un coup de grisou dans un puits de la Côte Thiollière sur la commune de Saint -Jean-Bonnefonds fait 20 morts.
Le 16 mai 1840 : Puits Sainte-Marie d’Oignies à Aiseau.  Une explosion accidentelle fait 3 morts et 2 blessés.
Le 4 juin 1840 : Puits Bois des Hamendes à Jumet.  Le grisou fait 3 victimes.
Le 7 juillet 1840 : Charbonnage Bayemont à Jumet, puits Saint-Henry. un éboulement fait 7 morts.
Le 26 octobre 1840 : Une explosion de grisou au puits de l'Ile d'Elbe aussi appelé puits Vellerut sur la commune de La Cula (Génilac) fait 36 morts.
Le 15 juillet 1841 : Fosse Saint-Lambert à Gilly.  Un coup de grisou fait 3 tués.
Le 6 juillet 1842 : Puits Petite Forêt n°10 à Châtelineau.  Un éboulement tue 7 mineurs.
Le 18 octobre 1842 : Puits Charles à Firminy. A 8 heures, une explosion tue 12 mineurs et deux autres succomberont le lendemain à leurs blessures.
Le 18 décembre 1842 : Puits Petite Forêt n°10 à Châtelineau.  Un nouvel éboulement fait 4 victimes.
Le 12 juin 1843 : Puits Chauve à Roc à Marchienne-au-Pont.  Le grisou tue 5 mineurs.
Le 15 novembre 1843 : Puits Sainte-Marie de la Réunion à Mont-sur-Marchienne.  Le grisou fait 6 victimes.
Le 8 mars 1845 : Puits Petite Forêt n° 8 à Châtelineau.  Le grisou tue 5 mineurs.
Le 13 mars 1845 : Puits Saint-Augustin de Marchienne.  Un coup de grisou fait 10 morts.
Le 1er août 1845 : Puits n°5 de Marcinelle Nord.  Un coup de grisou fait 16 morts et 2 blessés.
Le 5 janvier 1846 : Puits n°5 de Marcinelle Nord.  Un autre coup de grisou fait 3 morts.
Le 5 septembre 1846 : Puits Sainte-Suzanne de Marchienne.  Un coup de grisou tue 10 mineurs.
Le 21 janvier 1847 : Au puits Saint-Claude à Méons, commune d'Outre-Furan, un coup de grisou limité provoque un coup de poussier bénin qui ne fait pas de vitimes. Cependant, ce dernier met le feu au gisement. les gaz dégagés par cet incendie asphyxient 6 mineurs et l'ingénieur en second, Joseph Brenier, âgé de 25 ans. Félix de Villaine fut alors nommé ingénieur et lutta pendant 2 longues années contre cet incendie.
Le 21 avril 1847 : Fosse Saint-Louis des mines d'Aniche 2 mineurs sont tués par suite d'éboulement.
1849 : Encore le puits Sainte-Suzanne de Marchienne.  Le grisou fait 3 morts.
1850 : Charbonnage Saint-François de Farciennes. Un câble de cage casse et tue 12 personnes.
Le 23 novembre 1850 : Puits du Gouffre n° 5.  Un éboulement tue 5 personnes.
Le 26 mars 1851 : En soirée, une explosion de grisouau puits d'Avaize sur la commune de Saint-Jean-Bonnefonds fait 11 victimes.
1854 : Toujours le puits Sainte-Suzanne à Marchienne.  Un coup d’eau tue 5 mineurs.
Le 22 janvier 1854 : Toujours le puits Sainte-Suzanne à Marchienne.  Un autre coup de grisou fait 25 victimes.
Le 26 octobre 1854 : Fosse Saint-Édouard nommée aussi fosse Azincourt de la Compagnie des mines d'Azincourt sur le territoire d'Aniche, un coup de grisou provoque un éboulement qui tue 11 mineurs.
Juillet 1856 : Charbonnage du Vieux Condé.  Une explosion fait 11 morts.  On suspecte le grisou.
Le 4 avril 1857 : En matinée, au puits des Littes dans la commune de La Ricamarie, un dégagement de gaz (nature?) asphyxie 7 mineurs.
1858 : Puits Saint-Henri de Marchienne.  Le câble lâche et fait 3 morts.
Le 7 septembre 1859 : Puits Sainte-Catherine à Dour.  Un dégagement de gaz asphyxie 61 mineurs.
Le 23 décembre 1860 : Puits Saint-Henri de Marchienne.  Le câble de la cage se rompt.  La cage tombe au fond et fait 13 morts.
Le 26 mai 1861 : Vers 20 heures, une explosion de grisou au puits de La Pompe à Saint-Etienne fait 19 morts.
Le 18 avril 1863 : A 15 heures, une explosion de grisou au puits Charrin dans la commune de La Grand-Croix fait 24 victimes.
Le 12 janvier 1864 : Puits n° 3 de Sainte-Victoire de la Bouverie.  Un coup de grisou fait 10 morts.
Le 12 janvier 1864 : Puits de l’Agrappe n° 3 à Frameries.  Un accident de minage tue 15 personnes.
Le 4 décembre 1864 : Puits n° 8 du Trieu-Kaisin à Châtelineau.  Le cable de cage se rompt et tue 6 mineurs.
Le 22 janvier 1865 : A Châtelineau au Gouffre n° 5.  Le câble du cuffat casse et tue 4 personnes.
Le 11 octobre 1867 : Vers 10 heures, un coup de grisou au puits Beaunier dans la commune de Villars fait 39 morts.
Février 1868 : Fosse 2 à Oignies est frappée par un coup de grisou qui tue 4 mineurs.
Le 18 juillet 1868 : A 23 heures, au puits Sainte Barbe à Rive-de-Gier, un coup de grisou fait 11 morts.
1869 : Puits Amercoeur à Jumet. Une explosion due à une erreur du boutefeu fait 4 tués.
Le 5 mai 1869 : Charbonnage du Grand Bordia à Gosselies.  Le câble de la cage casse et fait 8 morts.
Le 20 mai 1869 : Le charbonnage Monterrad et le charbonnage Saint Thomas dans la commune de Chambon-Feugerolles, communiquent entre-eux au niveau des galeries souterraines. Vers 2 heures du matin, une explosion de grisou dévaste les deux puits et fait 14 victimes dont le plus jeune n'avait pas encore 13 ans.
Le 28 juillet 1869 : La catastrophe de la Fosse Notre-Dame fait 11 tués par décrochage de la cage.
Le 24 août 1869 : Le charbonnage Monterrad de Chambon-Feugerolles fait de nouveau parler de lui. Une nouvelle explosion de grisou dévaste une galerie et fait 19 morts dont 5 n'avaient que 14 ans.
Le 2 septembre 1869 : La rupture d'un câble de cage au puits d'Assailly dans la commune de Lorette provoque la mort de 6 ouvriers.
Le 10 octobre 1869 : Puits Bayemont à Jumet.  Un coup grisou suivi d'un coup de poussier fait 28 morts.
Le 19 octobre 1869 : Charbonnage du Gouffre n° 7 de Châtelineau.  Les mineurs percent une poche d'eau qui inonde la galerie et fait 28 morts.
Le 18 novembre 1869 : Fosse 1 à Bully dans le Nord, 19 morts, asphyxiés dans un incendie de boisage.
Le 25 septembre 1871 : Puits Vanneaux à Wasmes. 35 morts (cause inconnue?)
Le 8 novembre 1871 : Puits Jabin des Houillères de Saint-Étienne.   Violente explosion qui tue 70 mineurs sur les 92 présents au fond. D’épaisses fumées irrespirables sortent du puits Gagne-Petit. 25 mineurs ont été retrouvés asphyxiés alors qu'ils tentaient justement de fuir par le puits du Gagne-Petit. Les malheureux qui avaient échappé aux flammes avaient fui du mauvais côté, car c'est par là que le courant d'air sortant emportait les gaz qui les ont intoxiqués. 67 victimes seront identifiées et les derniers corps ne seront remontés qu'en janvier 1872.
Le 5 décembre 1871 : Charbonnage de Marcinelle Nord n° 6 un câble lâche et fait 21 tués.
Le 9 décembre 1871 : Charbonnage de Marcinelle Nord n° 6.  Un coup de grisou tue 14 personnes.
Le 16 décembre 1871 : Charbonnage de Marcinelle Nord n° 2.  Un coup de grisou tue 1 mineurs.
Le 3 février 1872 : Fosse 1 à Bauvin. La chute d'une cage tue 8 mineurs.
Le 23 novembre 1872 : Puits Frédéric n° 2 à Dour.  Une explosion de grisou fait 14 morts.
Le 5 décembre 1872 : Charbonnage Réunis de Charleroi.  Un câble de cage qui casse fait 21 morts.
1873 : Au n° 8 de Monceau-Fontaine de Forchies.  Le grisou tue 5 mineurs.
Juin 1873 : Fosse 2 à Auchy-au-Bois un coup de grisou fait 7 morts.
Janvier 1875 : Fosse 3 à Pont-de-la-Deûle.  Une chute au fond du puits fait 5 morts.
Le 23 mars 1875 : Charbonnage de Fiesteaux de Couillet.  Un dégagement gazeux fait 8 morts.
Le 16 décembre 1875 : Charbonnage l'Agrappe n° 2 à Frameries.  Une explosion (peut-être volontaire = acte criminel = sabotage?) cause un coup de poussier ou de grisou qui tue 112 mineurs.
1876 : Fosse Soyez à Roost Warendin. Des guides se rompent et deux cages se rencontrent dans le puits : 13 morts.
Le 4 février 1876 : Puits Jabin des Houillères de Saint-Étienne, étage -366 mètres .  Nouvelle explosion encore plus grave : 186 morts sur les 211 hommes descendus.  L’explosion, très violente et dont on ignore la cause, fait intervenir les poussières, dont on connaît alors mal les dangers : les boiseries sont recouvertes de croûtes de coke. On suspecte un coup de grisou suivi d’un coup de poussier.

Ci-dessus une page du journal "Le Monde Illustré" du 19 février. Une vue générale du puits et les obsèques des victimes au cimetière du Soleil. A gauche, Auguste Chareyron, premier mineur à pénétrer dans le puits après l'explosion... qui retrouvera malheureusement la dépouille de son fils, Pierre, âgé de 13 ans. A droite, le docteur Fayet qui entrera dans la mine et portera secours aux quelques survivants.

Le 14 octobre 1878 : Un coup de grisou au puits Sainte Barbe à Rive-de-Gier fait 9 morts.
Le 17 avril 1879 : Charbonnage l'Agrappe n° 2 à Frameries.  un dégagement de grisou explose dans la La veine Epuisoire à - 610 mètres et fait 121 morts.
Le 24 décembre 1879 : Au puits Dolomieu à La Roche-la-Molière, on déplore, suite à un incendie, 19 morts par asphyxie.
Le 1 avril 1880 : Puits du Bois-de-La-Haye à l’Aulniat d’Anderlues.  A 1 heure 45 du matin, une explosion de grisou se fait entendre dans un rayon de 600 mètres au tour du puits n°3 et fait 49 morts.

