Le Carbonifère : Le peuple de la mine (4)

La mine et ses installations de surface : la partie visible de l'iceberg car en dessous ce n'est qu'un dédale de galeries.
Dessin L.V.B.

Le charbon dans sa réalité matérielle, objet de toutes les convoitises des 18ème, 19ème et 20ème siècle...
Tant de sueur, de larmes et de sang pour ces quelques cailloux noirs...

Entrée

 

 
 
 
 
Recherches annexes
 
 
 

 

Le
Carbonifère

Carbonifère : Généralités

1.  Le Carbonifère
   1.1.  Etymologie et définition
   1.2.  Caractéristiques du Carbonifère
2.  Les paysages du Carbonifère
   2.1.  Orogénie
3.  La Belgique productrice de minerais

Le Carbonifère inférieur : Viséen - Tournaisien

4.  Le Carbonifère inférieur
   4.1.  Le petit Granit
   4.2.  Les fossiles du Petit Granit

Le Carbonifère supérieur : Westphalien - Stéphanien

5.  Le Carbonifère supérieur
   5.1.  Le charbon
   5.2.  Le climat au Carbonifère
   5.3.  La flore au Carbonifère
   5.4.  La faune du Carbonifère
   5.5.  Les fossiles du charbon

L'exploitation minière du Charbon (1)

6.  L'exploitation du charbon
   6.1.  Les protagonistes
      6.1.1.  André Paillard, dit "AndrédeMarles"
      6.1.2.  Henri Rimbaut, mineur et poète
      6.1.3.  Lucien Hector Jonas, peintre anzinois
      6.1.4.  Marius Carion, peintre du Borinage
      6.1.5.  Joseph Quentin, photographe du peuple
      6.1.6.  Auguste Lesage, mineur, peintre, médium et guérisseur
      6.1.6.  Pierre Paulus, le peintre du prolétariat de Charleroi
   6.2.  Vocabulaire spécifique au monde de la mine

L'exploitation minière du charbon (2)

7.  L'exploitation du charbon
   7.1.  Les différents bassins houillers
   7.2.  Description des veines de houille et des terrains encaissants
   7.3.  Les installations minières
      7.3.1.  En surface
      7.3.2.  En dehors du carreau de la mine
      7.3.3.  Sous terre
   7.4.  Visages des différentes fosses au cours du temps

L'exploitation minière du charbon (3)

8.  Quelques thèmes pour continuer le tableau
   8.1.  L'alcoolisme et la prostitution
   8.2.  Sainte Barbe
   8.3.  Les chevaux dans la mine
   8.4.  Les terrils
   8.5.  Les corons
   8.6.  Cabarets, cafés et estaminets
   8.7.  Les outils du mineur
   8.8.  Les mineurs au cours du temps
   8.9.  Ouvrages décrivant la vie des mineurs au cours du temps
   8.10.  Reconnaissance des travailleurs du passé glorieux des mines

L'exploitation minière du charbon (4)

9.  Les systèmes d'éclairage
   9.1.  Les lampes de mineur à flamme nue
   9.2.  Les lampes de mineur de type Davy
   9.3.  Les lampes de mineur de type Clanny
   9.4.  Les lampes de mineur de type Mueseler
   9.5.  Les lampes de mineur de type Marsaut
   9.6.  Les lampes de mineur de type Fumat
   9.7.  Les lampes de mineur britanniques de type Archibald de Glasgow
   9.8.  Les lampes de mineur à benzine de type Wolf
   9.9.  Les lampes de mineur de type Molnia
   9.10.  Les lampes de mineur à acétylène
   9.11.  Les lampes de mineur de type inconnu
   9.12.  Les lampes de mineur électriques

L'exploitation minière du charbon (5)

10.  Les accidents miniers
   10.1.  Les coups de grisou et coups de poussier
   10.2.  Le feu
   10.3.  L'eau et les inondations
      10.3.1.  Les galeries d'exhaure
   10.4.  Les éboulements
   10.5.  Liste chronologique des accidents miniers

Le Peuple de la Mine (1)