Le 5 avril 1881 : Puits n° 6 du Nord de Marcinelle. Vers 1 heure 30 du matin sur la route de Beaumont, les riverains sont réveillés par une forte explosion.  Les bâtiments du charbonnage sont en feu.  Le feu est dû à l’imprudence d’un surveillant qui venait d’allumer sa pipe, le grisou a fait le reste.  On dénombre 16 morts.  Les sauveteurs conduits par le conducteur des travaux Désiré Marbais retrouveront 88 mineurs bloqués au fonds du puits à - 400 mètres. Une rue de Marcinelle porte le nom d’un mineurs-sauveteurs de cette catastrophe François Hubinon qui était porion avec 44 ans de fosse lors dû coup de grisou.  Il a reçu la croix civique de 1ère classe accordée pour cette circonstance. Trois autres personnes ont reçu aussi la même distinction. Un gillicien, Dofny Eugène, ouvrier mineur, reçoit la médaille de 2ème classe pour son courage lors de cette catastrophe.  Les récompenses seront remises en date du 31 octobre 1882, par Arrêté Royal.
Le 17 mai 1881 : A 6 heures 30, au puits Sagnat à La Roche-la-Molière, une forte explosion de grisou blesse très grièvement 12 mineurs dont 8 décèderont de leurs blessures dans les jours suivants.
Le 30 juillet 1881 : Un coup de grisou cause à Lourches 15 tués.
Avril 1882 : Fosse 3 à Liévin. Un coup de grisou fait 9 morts.
Le 13 août 1882 : Fosse 3 à Liévin un coup de grisou fait 8 morts.
Le 24 janvier 1883 : Fosse 7 à Courcelles-les-Lens, un coup de grisou fait 4 morts.
le 11 janvier 1884 : Fosse 2 à Ferfay.  Un coup de grisou (amplifié par l'explosion d'une dynamitière au fond ) tue 17 personnes.
Le 9 août 1884 : Puits n° 6 à Marcinelle-Nord.  Un coup de grisou fait 12 morts.
Le 14 janvier 1885 : Fosse 1 à Liévin, une explosion tue 28 personnes.
Juin 1885 : Fosse 1 à Nœux. Un coup de poussier fait 3 morts.

Le 21 août 1885 : Fosse 7 à Courcelles-les-Lens, un coup de grisou tue 10 mineurs.
Le 2 octobre 1885 : Charbonnage de la Cie Charbonnages Belges à Hornu. Un coup de grisou fait 15 morts.
Le 1er mars 1886 : Un coup de grisou au puits Chatelus à Saint Etienne fait 100 morts.
Le 7 juin 1886 : Un accident de cage au puits Ambroise fait 7 morts et 4 blessés.
Le 4 janvier 1887 : Charbonnage de la Cie Charbonnages Belges à Hornu. Le grisou fait 39 morts.
Le 1er mars 1887 : Puits Chatelus de la compagnie de Beaubrun, dit " la Pagode " en Aveyron.  Explosion faisant 79 tués et 6 blessés.  Le sauvetage permet de retirer les hommes des étages inférieurs mais des éboulements interdisent de pénétrer dans le reste de l’exploitation. Un incendie allumé par l’explosion contraint de barrer l’accès à la région supérieure pendant plusieurs mois.  Il paraît probable que le feu a été mis au grisou par un tir de mine allumé par un ouvrier.
Le 4 mars 1887 : Puits de La Boule Sainte-Désirée à Quaregnon.  Un coup de poussier fait 113 morts.
Le 13 novembre 1888 : Puits de la Grande Machine à Feu à Dour. Un coup de grisou fait 32 morts.
Le 3 juillet 1889 : Puits Verpilleux et Saint Louis de la concession de Méons exploitée par la société des Houillères de Saint-Etienne sautaient, victimes du grisou et des poussières. Cette catastrophe, la plus importante en France avant Courrières, causa la mort de 207 mineurs, atrocement brûlés. Le feu a atteint les écuries et a tué une soixantaine de chevaux.

Le 29 juillet 1890 : Puits Pélissier de la Compagnie de Villeboeuf est frappé par une explosion qui fait 113 morts et 40 blessés.
1891 : Puits de la Grande Machine à Feu à Dour. Un autre coup de grisou fait 21 morts.
Le 19 septembre 1891 : Puits n° 8 du Martinet de Monceau-Fontaines à Forchies à -320 mètres dans la couche de Follenprise.  Vers 3 heures du matin 27 ouvriers de la pause de nuit trouvent la mort suite à un accident de minage.
Le 6 décembre 1891 : Puits de la Manufacture de la compagnie des Houillères de Saint-Étienne est frappé par une explosion qui tue deux ouvriers d’entretien.
1892 : Charbonnage de l'Escouffiaux n° 8 à Wasmes.  Un cable de cage casse et fait 17 morts.
Le 11 mars 1892 : Fosse n°3 des Aulniats du Bois de la Haye à Anderlues.  Vers 7 heures 45 du matin, un coup de grisou suivi d'un coup de poussier fait 169 morts et 10 blessés sur les 300 mineurs présents dans le puits.  Dans les victimes on retrouvera les corps de 7 filles. La plus âgée n'avaient que 16 ans et l’homme le plus âgé en avait 70. L'explosion  a mit le feu aux boiseries et au charbon en place dans le veine.  La galerie restera impratiquable pendant deux ans tant l'incendie était violent et 57 cercueils ne pourront accueillir la dépouille du malheureux avant longtemps.  Malgré tous les efforts pour éteindre le feu, il a fallu en désespoir de cause, inonder la mine pour stopper l'incendie.  Les dernières victimes dont il ne restait pas grand chose furent placées dans leur cercueil au fond de la mine et conduites directement au cimetière. C’est la plus importante catastrophe de Belgique avant celle du Bois du Cazier.

Le 15 janvier 1894 : Puits de la Réunion à Falisolle.  Un coup de grisou fait 3 morts.
Le 7 avril 1894 : Charbonnage du Gouffre à Châtelineau.  Un accident de minage fait 4 morts.
Le 12 mai 1894 : Charbonnage du Trieu-Kaisin à Châtelineau.  Un accident de minage fait 2 morts.
Le 22 mai 1894 : Puits de Masse-Diarbois à Ransart.  Un éboulement fait 2 victimes.
Le 23 mai 1894 : Puits n° 6 du Nord à Marcinelle.  Un éboulement fait 2 tués.
Le 27 mai 1894 : Puits n° 4 Gendebien à Anderlues.  un accident de minage fait 7  victimes.
Le 29 juin 1894 : Charbonnage du Mambourg de Charleroi.  Un accident de minage fait 5 victimes.
Le 13 août 1898 : Puits Saint-Arthur à Mariemont : 8 morts dont la cause n'est pas mentionnée.
Le 25 mai 1898 : Charbonnage du Crachet à Frameries.  Un cou de grisou tue 26 mineurs.
Le 28 août 1899 : Une rupture de câble au puits Couchoud à La Grand-Croix entraine la chiye d'une cage qui fait 16 morts.
Novembre 1900 : Fosse Fénélon à Aniche. Une explosion de dynamite tue 21 mineurs. Cet épisode dramatique a été appelé "Catastrophe d'Aniche".
Le 13 janvier 1901 : Mine de Lourches.  4 morts (? conditions).
Mars 1901 : Fosse 1 à Hénin-Liétard.  Un coup de grisou fait 7 morts.
Le 24 avril 1901 : Charbonnage du Grand Buisson n° 3 à Wasmes Hornu.  Un accident de minage fait 19 morts.
Le 7 juillet 1905 : Puits n°4 à Anderlues.  A 9 heures 50 du matin, une explosion de grisou fait 16 morts et 3 blessés.  Les victimes avaient moins de 20 ans.
Le 6 mars 1906 : Fosse n° 3 de Méricourt à Courrières.  Un incendie se propage lentement, mais inexorablement dans une des veines de la mine. Pourtant, la direction des mines n'entreprend rien de sérieux. Le 10 mars à 5 h 30 du matin, juste avant la descente des mineurs dans les entrailles de la terre, un délégué syndical de la CGT, Rick Simon prévient la direction de la dangerosité de la situation. Cette dernière, une heure après, passe outre. Le délégué écrira plus tard: "Ce n'étaient plus des hommes qui descendaient, c'étaient des condamnés à mort."
À 6 h 34, une terrible explosion secoue le sud du bassin minier de Courrières, touchant les fosses 2 de Billy-Montigny, les 3 de Méricourt et les 4 de Sallaumines, soit en tout 110 kilomètres de galeries ravagés par un coup de poussier sans précédent déclenché par une explosion de grisou.

Les sauveteurs descendent tandis que les autres mineurs attendent de pouvoir les rejoindre et aider leurs camarades.

Dés la première heure suivant la catastrophe, les grilles des fosses concernées sont fermées contenant la foule des familles de mineurs venues en masse se ruant sur ces dernières.

Dès l'annonce de la catastrophe, des centaines de personnes affluent sur le carreau de la fosse, maintenues à l'écart par les forces de l'ordre..

Tous les gendarmes de la région et les agents de sécurité minière du secteur ont été réquisitionnés pour contenir cette foule en panique déferlant aux abords des installations des puits.
Les premiers corps remontent, complètement calcinés pour la plupart et dont l'identification s'avèrera impossible... Emmaillotés dans des couvertures de lin épaisses liés par des liens de fortune, dont des fétus de paille, ils sont vite évacués dans les bâtiments annexes des infrastructures du carreau par des brancardiers.

Remontée des restes calcinés d'une victime.

Remontée du cadavre d'un cheval.

Les mineurs du bassin, aidés par les pompiers de Paris et de la Ruhr allemande, tentent de trouver des rescapés. Face à la catastrophe, la solidarité ouvrière se met en marche. Les mineurs allemands, équipés de matériels spécifiques, rejoignent les sauveteurs et permettent de remonter de nombreux corps que les familles identifieront avec beaucoup de difficultés, tant ils sont calcinés.

A la surface, l'odeur de chair brûlée est nauséabonde et la vue de ces cadavres, insoutenable.
Au fil des jours qui succédèrent la remontée des corps du fond, l'odeur de chair putréfiée de ces derniers s'ajoute à la vue terrifiante des cadavres calcinés et recroquevillés entassés sur le carreau.

L'attente insoutenable des familles.

Un pan de chemise, une chaussure, une boucle de ceinture permet aux familles d'identifier un corps. Soulagées, si on peut dire, elles pourront faire leur deuil.

La reconnaissance d'une victime est toujours mal aisée.  Une douleur pour la famille devant l'inéluctable vérité et aussi un soulagement car le deuil peut commencer.

C'est le 13 mars 1906, sous une tempête de neige inhabituelle que les obsèques des premières victimes eurent lieu dans la souffrance et le déchirement des familles. Une messe fut célébrée par l'abbé Vaneuversyn, curé de Méricourt et Monseigneur Williez, évêque d'Arras délégué par le pape Pie X. De nombreuses personnalités politiques sont présentes s'associant au deuil des familles de ces malheureux. Le cortège se forme et gagne le cimetière de Méricourt où les cercueils des victimes n'ayant pu être identifiées sont déposés dans une immense fosse commune "le silo". Ce mémorial a été conservé et est toujours visibles de nos jours en la mémoire de ces martyres du fond.

Le cortège démarre du carreau de la mine.

Le cortège en direction du cimetière sous l'ouragan de neige.

La bénédiction des corps non identifiés dans la fosse commune "le silo" de Méricourt par l'abbé Vaneuversyn le 13 mars 1906.

C'est ce jour que, devant la fosse commune de Billy-Montigny, la foule réclame justice et scande : "Vive la révolution ! Vive la grève !"

14 mineurs seulement, survécurent à cette tragédie après avoir erré plus de 20 jours au fond dans l'obscurité absolue, presque sans air, dépourvus de nourriture et d'eau. Ils devront se nourrir de briquets trouvés sur les centaines de cadavres jonchant les chantiers, d'écorces de bois et d'avoine grossière destinée à l'alimentation des chevaux du fond. Afin de survivre, ils seront obligés d'abattre un cheval qui avait été épargné par l'explosion.  Ils boiront son sang et au fil des jours, ils se nourriront de cette viande crue qui deviendra bientôt une viande en putréfaction.... Ils seront même contraints de boire leur urine pour survivre....
Le groupe des 14 rescapés menés au fond par Mr. Nény et Mr. Pruvost père remontèrent après un long périple par le puits n°2 de Billy Montigny à la grande surprise de tous les employés de cette fosse, qui étaient convaincus qu'aucune âme n'avait pu survivre à cette terrible catastrophe minière !.........