11.  Il était une fois le peuple de la mine
   11.1. Introduction
   11.2.  La découverte du charbon
   11.3.  Petite histoire de l'exploitation du charbon
      11.3.1.  Les premières exploitations minières

Le Peuple de la Mine (2)

      11.3.2.  La houille et la révolution industrielle
      11.3.3.  Les nouveaux riches
      11.3.4.  Les nouveaux riches et le pouvoir
      11.3.5.  La classe ouvrière
      11.3.6.  La classe ouvrière s'organise

Le Peuple de la Mine (3)

      11.3.7.  Zola et Germinal
      11.3.8.  Les thèmes de Zola
         11.3.8.1.  Les femmes
         11.3.8.2.  Les enfants

Le Peuple de la Mine (4)

      11.3.9.  Le Paternalisme
      11.3.10.  La Déclaration de Quaregnon
      11.3.11.  Le Syndicalisme

Le Peuple de la Mine (5)

      11.3.12.  Les conflits sociaux de 1886 en Wallonie
      11.3.13.  Nouvelles lois suite aux grèves

Le Peuple de la Mine (6)

      11.3.14.  La grève de 1906
      11.3.15.  Les premiers immigrés
      11.3.16.  Les grèves de 1913
      11.3.17.  La Première Guerre Mondiale

Le Peuple de la Mine (7)

      11.3.18. Les Polonais
      11.3.19.  L'Entre-deux Guerres

Le Peuple de la Mine (8)

      11.3.20.  La Deuxième Guerre Mondiale
      11.3.21.  L'Après Guerre
      11.3.22. Les années '50 et suivantes : Le Déclin

Le Peuple de la Mine (9)

      11.3.23.  La Culture Minière
         Introduction
         Les Chorales, Harmonies et Fanfares
         Les Géants
         Le Jardinage
         La Colombophilie
         Le Javelot
         Le Sport
            Le Football
            Le Cyclisme
            Le Tir à l'Arc et les Jeux d'Indiens
         Les Combats de Coqs et les Coqueleux
         Les Guinguettes
         Les Bouloirs
         Les Kermesses, Ducasses, Braderies et autres Fêtes Populaires
            Les Braderies
            Les Ducasses et Kermesses
         Autres Loisirs
         La Napoule
         Conclusion
 
       

12. Quelques semaines, en compagnie d'un mineur et de sa famille

   12.1. Au petit matin
   12.2. Le départ vers la mine
   12.3. Arrivé au puits, Jules se prépare
   12.4. La descente aux enfers
   12.5. Au travail
   12.6. La chaleur
   12.7. On étouffe, ici !
   12.8. Le briquet au fond
   12.9. Toujours surveillés
   12.10. Pendant ce temps-là...
   12.11. Fin de journée...
   12.12. Retour à la maison
   12.13. Au jardin.
   12.14. Le souper
   12.15. Tu seras mineur, mon fils !
   12.16. L'accident
   12.17. Le dimanche et la ducasse
   12.18. Et pour finir...

Le Peuple de la Mine (1)

11.  Il était une fois le peuple de la mine

11.1. Introduction
11.2.  La découverte du charbon
11.3.  Petite histoire de l'exploitation du charbon

11.3.1.  Les premières exploitations minières

Le Peuple de la Mine (2)

11.3.2.  La houille et la révolution industrielle
11.3.3.  Les nouveaux riches
11.3.4.  Les nouveaux riches et le pouvoir
11.3.5.  La classe ouvrière
11.3.6.  La classe ouvrière s'organise

Le Peuple de la Mine (3)

11.3.7.  Zola et Germinal
11.3.8.  Les thèmes de Zola

11.3.8.1.  Les femmes
11.3.8.2.  Les enfants

Le Peuple de la Mine (4)

11.3.9.  Le Paternalisme
11.3.10.  La Déclaration de Quaregnon
11.3.11.  Le Syndicalisme

Le Peuple de la Mine (5)

11.3.12.  Les conflits sociaux de 1886 en Wallonie
11.3.13.  Nouvelles lois suite aux grèves

Le Peuple de la Mine (6)

11.3.14.  La grève de 1906
11.3.15.  Les premiers immigrés
11.3.16.  Les grèves de 1913
11.3.17.  La Première Guerre Mondiale