Récit de César DANGLOT, l'un des rescapés de cette catastrophe:

"J'étais au travail depuis une demi-heure lorsque je perçus un roulement lointain qui prit en quelques secondes des proportions énormes. Un torrent de feu balaya les galeries provoquant des explosions violentes. Je fut projeté avec mon camarade Dievart à quelques mètres de ma berline, mais nous étions indemnes. Les autres ouvriers qui travaillaient près de nous (ils étaient une vingtaine) étaient morts, le souffle les avait écrasés contre les parois de la taille. Dievart et moi, nous partîmes au hasard. Nos béguins collés à notre bouche pour ne pas respirer les gaz. Nous avancions dans l'obscurité. La galerie 326 était jonchée de morts sur lesquels nous butions, mais de la 326 venaient les gaz délétères, ce qui nous obligea à retourner vers l'étage 280. Enfin, marchant à tâtons, rampant avec peine, nous atteignîmes l'accrochage du puits n° 2. Nous étions les premiers sauvés. Et puis, ce fut les enquêtes, toute la comédie de jugement qui mit hors de cause les vrais responsables de ce vaste assassinat. J'avais perdu un frère, un oncle et un cousin. Chaque maison avait un ou plusieurs disparus, toute la région minière était en deuil... "

Les 14 survivants de cette catastrophe furent:
Léon BOURSIER, 20 ans de Méricourt;
Henri WATTIEZ, 27 ans de Méricourt, marié un enfant;
Charles PRUVOST de Méricourt, marié, 3 enfants; son fils, Anselme, 15 ans;
Louis CASTEL, 23 ans de Méricourt ;
Henri NENY, 38 ans de Méricourt, marié, 4 enfants;
Elie LEFEBVRE, de Méricourt, marié ;
César DANGLOT, 28 ans de Billy Montigny, marié, 2 enfants;
Romain NOIRET, de Méricourt, marié, 3 enfants;
Léon VANOUDENHOVE, 18 ans de Billy Montigny;
Albert DUBOIS, 17 ans de Billy Montigny ;
Honoré COUPLET, 20 ans de Loison sous Lens ; 
Victor MARIN, 14 ans de Méricourt;
BERTON (sans précisions);
et DIERVART (sans précision).

Le groupe des 13 premiers rescapés menés au fond par Mr. Nény(1) et Mr. Pruvost père(2) En bas à droite, Honoré Couplet le dernier survivant de cette catastrophe décédé en 1977 à l'âge de 91 ans.

Assiette d'époque fabriquée dans les mois qui suivirent cette catastrophe. Cette pièce est marquée du nom de Mr. Nény, l'un des meneurs du groupe des survivants.

1425 ouvriers étaient présents à ce moment au fond de la mine et 1099 vont y laisser la vie.

César DANGLOT décédé en 1965 à l'âge de 87 ans.
Le dernier survivant de cette tragédie, Honoré COUPLET qui décéda en 1977 à l'âge de 90 ans.

Après les funérailles, c'est le désert...

Le Petit Journal du dimanche 25 mars 1906 racontant l'histoire de cette catastrophe de manière dramatique

Voici une chanson qui ne doit pas être connue du grand public et qui va en étonner plus d'un car les textes sont poignants qui reflètent une bien triste réalité.
"Fais dodo petit galibot" est une berceuse de Théodore Botel, barde populaire Breton, dédiée aux femmes des mineurs de Courrières.
Cette berceuse est parue dans le journal "Paris qui chante" du dimanche 29 avril 1906, soit un peu plus d'un mois après cette fameuse catastrophe du 10 mars 1906.
Sur la partition parue dans le journal, on distingue le thème de la mine. Mais en regard des paroles de la chanson ce sont bien des femmes bretonnes qui sont représentées, ce qui illustre bien la solidarité existant entre toutes les provinces françaises (et même belges) au lendemain de cette catastrophe minière sans précédent.

Durant que ton père
Rampe dans la nuit,
Dors près de ta mère,
Dans ton petit lit.

Sa tâche est féconde,
Qu'on paye si peu.
Que ferait le monde
Sans charbon ? Sans feu ?

Quand on parle de grève,
Toutes nous pleurons
Car de faim l'on crève,
Au fond des corons.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Le mineur ignore
Les jours radieux,
La rieuse aurore,
Les midis joyeux.

Autour de la mine,
Quand l'homme est au fond,
La femme se mine
D'un chagrin profond.

Mais à nous sans doute,
Demain sourira.
La justice en route,
Nous consolera.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Dans un purgatoire,
Il va d'un pas lent.
Plus sa main est noire,
Plus ton pain est blanc.

Quand aux jours d'épreuves,
Gronde le grisou,
Que de tristes veuves,
Il fait tout d'un coup.

Fais dodo, bien au chaud. Là-haut,
Y'a tant de misère sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Fais dodo, bien au chaud.
Là-haut,
Y'a tant de misère
Sous terre !
Fais dodo, petit galibot,
Tu suivras ton père bientôt.

Fais dodo, bien au chaud
Là-haut,
Y'a trop de misère
Sur terre !
Pour nous tous, petit galibot,
Luira la lumière bientôt!

Le 8 août 1906 : Puits du Bois du Cazier de Marcinelle, une cage est envoyée à fond de molette suite à une erreur humaine et fait 9 morts.
Janvier 1907 : Fosse 5 à Calonne-Liévin.  Un coup de grisou fait 3 morts.
Le 15 mars 1907 : Un coup de grisou dans la commune de la Petite Rosselle au puits Vuillemin fait 83 morts.
Le 10 novembre 1907 : A puits Rambaud à Côte Chaude, une cage qui descendait 7 mineurs heurte une benne remontant de l'eau. Tous les mineurs chutent au fond du puits et décèdent.
Le 19 janvier 1908 : Puits sans Calotte n° 4 & 5, charbonnage du Couchant de Flénu à Quaregnon.  Un accident de minage fait 19 victimes.
Le 21 juin 1908 : vers 21 heures, 9 ouvriers descendent au puits Montmartre n°2 à Saint-Etienne pour combattre un incendie. N'étant pas remontés à la pause du matin, on envoie une équipe de secours qui retrouvera les ouvriers asphyxiés par le monoxyde de carbone. 8 sont déjà décédés et un vit encore mais décèdera le lendemain.
Le 7 mai 1909 : Puits du Nord n°8 à Courcelles.  Un éboulement fait 6 victimes.
Le 17 octobre 1911 : Un incendie éclate au puits Bardot à Saint-Etienne. Après les premiers travaux d'urgence, l'ingénieur Albert Baup et une trentaine d'ouvriers descendent le lendemain pour achever le travail et faire barrage au feu. En début d'après midi, une violente explosion tue 27 mineurs et l'ingénieur qui avait 34 ans.
Le 3 juillet 1912 : Région de Saint-Etienne. 217 tués et 50 blessés par un coup de grisou.
C'est à deux kilomètres de Saint-Etienne dans la pittoresque vallée de Méons, que se trouve la concession de la Société sinistrée. Le puits Verpilleux est situé tout au fond de la vallée. Le 3 juillet, à la première heure, 157 mineurs étaient descendus dans la mine par le puits Verpilleux, 50 par le puits Saint-Louis, le plus rapproché de la ville, 7 par le puits Jabin, et 4 seulement par le puits du Bardo : les galeries de ces quatre puits communiquent entre elles sur plusieurs points souterrains, et leur aérage est commun.
A peine la journée était-elle commencée qu'une formidable explosion ravagea les galeries des 4 puits
Le 3 septembre 1912 : L'histoire se passe à la mine de La Clarence à Divion, dans le bassin de Courrières, alors que Mr Michaux est Directeur Technique.  Le 3 septembre, à 13h30, pendant que les 358 ouvriers de la coupe du matin remontent, et que d'autres mineurs descendent pour commencer leur travail, les boutefeux du matin s'apprêtent à armer les tirs de mines placées dans les fronts de bowettes. A 14h30, une première explosion de grisou se produit. Une épaisse fumée noire surgit du puits.

Dégâts occasionnés par les explosions à la cheminée d'aération.

A ce moment, on dénombre 77 hommes au fond et 25 de leurs camarades du poste de l'après midi viennent de descendre. Durant la journée, et le lendemain, des cadavres et des blessés sont remontés. Des sauveteurs provenant des Compagnies de Marles, de Liévin et Bruay viennent apporter leur aide. Mr. Michaux, directeur de la mine, Mr. Weiss, ingénieur et directeur des mines, Mr. Léon, ingénieur en chef de la compagnie, André Delfine, ingénieur et Clément Dupont, ingénieur, supervisent les secours.

Mr. Weiss à gauche, Mr. Dupont au centre et Mr. Léon à droite.

Mr. Michaux à gauche et Mr. Weiss au centre.

Mr Léon, à gauche s'entretenant avec l'ingénieur Delfine.

Clément Dupont descend pour coordonner les secours mais de nouvelles explosions se produisent, nourrissant cette fois un violent coup de poussier. On perd la trace de l'ingénieur Dupont et des sauveteurs qui étaient en sa compagnie. C'est l'ingénieur André Delfine qui prend la relève à la coordination des secours. C'est ce dernier qui retrouvera les restes des sauveteurs et de Clément Dupont. Plusieurs incendies se déclarent dans les galeries et il devient difficile de poursuivre les recherches.

Un sauveteur prêt à descendre équipé d'un casque respiratoire Tissot. Les sauveteurs de Liévin perdirent dans les opérations de secours, leur porion, Mr Abraham Vital. Leur ingénieur, Mr Fenzy, est à l'origine de la mise au point d'un appareil de respiration en milieu hostile, qu'il perfectionne au cours des multiples interventions dans les différentes Compagnies. L'air au fond étant vicié par les gaz de l'explosion, les lampes à benzine se seraient vite éteintes; c'est la raison pour laquelle ce sauveteur va descendre avec des lampes électriques portatives Cotté, vraisemblablement les toutes premières d'usage en ces lieux.

Les sauveteurs et les mineurs, tous prêts à s'entraider.

Dès l'annonce de l'accident, une foule énorme vint se masser devant les grilles du carreau de la fosse.  Elle fut canalisée par les gendarmes de Béthune appelés en renfort.

La foule s'amasse aux portes de la mine en l'attente de nouvelles.

Les premières victimes.

Au 5 septembre, le bilan s'élève déjà à 39 morts, il n'est pas définitif.  Par solidarité, les Compagnies de Marles et de Bruay emploient les mineurs de La Clarence dans leurs fosses pendant toute la durée des travaux de sauvetage.

Le vendredi 6 septembre, soit trois jours après la catastrophe, des funérailles sont organisées à Divion, pour les premières victimes de la catastrophe.  Une foule considérable se rassemble pour cet ultime hommage. 
L'église s'avérant trop petite pour contenir les cercueils, les familles des disparus ainsi que des officiels, il a été décidé que le service aurait lieu sur le carreau de la mine. 
Mgr Lobbedey, évêque d'Arras et E. Bodescot, curé de Divion officient aux obsèques sur un autel protégé par un vélum et face à la lampisterie, elle-même transformée en chapelle. 
La couronne du Gouvernement Français a été portée par les camarades mineurs et l'Etat était représenté par Mr Dupuy, ministre des Travaux Publics. 
Plusieurs milliers de participants massés sur le carreau de la fosse, ont assisté aux funérailles des victimes de cette tragédie minière.

Mgr Lobbedey, évêque d'Arras et E. Bodescot, curé de Divion aux funérailles des victimes.