Le Peuple de la Mine (7)

11.3.18. Les Polonais
11.3.19.  L'Entre-deux Guerres

Le Peuple de la Mine (8)

11.3.20.  La Deuxième Guerre Mondiale
11.3.21.  L'Après Guerre
11.3.22. Les années '50 et suivantes : Le Déclin

Le Peuple de la Mine (9)

11.3.23.  La Culture Minière

Introduction
Les Chorales, Harmonies et Fanfares
Les Géants
Le Jardinage
La Colombophilie
Le Javelot
Le Sport

Le Football
Le Cyclisme
Le Tir à l'Arc et les Jeux d'Indiens

Les combats de Coqs et les Coqueleux
Les Guinguettes
Les Bouloirs
Les Kermesses, Ducasses, Braderies et autres Fêtes Populaires

Les Braderies
Les Ducasses et Kermesses

Autres Loisirs
La Napoule
Conclusion

11.3.9.  Le Paternalisme

Premier constat

Au milieu du XIXe siècle, une partie du patronat s’aperçoit de la misère ouvrière et développe une politique sociale. Au départ de cette prise de conscience, il y a l’impact du rapport Villermé, qui sera à l’origine des premières lois sur le travail des enfants, et le tableau très noir dressé par l’armée sur la santé des conscrits issus du monde ouvrier. En outre, les barricades de 1848 vont effrayer la bourgeoisie.

Les ouvriers ne mangent pas à leur faim et vivent dans des taudis. Face à ces conditions de vie, des patrons redoutent la montée des idées socialistes et les révoltes. Ils craignent également des lois sociales de la part de l’État.

Pour eux, il est impératif de supprimer une des principales causes de révolte en fournissant des logements.

La première solution trouvée est de construire de véritables casernes, des espèces de grands bâtiments peu fonctionnels, qui seront abandonnées dès 1845, parce qu’ils sont devenus des "foyers d’immoralité, de rébellion et de criminalité".

Deuxième constat

Jusqu'au XIXème siècle, la stratégie du bâton prévalait dans certaines manufactures et fabriques. La violence a toutefois ses limites, car si elle peut forcer à l’obéissance, elle ne parvient pas nécessairement pour autant à la faire accepter. Elle ne suffira donc pas pour moraliser la classe ouvrière. Cette pratique était encore marginale, car jusqu'au milieu du XVIIIème siècle, la France était majoritairement composée de petits patrons, d'exploitations rurales familiales, d'artisans et de commerçants. Dans les grandes villes, les grandes manufactures, filatures, entreprises sidérurgiques, mécaniques et autres mines de charbon, les valeurs à inculquer à la classe ouvrière ont souvent été perçues comme capitalistes dans les pays occidentaux : elles sont vues comme visant à légitimer le rapport salarial, et donc à présenter comme normale l'obéissance de la classe ouvrière.

Troisième constat

Les comportements dysfonctionnels sont réprimés par un système de sanctions négatives ou d’entraves aux libertés individuelles. Les règlements sont stricts, les devoirs et obligations sont multiples pour les travailleurs. Les règlements étaient en fait une suite d’interdictions en tous genres. Cette méthode est relativement peu efficace. Elle crée des tensions et entraîne le rejet par les travailleurs, du travail en usine et du capitalisme. De plus, sa mise en œuvre coûte cher.

Solution

A la répression systématique, les grandes entreprises naissantes ont donc adopté un modèle de doctrine qui légitime un rapport de force. Il s’agit d’un “patron éclairé”, humain, un véritable père pour ses ouvriers. On dira qu’il assume ses “devoirs de père” envers “ses enfants salariés” qui lui doivent obéissance (même s’ils sont majeurs).

Cette attitude voulait répondre aux problèmes rencontrés en prenant en charge l’ouvrier.