La foule massée sur le carreau de la mine.

Le discours de Mgr Lobbedey sur le carreau de la mine.

La foule des officiels et des anonymes...

Le départ des cercueils vers le cimetière.

La couronne du Gouvernement français portée par les camarades mineurs. Lors des obsèques, l'Etat était représenté par Mr Dupuy, ministre des Travaux Publics.

Les couronnes.

Après la catastrophe, la vie reprend petit à petit son cours.

M. Defline sera félicité par Jean Dupuy, ministre des travaux publics, et sera cité à l'Ordre du Corps des Mines pour son dévouement.

Le 11 septembre soit 8 jours après la catastrophe, les opérations de sauvetage furent suspendues, la fosse noyée pour éteindre l’incendie qui faisait toujours rage au fond. 

Le bilan des pertes humaines est lourd : 79 morts dont 6 sauveteurs.  48 mineurs dont l'ingénieur Dupont purent être remontés et identifiés, 28 cadavres n'ont jamais été retrouvés et furent abandonnés à tout jamais au fond de la mine où ils dorment pour l'éternité dans les entrailles de cette sinistre vallée et 3 cadavres furent remontés mais restèrent non identifiables. Parmi ces 79 victimes, 12 avaient moins de 15 ans et le plus jeune en avait à peine 13...  La Catastrophe de Courrières, qui a eu lieu six ans plus tôt est encore dans tous les esprits.

Emile Basly, le député mineur vint tenir à La Clarence un discours très véhément contre les dirigeants des Compagnies Minières : "Il n'y a pas de raisons qu'on envoie plus longtemps des hommes à la mort, des hommes qui n'ont d'autre tort que celui d'avoir besoin de vivre.  La mine féroce, la mine hideuse qui cache le grisou dans son sein, doit être impitoyablement condamnée plutôt que de continuer à risquer tant d'existences.  Si des mines sont reconnues dangereuses, pourquoi ne les abandonnerait-on pas ?  Et ne serait-il pas plus humain de prévoir les catastrophes, plutôt que de les déplorer quand il est trop tard, et que les cercueils manquent pour contenir toutes les victimes ?  Il faut empêcher coûte que coûte, même au prix de la suppression de quelques puits de mine le retour de ces catastrophes qui font couler tant de larmes.  Fermons-les ces fosses maudites où la mort se promène la faux à la main et frappe aveuglément autour d'elle."

On pense que la catastrophe a été provoquée par un mineur qui aurait rallumé sa lampe.  En réaction à cette éventualité, en novembre 1911, pour éviter que les ouvriers dans les tailles ne rallument eux mêmes leurs lampes éteintes, la Direction de la Compagnie avait fait supprimer les rallumeurs.  Les lampes éteintes étaient échangées par des galibots dans les chantiers; eux mêmes les prenaient dans un dépôt situé à l'accrochage, avec deux dépôts secondaires près des travaux quand ils étaient trop éloignés.

Ces chaussures, exposées au centre historique et minier de Lewarde, appartenaient à Henri Foubert, 32 ans, victime de la catastrophe du 3 septembre 1912 à Divion.
D'abord signalé disparu, son corps carbonisé fut retrouvé le 6 septembre, trois jours après la catastrophe.
Il fut placé immédiatement dans un cercueil et inhumé au cimetière de Floringhem où il habitait.
6 kilomètres séparaient Floringhem de la fosse de La Clarence ; Henri Foubert effectuait chaque jour cette distance avec les mêmes chaussures aux pieds pour se rendre à son travail.
Quelques décennies plus tard, suite à une remise en état du caveau familial, il a été retrouvé dans la tombe, outre les restes d'Henri Foubert et quelques effets, la paire de chaussures qu'il portait sur son lieu de travail le 3 septembre 1912.
Les semelles et les talons de ces dernières ont été brûlées par les effets dévastateurs de la flamme du coup de poussier.
Un émouvant vestige, témoin de la catastrophe meurtrière de La Clarence il y a plus d'un siècle...

Le 16 avril 1917 : Fosse 9 à Hersin-Coupigny.  Un coup de poussier tue 42 mineurs.
Le 3 janvier 1919 : Un coup de grisou suivi d'un coup de poussier à Merlebach au puits Ste Fontaine fait 36 morts.
Le 19 janvier 1920 : Fosse de Rœulx à Escaudain.  La chute d'une cage suite à la rupture d'un arbre de machine d'extraction défaillant provoque la mort de 17 ouvriers.
Le 9 juin 1920 : Puits n° 7 du Gouffre à Châtelineau le grisou tue 6 personnes.
Le 12 septembre 1920 : Puits de la Forte Taille à Montigny-le-Tilleul.  Le grisou fait 12 morts.
1921 : Charbonnage du Midi de Mons à Ciply.  Un coup de grisou fait 21 morts.
Le 24 octobre 1921 : Puits Deschassis du Mambourg à Charleroi.  Un éboulement fait 6 morts.
Le 15 décembre 1921 : Puits Saint-André à Montigny-sur-Sambre.  Le grisou fait 9 victimes.
Le 6 juillet 1922 : Puits Saint-Xavier à Gilly.  2 morts dus au grisou.
Le 7 mars 1923 : Charbonnage du Nord n° 8 à Courcelles.  Un coup d’eau fait 10 morts.
Août 1923 : Charbonnage de Fontaine-l’Evêque.  Un accident (?) fait 6 victimes.
Le 20 août 1923 : Charbonnage du Martinet, puits n°4 à Monceau-sur-Sambre.  Un coup de grisou fait 5 morts.
Le 14 avril 1924 : Puits n° 7 du charbonnage Réunis à Lodelinsart.  Le grisou tue 3 personnes.
Le 24 avril 1924 : Charbonnage du Cerisier n° 10 de Marcinelle.  Le grisou fait 6 victimes.
Le 14 mai 1924 : Puits du Nord n° 12 à Marcinelle.  Une une cage se détache et tue 3 personnes.
Le 14 août 1924 : Puits du Carabiniers n° 3 de Châtelet(à Pont de Loup).  Un coup de grisou fait 24 morts.
Le 26 mars 1925 : Une chute de cage à Merlebach au puits Reumaux fait 51 morts.
Le 2 juillet 1925 : Puits des Piges à Dampremy.  Une cage défectueuse fait 2 victimes.
1926 (date inconnue) : Charbonnage de Bas-Longs-Prés à Marchienne.  Le grisou fait 6 tués.
Le 30 janvier 1926 : Puits du Gouffre n°8 à Châtelineau.  Le grisou tue 2 personnes.
Le 12 mars 1926 : Puits de la Blanchisserie à Charleroi.  Le grisou fait 4 morts.
Le 15 avril 1927 : Charbonnage du Levant de Mons à Estinnes-au-Val.  Le grisou fait 26 tués et 6 morts des suites de leurs blessures. Parmi les victimes deux algériens et cinq italiens.  La Reine Elisabeth s’est rendue sur les lieux.
Le 30 juin 1928 : A 7 heures 30 le feu se déclare au puits Combes à La Roche-la-Molières. Les gaz éteignent les lampes à flamme et les mineurs se retrouvèrent dans l'obscurité. 48 ouvriers furent asphyxiés.
Juillet 1929 : Fosse 8 à Courcelles. Un coup de grisou fait 8 morts.
Le 21 août 1929 : Charbonnage d'Auchy-les-Mines.  Un éboulement tue 3 mineurs.
Le 15 septembre 1929 : Au puits Saint Charles dans la commune de la Petite Rosselle, la chute d'un fût d'huile dans le puits provoque une explosion et fait 2 morts.
Le 16 septembre 1929 : Toujours au puits Saint Charles dans la commune de la Petite Rosselle, l'accident du 15 septembre a provoqué un début d'incendie qui provoque maintenant un coup de grisou qui fait 23 morts.
Le 7 mars 1930 : Charbonnage du Bois du Cazier à Marcinelle.  Un coup de grisou fait 10 morts et 15 blessés. Plusieurs victimes sont des étrangers.
Le 3 avril 1930 : Puits Longterne-Ferrand n° 1 à Elouges au Borinage (S.A. Ouest de Mons). Un coup de grisou fait 20 morts directs et deux décès des suites de leurs blessures.
Le 30 octobre 1930 : Charbonnage du Epinois à Montigny-le-Tilleul de la Société des Charbonnages de Forte-Taille. Vers 4 heures 30 du matin, un coup de grisou cause la mort de 5 personnes à -850 mètres. Deux victimes sont polonaises et deux autres italiennes.
Le 7 février 1932 : Puits de Bas-Long-Prés à Marchienne-au-Pont appartenant aux S.A. charbonnage de Monceau-Fontaine. Un coup de grisou fait 17 tués et 10 blessés.
Le 23 décembre 1933 : Puits du Mambourg n° 1 à Charleroi.  Un éboulement fait aussi 3 morts.
Les 15 et 17 mai 1934 : Charbonnage Fief de Lambrechies à Pâturages. Un double coups de grisou  fait 57 morts.
Le 1er octobre 1936 : Puits du Grand Trait de L'Agrappe des Charbonnages Belges à la Bouverie à Frameries.  A 8 heures 55, un coup de grisou à l’étage -950 fait 32 morts. Les sauveteurs ont été reçus par le Roi le 6 novembre 1936 et ont été décorés. Un des décorés explique au Roi le sauvetage des victimes et dans le journal La Province de Mons sous la signature de Cantineau Lucien le récit y est transcrit.  Il a fallu plus de 10 mois pour remonter les derniers corps et deux victimes sont restées au fond du puits à tout jamais.
Le 30 avril 1937 : Charbonnage du Mambourg n° 1 de Charleroi.  A 5 heures du matin, a lieu une explosion due à un accident de manutention d’une machine à miner qui déclenche un coup de grisou.  La catastrophe fait 7 morts et 13 blessés dont plusieurs (? combien) décéderont par la suite.
Le 13 mai 1937 : Au charbonnage du Mambourg n°2. Un éboulement fait 2 morts.
Le 27 juillet 1937 : Sur le carreau de la mine Saint Joseph dans la commune de la Petite Rosselle, une explosion de chaudière fait 7 victimes et de nombreux ouvriers brûlés à divers degrés.
Le 12 mars 1938 : Un éboulement au puits Dolomieu à La Roche-la-Molière fait 4 morts.
Le 7 octobre 1939 : Au puits de la Loire n°1, vers 13 heures 30, un court circuit provoque un coup de grisou suivi d'un coup de poussier. Bilan : 36 morts. Le 1er novembre 1939 : Puits du Grand Trait de L'Agrappe des Charbonnages Belges à la Bouverie à Frameries. Un accident (? nature) fait 12 morts.
Le 19 janvier 1940 : Charbonnage de Noyelles-Godault.  On dénombre 8 morts dans un éboulement.
Le 7 février 1940 : Puits Parents à Marchienne au Pont, faisant partie de la Société des Charbonnages de Monceau- Fontaine. Un coup de grisou suivi d’un incendie fait 26 morts.
Le 31 juillet 1940 : Courcelles-lès-Lens.  Un coup de grisou fait 8 morts.
Le 28 septembre 1940 : Fosse 6 à Haillicourt.  A 18h15, l'explosion d'une bombe lâchée par un avion allemand sur la fosse 6, déclenche un coup de poussier dans la salle du triage.

Charbonnage d'Haillicourt juste avant la deuxième guerre mondiale.

Comme dans les accidents tragiques et similaires du fond, ses effets et conséquences furent dévastateurs.
Un témoignage d'époque relate de cette scène apocalyptique :

"En un instant, des corps furent calcinés et le fer des machines devint incandescent. Du criblage transformé en brasier des hommes et des femmes sortaient en hurlant. Les uns s'écroulaient aussitôt. Les autres couraient en tous sens. Des corps noircis demeuraient étendus, méconnaissables. Au simple toucher la chair se détachait en lambeaux."
La lettre de M. l'abbé Leu à Mgr Dutoit, le 28 septembre.
"Une catastrophe des plus pénibles vient de frapper ce soir ma paroisse. J'étais au confessionnal lorsque j'entendis, vers 18h10, le crissement sinistre d'un avion qui piquait, suivit aussitôt d'une grosse détonation qui firent s'ouvrir toutes grandes les deux battants de la grande porte... Je courus alors pour assister au spectacle le plus horrible, dont la précédente guerre ne m'avait pas donné le spectacle. Un avion venait de jeter 4 bombes sur le criblage du siège 6 en plein travail... Il y avait surtout un grand nombre de jeunes filles et quelques hommes... Ces pauvres filles pour la plupart poussaient des hurlements déchirants et me suppliaient de les secourir. Je distribuai de nombreuses absolutions... Déjà deux morts gisaient par terre, en des attitudes semblables aux corps pétrifiés vus à Pompéï..."
L'allocution prononcée au service solennel par Mgr Dutoit, évêque d'Arras, le dimanche 6 octobre :
"Le coup terrible qui vient de frapper la vaillante et laborieuse population de Bruay n'a besoin d'aucun commentaire pour émouvoir tous les coeurs. Le nombre des victimes dont la liste s'allonge de jour en jour, les tortures de leurs membres plongés subitement dans un immense brasier et mués en torches vivantes, la mort presque instantanée des uns, la lente et crucifiante agonie des autres, dressent devant les yeux un spectacle d'horreur qui dépasse toute imagination et qui excite tour à tour, dans les âmes, l'indignation et la pitié..."
Il y eut 34 victimes de Bruay, d'Haillicourt et d'Houdain. Seulement 9 blessés survécurent à leurs brûlures car, comme disait soeur Louise : "Nous n'avions pour les soigner que de l'huile et des pansements".
Le 21 janvier 1942 : A puits de la Chana, entre Saint-Etienne et Villars, un coup de poussier tue 65 mineurs de l'équipe de nuit dans la 14ème couche

Le puits de la Chana.

Plaque commémorative située à l'emplacement de l'ancien puits, aujourd'hui sur le 2ème trou du golf de Saint-Etienne.

Les victimes de la catastrophe du 21 janvier 1942.

1943 : Puits n° 6 du Perier à Souvret.  Un coup d’eau fait 6 morts.
Le 2 mars 1943 : Fosse 9 à Annequin. Un coup de grisou tue 16 mineurs.
1944 : Charbonnage du Nord de Gilly à Fleurus.  8 ouvriers (prisonniers Russes) sont tués.  Aux yeux de l’occupant, ces prisonniers n’avaient aucun droit.  On se demande même si les Allemands les considéraient comme des êtres humains.  Mon grand père qui a travaillé avec eux me parlait de leur misérable vie.  En guenilles et sans aucune protection, avec juste un navet ou une betterave dans leur musette pour la journée, ils devaient travailler dans la mine et remplir un certain nombre de berlines s’ils voulaient avoir une chance d’avoir le soir une tasse de soupe qui ressemblait plutôt à de l’eau de vaisselle dans laquelle flottaient quelques feuilles de légumes en putréfaction.  Pour que leur quota soit rempli, ils devaient tellement travailler à arracher le charbon à la terre qu’ils n’avaient pas vraiment le temps de boiser… et donc les éboulements étaient fréquents là où ils avaient établi un chantier.  C’est ce qui s’est passé en ce début d’année 1944… mais mon grand père ne se souvenait plus de la date… tout ce qu’il a pu me dire c’est que quand ils ont remonté les corps des malheureux, il faisait très froid et qu’ils furent enterrés sans ménagement dans le cimetière du Vieux Campinaire.

Prisonnier russe en 1941.

Le 23 mars 1944 : Fosse 9 à Oignies.  6 morts après un coup de grisou.
Le 23 aoüt 1944 : Un accident (quel type ?) au puits Mars à Saint Etienne fait 9 morts en direct et des blessés (combien ?) dont 6 décèderont à l'hôpital.
Le 30 août 1944 : Charbonnage du Roton Saint-Catherine à Farciennes.  Un coup de grisou (le seul répertorié à ce jour dans ce charbonnage) tue 4 personnes. Parmi eux, l’ingénieur et son épouse (qui se cachaient, par peur de représailles des Allemands car les Alliés étaient proches) ainsi que le porion et un ouvrier.
Décembre 1945: Fosse no 7 des mines de Liévin du Groupe de Lens à Avion. Un éboulement cause la mort de 9 mineurs.
Le 28 mars 1946 : Fosse 1 à Oignies des mines d'Ostricourt.  Un coup de grisou suivi d’un éboulement causés par un tir de mines fait 13 morts.
Le 7 mai 1946 : Puits du Sacré-Français de Dampremy.  Une explosion fait 16 morts.
Décembre 1946 : Fosse 15 à Loos-en-Gohelle.  Un éboulement provoque 9 morts.
Le 10 janvier 1948 : Au puits Vuillemin dans la commune de la Petite Rosselle, un coup de Grisou fait 24 morts.
Le 19 avril 1948 : Cette catastrophe est survenue le lundi 19 avril 1948 au puits 11 assurant l'entrée d'air à la fosse n° 4 - 11 des mines de Courrières à Sallaumines du Groupe d'Hénin-Liétard, une des fosses les plus atteintes par la terrible catastrophe des Mines de Courrières en 1906 et qui fit 1099 victimes.
C'est vraisemblablement une explosion de grisou qui causé ce coup de poussier.
L'explosion fut dévastatrice, des témoins ont vu des flammes géantes sortir du puits 11.
La cage d'extraction supérieure a été projetée 20 m au dessus du clichage et est venue s'encastrer dans le chevalement.
Il y eut 16 victimes dont deux trieuses et 40 autres personnes furent blessées.
La déflagration fut telle que presque toutes les tôles de recouvrement en zinc du chevalement situé sur le puits 11, furent arrachées de l'infrastructure de ce dernier et pour les autres, fondues sous l'effet de la chaleur ardente.
En attestent ces deux clichés, saisis le lendemain de la catastrophe.

Les conséquences au jour d'un coup de poussier au fond...

Rapport de la catastrophe.

Ce lundi 19 avril après-midi, 365 hommes travaillent au fond de la mine relié au jour par deux puits voisins : le 11 (entrée d'air) et le 4 (retour d'air).

Vers 17 h 35, soudain une violente explosion. Une flamme géante sort du puits 11 avec un nuage de poussières noires. La cage supérieure, projetée à 20 mètres au-dessus du clichage, s'est incrustée dans le chevalement. Les bâtiments annexes sont détruits. La maçonnerie du cuvelage est disloquée. Les installations du jour sont ravagées. Une fumée épaisse, noirâtre, monte vers le ciel. La terre a tremblé.

Les filles du triage. Les hommes au fond. Que sont-ils devenus ? Combien de blessés, combien de morts ?

Au jour, trois jeunes trieuses de charbon affreusement brûlées sont dirigées sur l'hôpital Sainte-Barbe de Fouquières-lez-Lens.

Impossible de gagner le fond par le puits 11. Ni par le puits 4. Une cage y remontait : elle est coincée dans le guidage à 70 mètres de profondeur. Des hommes sont à bord.

Le spectre de la catastrophe de Courrières de 1906 apparaît une nouvelle fois. Vite, à la fosse 3 de Méricourt, des équipes de volontaires se forment. Sous la direction de Leblond, délégué mineur de la fosse 4, et d'agents de maîtrise, elles gagnent les lieux de la catastrophe par des galeries souterraines ; personne ne songe un seul instant à la menace de mort qui pèse sur chacun : éboulements, nouvelles explosions. Les sauve­teurs de l'équipe spéciale du poste central de secours de Liévin, alertés, arriveront un peu plus tard.

Des survivants avaient constaté l'impossibilité de remonter par le puits 4. Ils emmènent des blessés vers le puits de la fosse 3 distant de deux kilomètres. D'autres essayent d'éteindre des débuts d'incendie avec de l'argile, parfois mouillée d'urine. D'autres encore errent, traumatisés, hagards.

L'explosion a pulvérisé toutes les lampes aux abords des accrochages des puits 4 et 11. Une vision dantesque attend les sauveteurs. Des cadavres brûlent, prenant des formes démoniaques ; les blessés sont nus : la flamme a brûlé tous leurs vêtements, et atteint l'intérieur de leur corps. Des cris, des gémissements, des râles. Des chevaux sont momifiés. Le garde d'écurie est mort.

Le bruit de l'explosion, l'épaisse fumée qui s'échappe du puits et que l'on aperçoit de loin, le tremblement de terre, c'est pour la population de Sallaumines et des environs le présage d'une catastrophe dont la nouvelle se répand comme une traînée de poudre à travers les cités. Pour les familles des mineurs accourues en hâte, commence devant la grille de la fosse 4 d'abord, devant celle de la fosse 3 ensuite, une attente pénible qui se poursuivra tard dans la nuit : on était inquiet sur le sort d'une centaine de mineurs.

L'infirmerie de la fosse 3 est transformée en chapelle ardente. On attend, on espère à tout prix ; et, quand il n'y a plus d'espoir, quand on sait, cela devient atroce : l'identification d'un être cher, mutilé, défiguré.

Entre-temps, la circulation a été rétablie dans le puits 4 où les dégâts sont minimes. A l'intérieur de la cage débloquée, trois hommes : l'un gravement brûlé, l'autre légèrement blessé ; le troisième, sain et sauf, remontent par les échelles. Des sauveteurs descendent maintenant par ce puits.

Mardi matin, vers quatre heures, la remonte des corps est terminée. Deux jeunes filles, employées au triage, et un prisonnier de guerre allemand sont portés disparus. Pulvérisés peut-être par le souffle de l'explosion, la gerbe de feu. Dans la journée, au sommet du chevalement, une main calcinée est découverte. 12 morts, 35 blessés : tel semble être le tragique bilan de la catastrophe. La centaine de mineurs, dont on avait craint qu'ils aient été ensevelis ou emmurés, étaient remontés vers minuit.

Commence alors une autre opération de sauvetage dans les hôpitaux des anciennes compagnies des mines de Courrières et de Lens : celle des blessés. A l'hôpital de Fouquières-lez-Lens, sur les 30 blessés qui y sont soignés, 9 sont dans un état très grave. Sous la direction du Docteur Delcourt, l'équipe de chirurgie locale composée des Docteurs Fiévez, Lugez et Masquelier, ainsi que le personnel médical, sont en permanence au chevet de ces grands brûlés dont la vie est en danger. A 7 heures du matin, arrive de Paris, en voiture, le groupe de "réanimation-transfusion" de l'hôpital Foch amenant 150 ampoules d'un demi-litre de plasma sec américain. L'Institut Pasteur de Lille avait de son côté mis à la disposition des médecins six litres de plasma. Le conseiller médical des Charbonnages de France arrive dans l'après-midi avec 200 ampoules de plasma.
La salle où sont soignés les plus grands blessés est interdite au public. Au-dessus de chaque lit, des appareils compliqués, flacons, bouteilles d'oxygène que des tuyaux relient aux brûlés. Chirurgiens et personnel soignant opèrent, masque sur le visage.
Dans une autre salle, trois jeunes trieuses, les yeux clos sont tenues endormies par des calmants. Pauvres jeunes filles : les mains, les bras, les visages sont affreusement brûlés ; les chairs à vif, rouges de mercurochrome; des taches de charbon sur le corps comme si le charbon avait brûlé sur leur peau.
Le corps médical tente l'impossible pour soulager, sauver ces hommes, ces femmes, meurtris dans leur chair.