Dans ce système de dépendance qui combine assistance et soumission, le patron doit, par-dessus tout, développer le sens moral grâce à la religion. Le système qui se développe dans l’industrie et les mines assure lutter contre l’inconduite de la classe ouvrière et la ramener vers la religion. Le patron, qui accorde des avantages, s’octroie un droit de regard sur la vie privée de ses salariés. Ainsi regroupés dans des cités, ils sont facilement surveillés. Le discours religieux est permanent. Le patron prêche la bonne morale, le besoin de discipline, l’amour du travail bien fait, l’obéissance…

Cette nouvelle doctrine fut, tout naturellement appelée "Paternalisme".

Le paternalisme est défini comme le caractère familial des relations entre employeurs et employés. La relation entre le patron et le travailleur est telle une relation père/fils. Le patron assume l’autorité et les devoirs d’un père à l’égard de ses "enfants salariés" dont le seul souci est le "bien commun". Il est responsable de leur bien-être matériel et moral en contrepartie de quoi ils lui doivent respect et obéissance. "Le patron doit être un père à qui Dieu impose l’obligation de remplir les devoirs de la paternité aussi bien au point de vue spirituel que matériel".

Plusieurs entreprises du XIXème siècle et XXème siècle ont développé une organisation paternaliste, qui, bien souvent, pouvait apporter aux ouvriers un certain nombre d'avantages sociaux que la société ne pouvait pas encore leur fournir de manière généralisée comme l'éducation , le logement et les soins médicaux.

Hygiène de vie, morale et Foi... selon le patronat.

Être logés par la Compagnie minière pousse les salariés à rester dans la compagnie sans quoi ils perdent leur toit. Ainsi, les cités ouvrières ou minières en France, appartenant au capitalisme, lui permettaient de prolonger son contrôle sur la vie ouvrière hors de l’enceinte des fabriques. Par une politique de faibles loyers, les capitalistes rendent efficace la politique de moralisation et de "disciplination". Les ouvriers se conduisent mieux et sont plus présents au travail. L’absentéisme diminue. L’employé doit alors se soumettre aux normes sans quoi il perd logement et jardin bon marché. Cette politique de logement s’implante dans toutes les régions industrielles. L’épargne est encouragée, pour faire face à "l’imprévoyance" et à "l’inconduite". L’entreprise incitait aussi ses ouvriers à accéder à la propriété, en développant "la passion de la propriété", car à terme, l’ouvrier avec ses économies pouvait s’acheter à bas prix, sa petite maison. Mais acheter sa maison sur le terrain de l’usine ou de la mine soumet à jamais le travailleur et ses enfants aux lois de l’entreprise. Propriétaire, oui, mais enchaîné à l’entreprise et soumis à ses lois.

Une ville privée avec ses règles propres, ses lois et son code de bonne conduite… L’accès au logement dans l’enceinte de l’entreprise est considéré comme une récompense pour la qualité du travail fourni, il est attribué après une enquête morale.

Église de la cité Sessevalle

L'idée qui prévalait alors, pour certains patrons, chrétiens ou libéraux, était l'idée de prendre soins de "leurs" ouvriers afin qu'ils soient satisfaits, voire fiers, de leur entreprise, consciencieux au travail et fidèles à l'employeur qui situait souvent son action économique dans un modèle d'emploi à vie pour ses ouvriers.

C’est un système prévu pour infantiliser les subordonnés. En substance, il est implicitement supposé que les employés sont comme des enfants, incapables de se gérer eux-mêmes et ont donc besoin d'être encadrés, orientés, moralisés afin de pouvoir accéder, s'ils en acquièrent les qualités, au statut des classes moyennes, voire dirigeantes par le recrutement interne. Mais ce dernier point n’est juste qu’une utopie qu’on fait miroiter aux ouvriers car dans l’esprit du patron un ouvrier est et reste un ouvrier.

L’ouvrier devient dépendant de l’entreprise. On estime moralement souhaitable qu’une personne décide à la place d’une autre, pour son bien. L’entreprise paternaliste assure une large emprise sur ses ouvriers et leurs familles. Tout lui appartient : l’usine ou la mine, les logements, les commerces, le lavoir, l’école, l’hôpital, l’église…

Dispensaire (à gauche), école (au centre) et église en construction (à droite). Tout appartient à la Compagnie minière.