Un puits faisant effet de canon : une catastrophe jamais vue. Près des fosses, dans les cités, dans les cafés, on discute ferme. On cherche à comprendre. On n'arroserait plus au pied de taille, ni au convoyeur, pour neutraliser les poussières. On tendrait à ne plus payer le balayage en taille des poussières de charbon. Economie ? Perte de temps ? Accroissement de la production aux dépens de la santé, de la vie des mineurs ?
Le délégué n'avait cessé de dénoncer le danger que représentait l'abondance des poussières dans la fosse 4. S'il n'y en avait pas, eu tant, il n'y aurait pas eu d'explosion, dit-on.

La catastrophe serait due à un "coup de poussier" ? Mais, pour provoquer l'explosion, il faut une flamme. L'orage qui se déchaîna sur la région dans la soirée de lundi a-t-il provoqué un court-circuit ? Un dépôt d'explosifs aurait-il sauté au fond ? Y a-t-il eu coup de grisou ?

Aujourd'hui, bon nombre de mineurs ne sont pas des­cendus dans les fosses sinistrées.  Mouvement de grève ? Non. Ils ont les bras «cassés», ils sont en deuil. Ils auraient pu être les victimes.
Sallaumines est en deuil...

Pendant ce temps, dans la fosse sinistrée, on constate les dégâts, on récapitule, on cherche à comprendre.
Aux différents étages les effets de l'explosion se sont fait sentir au voisinage du puits 11 et dans les bowettes, à moins de 300 mètres.
A l'étage 403, les dégâts matériels sont très importants. Les arrêts-barrages ou planches Taffanels, proches du puits, ont été balayés par l'explosion. Les arrêts-barrages suivants, distants de 250 mètres du puits, sont restés intacts. Plusieurs mineurs y ont été tués ou blessés. Dans l'écurie, à peu près intacte, 7 chevaux sur 12 ont été tués.
A l'étage 341, les effets de l'explosion se sont fait moins sentir.  Le seul homme présent a été blessé par brûlures ; des chevaux ont été tués ; des arrêts-barrages voisins du puits ont fonctionné ; les autres, non.
A l'étage 289, les effets sont encore moins marqués qu'à l'étage 341. Personne ne s'y trouvait au moment de l'ex­plosion, mais un dépôt de bois a pris feu quelques heures après l'explosion.
Grâce aux arrêts-barrages qui ont empêché la propagation des conséquences de l'explosion dans les galeries souterraines, la catastrophe n'a heureusement pas eu des conséquences humaines aussi dramatiques qu'en 1906. De plus, à la suite de l'explosion, les portes d'aérage qui séparaient les puits 4 et 11 furent détruites ; un court-circuit provoqua l'arrêt du ventilateur du puits 4 ; ainsi l'oxyde de carbone résultant de l'explosion s'évacua naturellement par les puits et ne passa pas dans les travaux du fond où il aurait causé un certain nombre de victimes.

Le mardi se passe sans qu'on ait retrouvé les trois disparus. Gertrude était le "Rossignol" de son quartier. Elle adorait chanter.  Son père, rescapé, travaillait à la même fosse.  Ses parents pourront-ils la revoir une dernière fois et pleurer sur son cercueil ? Hélène est égale­ment la fille d'un mineur qui travaille à la fosse 23. Les Allemands, du camp de Méricourt ont écrit à la famille d'Hermann Gueuer pour annoncer sa mort.

Dans l'après-midi, un blessé succombe à ses brûlures René Vasseur, de Sallaumines, accrocheur.

Des personnalités se sont rendues sur les lieux de la catastrophe.
En premier lieu, peut-être, Maurice Thorez, ancien mineur, secrétaire général du Parti Communiste, accouru dès l'annonce de la catastrophe et qui passa une partie de la nuit à la fosse 4 au milieu des mineurs, en compagnie de Jeannette Vermeersch. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Robert Lacoste, arrivé le matin. Le ministre des P.T.T., Eugène Thomas. Les autorités régionales et locales, les représentants des syndicats et autres mouvements. Tous venus s'incliner devant les corps des victimes.

Le soir, à la fosse, une affiche est apposée : "Le siège 4 étant dans l'impossibilité de marcher, les ouvriers sont considérés jusqu'à nouvel ordre comme en congé payé".

En vue de l'organisation des funérailles, le sous-préfet de Béthune, le Président du Conseil d'Administration des H.B.N.P.C. et les représentants des trois organisations syndicales C.G.T., C.F.T.C. et Force Ouvrière, sont convoqués le mercredi matin à 8 heures aux Grands Bureaux de Billy-Montigny, siège de la direction du Groupe d'Hénin-Liétard.
Mais déjà, la presse de gauche a pris son parti et la veille des obsèques, le 21 avril 1948, le journal "LIBERTE" titre : "NEGLIGENCE CRIMINELLE de la direction des Houillères aux ordres de l'Etat Patron".
Le jeudi 22 avril, 42 ans après la catastrophe de Courrières plus tard, dans l'après-midi ensoleillé, se déroulent les funérailles des victimes.   Derrière les cercueils, les familles des victimes et celles des trieuses disparues. Des mineurs en tenue de travail la lampe cravatée de crêpe et les cinq trieuses, compagnes de travail des deux disparues et de celles en traitement à l'hôpital, forment une haie qui contient la foule. Une section de tirailleurs nord-africains rend les honneurs.
Pendant plus de deux heures, une foule d’anonymes et d’officiels recueillie, défile devant les corps dans un silence poignant. D'humbles bouquets viennent grossir le parterre de couronnes et de fleurs s'étalant devant les cercueils.
La presse ayant lancé le brûlot, cette journée de deuil se trouve transformée en une journée de revendications politiques, le Gouvernement a estimé que M. Robert Lacoste, ministre de l'Industrie et du Commerce ne pouvait, dans ces conditions, y participer, déjà qu'il fut hué et sifflé lors de son arrivée sur les lieux du drame.
Des drapeaux rouges à profusion. Deux bannières illuminées dont la Vierge noire des Polonais.

A 14 h 30, Mgr Perrin, évêque d'Arras, assisté de Mgr Chappe, et le clergé des paroisses environnantes, s'inclinent devant chaque cercueil. Puis, ensemble, ils entonnent un cantique, suivi de la lecture d'une lettre de Saint Paul. Mgr Perrin monte à la tribune : il évoque la miséricorde divine, apporte les conso­lations de la Foi aux familles éprouvées, sa sympathie aux mi­neurs, et aux morts l'hommage et les prières de l'Eglise. Un chant : le "Libera me", et la bénédiction des corps.
Le doyen des aumôniers polonais adresse à son tour, dans leur langue, des paroles de réconfort à ses concitoyens.
La sonnerie "Aux morts" retentit, exécutée par la clique de l'Harmonie des Mines de Courrières. Soldats nord-africains, gendarmes, se figent au garde-à-vous. L'émotion étreint les cœurs. Des femmes pleurent, sanglotent, des hommes écrasent une larme au coin des yeux.

La cérémonie religieuse terminée, commence une longue série de discours.
- M. GIOLAT, conseiller général, maire de Sallaumines, rappelle la douleur et la consternation des familles à l'annonce de la catastrophe.
- M. LAFFONT, au nom du Conseil d'Administration des H.B.N.P.C., assure les familles que toute l'aide sera apportée pour qu'elles ne soient pas dans le besoin et affirme que "la direction des bassins désire que l'enquête soit poussée jusqu'à son terme pour dégager les faits qui ont abouti à la catastrophe".
- M. SAUTY, au nom de la C.F.T.C., partage la douleur des familles, rend hommage aux travailleurs du sous-sol, réclame toute la lumière sur les circonstances de la catastrophe, et adjure tous ceux qui ont la charge de veiller à la sécurité du mineur de mettre tout en oeuvre pour que pareil sinistre ne se reproduise plus.
- M. LEBLOND, délégué mineur, rappelle la catastrophe de 1906 (les mêmes causes profondes ont produit les mêmes effets ...), signale les rapports dans lesquels il présentait les dangers en courus par les mineurs, conclut à l'entière responsabilité de l'exploitant, demande l'élargissement des pouvoirs des délégués.
- M. DUGUET, secrétaire de la Fédération nationale du Sous-sol, assure que tout sera mis en oeuvre pour découvrir les causes profondes de cette catastrophe et s'engage à ce que des mesures concrètes soient prises pour éviter de tels accidents dans le futur.
- M. LECCEUR, ex-secrétaire d'Etat, président de la Fédération régionale des mineurs du Nord-Pas-de-Calais : la responsabilité du patron est nettement engagée, "on veut blanchir les coupables : on confie l'enquête aux amis ... Nous ne pouvons avoir confiance en la Direction qui mène cette enquête"..."Nous vous faisons le serment, ainsi qu'à vos familles, de re­doubler d'ardeur pour que les responsabilités soient établies et pour que ceux qui restent soient protégés."
- M. JAYAT, de la C.G.T., s'en prend violemment au patronat et ne mâche pas ses mots pour les rendre entièrement responsable.
- M. le représentant de l'Ambassadeur de Pologne, s'adresse à ses compatriotes pour les réconfortet.
- M. PHALEMPIN, préfet, déclare notamment : "Plutôt que d'évoquer ici des responsabilités qui n'ont pas encore été établies, chacun doit se dévouer et s'unir pour éviter le retour de nouvelles catastrophes."
"La Marseillaise" marque la fin de la cérémonie officielle.

Les trieuses emportent fleurs et couronnes.  Des mineurs transportent les cercueils, à l'épaule, jusqu'aux deux chars qui attendent sur la route nationale.
Et le cortège de s'acheminer douloureusement sur cette route qui conduit au cimetière de Sallaumines, route qui a vu conduire tant de mineurs à leur dernière demeure.
Dans le silence et le recueillement, les cercueils sont descendus dans leur tombe respective. Les amis entourent de leur sympathie les familles éplorées. La foule s'écoule, lentement.
La foule, une foule innombrable : 60 000 ... 150 000 ... 200 000 personnes, ont rendu un dernier hommage aux victimes de la catastrophe de Sallaumines.

La veille des funérailles, en parallèle avec l'éditorial du journal "Liberte", des mots d'ordre de grève avaient été lancés à travers le bassin transformant le jour des obsèques en une journée de revendications politiques. Des mineurs "C.G.T." distribuent un tract : "Hommage de la masse de la corporation minière aux nouvelles victimes du Gouvernement ­Patron".
Ce jeudi 22 avril, l'ensemble des mineurs du Bassin (130 000), n'auraient pas travaillé : est-ce l'amorce d'une grève générale ?
Des cahiers de revendications sont déposés. Les mineurs réclament notamment :
- Le paiement des journées chômées à la suite de la catastrophe,
- Le paiement du salaire intégral pour les blessés,
- L'extension des pouvoirs des délégués mineurs,
- Une augmentation des rations alimentaires,
- Le non-retrait des tickets de rationnement supplémentaires aux familles des victimes,
- L'application d'un plan de constructions d'habitations pour le personnel.

Le vendredi matin, le travail reprend dans les mines.

Dimanche 2 mai. Dans le courant de l'après-midi, une nouvelle circule à travers les corons. Les corps des trois disparus sont retrouvés.
Un sauveteur a découvert en effet vers 11 heures, le corps d'Hélène, presque coupé en deux par l'explosion, à mi­-hauteur du puits.
De là naît une certitude : les deux autres corps sont au fond du puits. Les recherches reprennent. Effroyable dé­couverte : deux corps déchiquetés, mutilés. Gertrude est identifiée par les lambeaux d'un maillot rouge; le P.G. allemand est décapité.
Les corps sont remontés et conduits à l'hôpital Sainte-Barbe.
Mercredi 5 mai, un nombre important de trieuses venues de tout le bassin minier, le voile bleu à la tête, les bras chargés de fleurs, conduisent Hélène et Gertrude à leur dernière demeure.
Après les allocutions du maire de Sallaumines et de deux représentants de la Fédération Régionale des mineurs C.G.T., le représentant du consul de Pologne s'incline devant les victimes.
Une trieuse de la fosse 4 prend la parole : c'est l'ultime adieu à Hélène Loboda et Gertrude Beyer.
Emouvantes funérailles des dernières trieuses, victimes d'une catastrophe minière.

Les délégués mineurs sont élus par leurs camarades de travail pour faire respecter l'hygiène et la sécurité dans les mines. Ils ont à leur disposition un cahier sur lequel ils consignent leurs observations et en marge desquelles les ingénieurs apportent leur réponse.

On ne connaît pas la cause de la catastrophe. Mais une chose apparaît certaine, il s'agit d'un coup de poussier.

Qu'est-il écrit sur le cahier de rapport du délégué de la fosse 4 ? D'octobre 1947 à avril 1948, 28 rapports signalent des accumulations de poussières qui rendent l'atmosphère irrespirable. On peut y remédier par l'arrosage ; mais ...
Un exemple, le rapport 123, du 30 mars 1948 :
"Je me demande pourquoi maintenant, on a interdit l'arrosage au bec de la taille et des convoyeurs, pourtant il y avait là une poussière telle qu'on n'y voit plus clair".
Réponse de l'exploitant :
"Nos pulvérisateurs actuels débitaient trop d'eau, mouil­lant anormalement les charbons, provoquant des accidents dans la marche des lavoirs. Un pistolet à brouillard a été installé à la tête de la trémie pour essai".

Les rapports du délégué mineur sont un réquisitoire accablant contre les Houillères. La politique charbonnière est mise en cause : produire au prix de revient le plus bas possible ne peut se faire qu'aux dépens de la santé et de la sécurité des mineurs.

En 1906, on n'avait pas tenu compte des observations du délégué mineur Simon, dit Ricq. Quelques jours plus tard, ce fut la catastrophe qui ravagea les fosses 2 de Billy-Montigny, 3 de Méricourt et 4 de Sallaumines : 1 099 Morts.

Depuis, dans les galeries, des planches d'arrêt-barrage, dites Taffanels, chargées de poussières stériles, ont été installées au toit. Le souffle d'un coup de grisou fait retourner ces planches ; le mélange des poussières stériles et de charbon empêche la propagation de l'explosion. Ce qui s'est produit à la fosse 4 les chantiers du fond sont restés intacts.

Mais il y a eu un coup de poussières dans le puits.

Le 25 avril, dans une déclaration, la direction des H.B.N.P.C. fait savoir que les causes de la catastrophe demeurent inconnues. 100 mètres du puits ont été explorés, il en reste encore 300 pour tenter de résoudre le problème. "L'explosion ne provenait pas des chantiers du fond. Le puits s'est comporté comme le tube d'un canon ouvert aux deux extrémités. La flamme a soufflé dans les galeries. Mais elle provenait du puits. L'incendie du criblage s'est-il déclaré avant ou après ? On ne le sait". Par ailleurs, il n'y avait pas d'explosifs dans le voisinage du puits. L'accident est sans rapport avec les travaux du fond et "les constatations qui ont pu être faites auparavant par les délégués mineurs ne révèlent aucune relation de cause à effet entre les travaux et le triste événement que nous déplorons". L'examen du puits a permis de constater que les câbles téléphoniques ont été retrouvés en bon état, les câbles électriques à 3 000 volts n'ont pas souffert, aucune trace de court-circuit n'a pu être relevée dans le criblage, la canalisation d'air comprimé de 250 mm de diamètre avait éclaté dans le puits en 22 points différents échelonnés sur plus de 300 mètres, l'un des compresseurs porte les traces d'un coup de feu; on a relevé, dans le voisinage, des dépôts de coke léger, dépôts de produits de distillation d'huile lourde. L'air comprimé se trouvait chargé de matières combus­tibles en proportion suffisante pour constituer un mélange détonant qui a provoqué la destruction de la canalisation d'air, d'où le soulèvement des poussières déposées sur les surfaces internes du puits et l'inflammation du nuage de poussières. Le mécanicien des compresseurs avait prévenu que, depuis huit jours, la vidange d'huile ne se faisait plus. La canalisation d'air comprimé est vieille et "débitait" plus qu'au moment de son installation. Par suite de la modification des procédés de fabrication, les huiles de graissage utilisées à l'origine, pendant et après la guerre ne sont pas les mêmes. On a dit et écrit qu'aucun indice d'incurie n'ayant été relevé, aucun service des Houillères ne pouvait être mis en cause. "La cause de la catastrophe était imprévisible." on ne sait donc pas comment s'est produite l'explosion.
En conclusion, la Direction demande la création d'une commission d'enquête pour "faire toute la lumière sur la catastrophe et éviter le retour d'un semblable accident".

Les mineurs et leurs représentants veulent également une commission d'enquête, mais non d'une commission composée de représentants de l'Etat-Patron. Ils veulent une commission paritaire. Ils n'ont pas confiance en l'Etat-Patron.

Quelque chose heurte l'esprit. L'Etat a imposé les délégués au temps des compagnies privées. Avec les nationalisations, le travail n'a plus devant lui les seigneurs de la mine. Les commu­nistes dénoncent les crimes de l'"Etat-Patron". Le parti de Maurice Thorez condamne-t-il déjà les nationalisations pour en revenir à un système corporatif "la mine aux mineurs" ? C'est ce qui semble ressortir de la lecture d'un article paru dans "Combat" du 24 avril 1948 sous la signature de Jean Texcier.

Le 10 septembre 1948 : Une explosion de grisou due à un incendie dans la veine Léonard de la fosse no 7 - 7 bis des mines de Liévin du Groupe de Lens à Avion, cause la mort de 7 mineurs et en blesse grièvement un autre.
Le 6 avril 1949 : Fosse 11 à Grenay.  Un coup de poussier fait 1 mort et 31 blessés.
Juillet 1949 : Fosse 21 à Noyelles-sous-Lens. Une explosion tue 2 mineurs.
Le 11 mai 1950 : Puits n° 6 des charbonnages de Mariemont-Bascoup à Trazegnies-Piéton.  Un coup de grisou fait 39 morts.
Le 7 février 1951 : Fosse 5 bis de Bruay.  Un coup de poussier provoque 11 morts.
Le 3 mars 1951 : Charbonnage du Bourbier de Châtelet.  Le grisou tue 3 personnes.
Le 17 avril 1952 : Puits du Pêchon à Couillet à -750m.  Une explosion de grisou causée par une locomotive en panne fait 10 morts et 2 blessés.
Le 17 juin 1952 : Charbonnage de Monceau-Fontaine.  12 morts (? Pas d’autres informations).
Le 17 juin 1952 : Charbonnage du Bois des Vallées à Piéton.  Un éboulement fait 2 victimes.
Le 12 août 1952 : Fosse Schneider à Lourches. Un coup de poussier fait 9 morts.
Janvier 1953 : Fosse 7 à Mazingarbe. 2 morts dans un éboulement.
Le 13 janvier 1953 : Puits Marcasse de l’Escouffiaux à Wasmes.  Une explosion de grisou fait 24 morts.
Le 26 septembre 1953 : Puits de l’Espérance à Quaregnon-Baudour.  Une cage qui se détache fait 12 morts.
Le 20 juin 1954: Un coup de grisou survient à la fosse no 1 - 1 bis des mines de La Clarence du Groupe d'Auchel à Divion, cause la mort de 10 mineurs et en blesse 10 autres.
Le 7 octobre 1954 : Puits du Bois des Vallées à Piéton.  Un éboulement fait 2 morts.
Le 18 janvier 1955 : A Firminy, au puits Monterrad, un coup de grisou fait 8 morts.
Le 8 août 1956 : Charbonnage du Bois du Cazier de Marcinelle. 

Le Bois du Cazier au début du siècle

Le Bois du Cazier avant la tragédie

Un jour qui s’apprêtait à être un jour comme les autres… Ce matin-là, 275 hommes étaient descendus dans les profondeurs du sous-sol qu’ils connaissaient si bien pour rejoindre leur poste de travail. C’est à 8h10 du matin que le drame se produit lors d’une tragique méprise : suite à un malentendu avec la surface, un ouvrier, Antonio Ianetta, à -975 mètres, encage à un moment inopportun une berline qui devait expulser de l’autre côté un wagonnet vide. Comble de malchance : celui-ci ne sort pas complètement, bloqué par un arrêtoir défectueux. La berline est restée coincée entre la cage d'extraction et le cuvelage du puits de retour d'air.
Lors du démarrage de la cage, l’un des deux wagonnets qui dépassait accroche une poutrelle. Transformée en véritable bélier, celle-ci endommage gravement une canalisation d’huile, détériore deux câbles électriques à haute tension et provoque la rupture d’une conduite d’air comprimé. La formation d’arcs électriques met le feu à l’huile pulvérisée. Cet incendie, activé par l’air comprimé et par l’action du ventilateur de surface, est alimenté par les coffrages, solives et guidonnages voisins, tous en bois. Le feu gagne rapidement la mine. Ce qui était un simple incident d’encagement vient de dégénérer en véritable catastrophe.

Les deux photos de Camille Detraux qui ont fait le tour du monde.  Deux heures après la catastrophe, la foule des familles massées devant les grilles. On distingue nettement, sur cette dernière, les épaisses fumées émanant des galeries situées à presque 1000 mètres sous terre, sortant des puits d'extraction et d'aérage. Toute la ville est en émoi, chacun est conscient que les mineurs bloqués au fond, ont bien peu de chance de revoir le jour.....

Célèbre photo ce de mineur italien ayant pu sortir à temps et attendant, prostré, le verdict final... mais il sait déjà qu'il y aura peu de survivants.

Par malheur, ce puits d’extraction est aussi celui qui sert à l’entrée d’air. Une atmosphère viciée, chargée de fumée et de monoxyde de carbone, se répand dans toutes les galeries en suivant le circuit d’aération. Le piège mortel vient de se refermer.

L'attente insoutenable des familles

Quelques minutes plus tard, sept ouvriers, parmi lesquels le malencontreux encageur de -975, réussissent à remonter à la surface, accompagnés par les premières fumées noires et denses annonçant le drame. Malgré les tentatives aussi nombreuses que risquées, malgré de nombreux actes de bravoure et une mobilisation générale de tous les moyens de sauvetage, seuls six survivants sont arrachés à cet enfer dans l’après-midi même du 8 août.  Les mineurs y travaillant furent pour la plupart asphyxiés et carbonisés.

Le soir même, le roi Baudouin 1er et le premier ministre, Achille Van Acker viennent sur le site.

La catastrophe a causé tant en Belgique qu’à l’étranger une émotion et un élan de solidarité jamais rencontré auparavant. La presse écrite, la radio, la télévision naissante ont relaté, pendant quinze jours d’angoisse, les opérations de sauvetage conduites avec l’aide du Poste Central de Secours des Houillères du Nord-Pas-de-Calais et de la Centrale de Sauvetage d’Essen dans la Ruhr. Un certain espoir demeure auprès des familles notamment les épouses, les mères et les enfants s’accrochant désespérément aux grilles du charbonnage. Le 23 août, le verdict des sauveteurs, ayant enfin réussi à prendre pied à -1035 mètres, est sans appel.  "Tutti cadaveri" (tous des cadavres) : ce sont les mots du sauveteur Angelo Berto, ne pouvant contenir sa peine. "Allen dood" (ils sont tous morts) ajoutera un sauveteur flamand...

Le lundi 13 août 1956, toute la Belgique est en deuil.
A 10 heures, après l'office religieux célébré en la mémoire des victimes de ce drame minier, on procède à l'enterrement des corps remontés du fond. 

Moments d'émotion insoutenables, les funérailles nationales des 262 victimes du siège du Bois du Cazier de Marcinelle, escortées par leurs compagnons de travail et de misère, auxquelles assistent le Roi Baudouin et son gouvernement.
Des dizaines de milliers de personnes partagent la peine des familles des victimes.
La majorité d'entre elles étaient des ressortissants Italiens.

Certaines victimes n'ayant pu être identifiées sont enterrées dans une fosse commune, les cercueils étant serrés les uns contre les autres, rappelant de façon symbolique la solidarité qui unifiait ces travailleurs du fond...
Le bilan est lourd, au total: 262 morts.

Le Bois du Cazier au moment de sa fermeture

Le Bois du Cazier aujourd'hui. En la mémoire de ces mineurs disparus, le siège du Bois du Cazier de Marcinelle, théâtre de cette catastrophe sans précédent est devenu un sanctuaire, un mémorial en hommage au travail du mineur et en souvenir des disparus.
Il a été conservé intégralement, restauré et est désormais, l'un des Centres Historiques Miniers de la Belgique avec Blegny.

Janvier 1957 : Fosse 21 à Harnes. Un éboulement fait 4 morts.
Le 13 mars 1957 : Recette du puits no 6 bis de la fosse no 6 - 6 bis - 6 ter des mines de Bruay du Groupe de Bruay à Haillicourt. Un éboulement cause la mort de 2 mineurs.
Le 16 mars 1957 : Fosse no 3 - 3 bis des mines de Lens à Liévin. Un coup de grisou suite à un tir d'explosifs cause la mort de 10 mineurs.
Le 16 janvier 1958 : Un coup de grisou suivi d'un coup de poussier au puits Plichon dans la commune de Blanzy fait 29 victimes.
Le 11 février 1958 : La rupture d'un arbre de treuil au bure -510 de la fosse no 4 - 5 des mines de Drocourt à Méricourt cause la chute d'une cage de transport de personnel et la mort des 11 mineurs qui s'y trouvaient.
Le 29 mai 1959 : Un coup de grisou suivi d'un coup de poussier au puits Sainte Fontaine à Merlebach fait 26 morts.
Le 1er août 1961 : Un éboulement dans le puits Saite Fontaine à Merlebach fait 8 morts.
Le 11 mai 1962 : Charbonnage du Petit-Try de Lambusart. Il allait être 12h30, 8 hommes étaient occupés, à 350 mètres sous terre, dans la taille nommée Sainte Marie au Charbonnage du Centre à Maurage. C'était un très beau chantier, la veine a une puissance qui varie entre 80 centimètres et 1,50 mètre. Tous les mineurs disaient que c'était une très belle hauteur, et qu'il était vraiment aisé de travailler dans de telles conditions. Parmi ces 8 hommes occupés dans le chantier, il y avait 7 italiens et un grec.
Ensuite, ce fut le drame. Un banc de schiste s'était détaché sur une longueur de 20 mètres et s'était écrasé sur les 8 ouvriers. La masse éboulée atteignait près de 100 tonnes.
Les secours se mirent de suite au travail. Il est vrai, que dans la mine, un ouvrier était considéré comme vivant, aussi longtemps qu'il n'était pas retrouvé. Dès leur arrivée, les sauveteurs de la Centrale de Marcinelle avaient dégagé dans le haut de la taille, tandis que les sauveteurs du charbonnage attaquaient par le pied. Vers 15 heures, un blessé était dégagé en bas de l'éboulement, il s'agissait de l'ouvrier grec, Georges Aloukos, il avait le bassin fracturé. A 17 heures, un second blessé fut dégagé en haut de la taille, Antonio Pilliteri, père de six enfants, la clavicule et des côtes brisées. Trois corps sans vie furent dégagés entre 18 et 19h30. Les trois dernières victimes sans vie, ne furent retirées que dans le courant de la nuit.
Ces victimes étaient :
Guisseppe Marrali, 37 ans, 2 enfants, habitant Farciennes.
Angelo Barbera, 30 ans, 1 enfant, habitant Wanfercée-Baulet.
Giacomo Pittia, 28 ans, célibataire, habitant Moignelée.
Giovanni Fanara, 23 ans, qui devait se marier en juillet habitant Strépy-Braquegnies.
Bruno Savoi, 38 ans, entré fin janvier, habitant Manage.
Guiseppe Zenobi, 36 ans, veuf, habitant Bruxelles.
Georges Aloukos, 33 ans à l'époque et habitait Bray.
Antonio Pilliteri, 48 ans et habitait Maurage.
Le 21 juin 1962 : Fosse no 13 des mines de Lens du Groupe de Lens-Liévin.  Un éboulement dans la veine Élisa cause la mort de 6 mineurs.
Le 3 mai 1963 : Puits n° 2 du Boubier à Châtelet.  Un coup d’eau fait 2 morts.
Le 17 juin 1964 : Fosse no 5 - 5 bis - 5 ter des mines de Marles du Groupe d'Auchel-Bruay. Une barrière de sécurité se rompt dans une cage et cause la mort de 5 mineurs (chute de 250 m dans le puits).

Le 17 Juin 1964 à 22 H 15, un accident sans précédent dans toute l'histoire des H.B.N.P.C.et des Charbonnages de France, ayant couté la vie de 5 mineurs, est survenu à la fosse N°5 d'Auchel.
Ce Mercredi soir, une trentaine de mineurs du poste de nuit, s'engouffrent successivement dans la cage du puits N°5 ter qui doit les emmener sur divers chantiers situés aux étages 420 et 534 m.
Après que les 27 ouvriers furent installés dans la cage prête pour la descente, le chef taquet referme les portillons de sécurité,en tôles d'acier perforées et en métal déployés d'une hauteur d'un mètre environ, et ordonne au machiniste de la recette la descente dans le puits.
Vers le niveau -400, à la vitesse de 8 mètres/seconde, une secousse violente fît osciller la cage sur ses chemins de roulement.
Les portes se sont ouvertes et 5 mineurs sont inévitablement propulsés dans le précipice du puits ,sans que leurs camarades dans l'obscurité, s'en aperçoivent.
Ces derniers étaient effectivement habitués à rencontrer ce défaut des guides de cage à cet endroit, et corrigeaient leur équilibre au passage de ce seuil critique, que les abouts n'avaient pas réparés, puisque la fermeture définitive du puits était annoncée dans les trois semaines suivantes.
les corps des 5 malheureux firent une chute de 250 mètres.
Il furent retrouvés dans le bassin d'exhaure après avoir été horriblement mutilés par la cage lors de sa descente.
Une enquête judiciaire est ordonnée et une commission d'experts des houillères est déléguée sitôt sur place, de façon à déterminer les circonstances exactes de cette tragédie meurtrière.
Les résultats de l'enquête sont formels : il s'avère que les guides défaillants au niveau -400, en faisant tanguer la cage, on fait sortir les 2 portillons de leurs gonds suite à l'importante secousse subie.
Il n'y eut pas de funérailles officielles, mais trois services religieux furent simultanément célébrés à Marles les Mines, Auchel et Calonne Ricouart, où eurent lieu les obsèques des victimes de cette catastrophe.

Charbonnage d'Auchel au début des années 1960.

Le 1er février 1965 : Fosse no 7 - 7 bis des mines de Liévin du Groupe de Lens-Liévin à Avion. Un coup de grisou se produit dans la veine Marthe et tue 21 mineurs.
Le 25 mars 1966: Fosse Delloye de Lewarde. Un éboulement à -377m de fond dans la veine du Grand Moulin tue 2 mineurs et en blesse un troisième.
Le 3 mai 1968 : A 9 heures 45, au puits Charles à La Roche-la-Molière, un coup de poussier fait 6 morts. Juin 1968: Fosse 13 de Sains en Gohelle. Un accident de tir fait 2 morts.
Février 1969 : Fosse 7 des mines de Liévin du Groupe de Lens-Liévin à Avion. Un coup de grisou fait 16 tués.
Le 24 mars 1969 : Fosse no 10 des mines de l'Escarpelle du Groupe de Douai à Leforest. Une cage de bure chute dans le puits et tue 5 mineurs.
Novembre 1969 : Fosse Barrois à Pecquencourt. Un éboulement fait 4 morts.
Le 4 février 1970 : Un coup de grisou survient dans un traçage de la fosse no 6 - 14 des mines de Courrières du Groupe Centre à tuant 19 mineurs et en blessant 12 autres.
Le 14 avril 1971 : Fosse no 4 des mines de Lens à Lens. 4 mineurs périssent lors d'un accident en raval du puits.
Le 28 novembre 1971 : Fosse Barrois des mines d'Aniche du Groupe de Douai à Pecquencourt. 4 mineurs périssent lors d'un éboulement dans un dressant.
Le 4 mai 1971 : Un effondrement au puits Villaret dans la commune de La Mure fait 8 morts.
Le 08 novembre 1971 : Mort d’un cadre à la fosse Barrois. Accident survenu lors de la remontée. Il a été mortellement blessé par une tôle d'acier qui dépassait du chargement de charbon.
Le 7 novembre 1972 : Puits du Pêchon n° 25 à Couillet.  Un coup de grisou fait 16 morts.
Le 10 avril 1974 : Fosse Agache à Fenain. 2 morts dans un éboulement.
Le 27 décembre 1974 : Fosse no 3 - 3 bis des mines de Lens à Liévin. Un coup de grisou cause la mort de 42 mineurs et en blesse 5 autres.

Le 27 décembre 1974, les familles sont massées devant les grilles fermées de la fosse Saint Amé.
Le coup de grisou dévastateur a eu lieu quelques heures auparavant.

Emouvante cérémonie à Liévin lors des funérailles des 42 victimes qui périrent lors de cette catastrophe. Depuis, chaque année, le 27 décembre, aux pieds du chevalement de la fosse n°3 Sainte Amé, les familles, les camarades de travail et les amis se rassemblent dans une grande solidarité qui unit tous ceux qui font partie de la corporation minière ou qui la côtoient, rendons hommage ce jour, à la mémoire de ces mineurs tués au fond et gardons un profond respect pour leurs familles éprouvées.

Le 26 août 1975 : Calonne-Ricouart. Explosion du terril due au grisou accumulé fait 6 morts.
Le 30 septembre 1976 : Un incendie suivi d'une explosion au puits Vouters à Merlebach fait 16 morts.
Le 25 février 1985 : Un coup de grisou suivi d'un coup de poussier au puits Simon à Forbach fait 22 morts.
Le 21 juin 2001 : Un mouvement de terrain suivi d'un éboulement au puits Reumaux à Merlebach fait 1 mort.

LE DERNIER POUR L'EUROPE OCCIDENTALE !!!

Entre les coups de grisou, les coups de poussiers, les éboulements, les coups d’eau, les décrochements de cage, les incendies et les asphyxies, la liste ci-dessus fait état de plus de 8.000 morts.  Je suis conscient que la liste des accidents ci-dessus est loin d’être exhaustive et donc que je suis loin, très loin de la réalité.  Certains auteurs estiment que les mineurs ayant payé de leur vie l’industrialisation de nos pays ainsi que le confort de nos chauffages domestiques sont estimés à plus de 40.000, sans compter tous les malheureux qui sont décédés étouffés par la silicose quelques années seulement après avoir dû arrêter, forcés et contraints, leur dur labeur.

Retour haut de page


Pour me contacter, me faire part de vos idées, me poser vos questions, me laisser vos remarques, cliquez sur l'image ci-dessous...

Retour vers le sommaire