Pour augmenter la dépendance, un système de crédit a été mis au point dans les commerces. Les sommes dues sont directement retenues sur les salaires. Le patronat instaura le truck-system : il ne payait qu’une partie du salaire de l’ouvrier en argent; pour le reste, ce dernier recevait des bons avec lesquels il devait obligatoirement s’approvisionner dans les boutiques rattachées à l’usine.

Écoles de la cité Notre Dame d'Aniche.

Écoles de la cité Sessevalle d'Aniche.

Écoles de musique de Bruay.

École professionnelle de Montigny

En vue de respecter la loi qui impose désormais aux enfants de fréquenter l'école au moins jusqu'au certificat d'études, les compagnies minières vont bâtir au sein même des cités minières des écoles primaires "réservées" aux enfants de mineurs.  On y dispensera souvent un enseignement confessionnel car les mineurs doivent être de "bons chrétiens", mais s'attachera aussi et surtout à la lecture, l'écriture, les mathématiques et les sciences.

École primaire de Marles, 1919

Afin de s'assurer une continuité dans le personnel, les compagnies minières mirent en place des Centre de Formation Professionnelle car il est entendu que les fils de mineurs deviendront mineurs à leur tour. A coté des mines images et des cours théoriques, les maquettes sont un moyen d'enseignement très apprécié aussi bien par les formateurs que par les élèves puisqu'elles permettent de reconstituer d'une façon très suggestive la réalité des terrains, les particularités d'exploitation et ce avant même que que les élèves n'aient des cours pratiques.

Élèves futurs mineurs étudiant le boisage d'une galerie de mine.

Étudiants s'essayant au maniement des outils de mesurage des niveaux.

Apprentissage de l'installation d'un boisage.

Travail au marteau piqueur dans une mine image.

Étude d'un grisoumètre Léon monté sur une lampe Musy n°3 des mines d'Anzin, par un groupe de l'Ecole des Maîtres Mineurs qui deviendra plus tard l'École des Mines.

Quant aux jeunes filles, elles ne peuvent plus travailler au fond. De toute manière, en tout état de cause, on ne leur demande rien d'autre que d'être de bonnes ménagères, de s'occuper correctement de leurs enfants et de leur mari mineur...  A cet effet, des écoles ménagères furent instaurées. 
Toutes les jeunes filles dont l'un des parents est membre du personnel des Houillères peuvent, gratuitement, suivre les cours des centres d'enseignement ménager et familial, réservés aux filles de 14 à 18 ans.
Le but de ces centres n'est pas de préparer les élèves à un diplôme, leur objet essentiel est l'entrainement à la vie pratique de tous les jours et, ceci, dans les moindres détails. Elles reçoivent là, une instruction spécialement adaptée aux problèmes de la vie familiale dans le milieu minier; ainsi, sur le plan de l'alimentation, il y a un équilibre à rechercher entre le briquet que le mari emmène au fond et le repas qu'il prendra chez lui. La jeune fille apprend aussi tous les soins qu'elle doit donner à un jeune bébé, elle apprend à connaître les maladies de l'enfant. Elle apprend à couper et à confectionner des vêtements dans le but d'apporter des économies appréciables dans le budget familial tout en ayant des vêtements de bon goût. Elle se verra enseigner les règles de la bonne éducation familiale... des éléments de législation applicables à la vie courante pour que, demain, elle puisse connaître ses droits en matière de crédit à l'équipement ménager, les droits de son mari en matière de salaires, de retraites, les allocations familiales; on la préparera aussi à bien occuper ses loisirs par le sport, des études de milieu, l'audition de disques adaptés, des lectures convenables, l'exercice au dessin et à la prière...
On dit souvent " femme de mineur, femme de seigneur " voulant exprimer par là l'idée que la femme de mineur ne travaille pas mais tient son ménage...
L'enseignement ménager familial, tel qu'il est conçu par les Compagnies Minières prépare les jeunes filles d'aujourd'hui à être les femmes du mineur de demain.

Les élèves d'une école ménagère en compagnie de leur professeur.  L'uniforme porté par les étudiantes et le cadre propret ne cadrent pas avec la vie de tous les jours dans les cités minières... Pour ces jeunes filles, l'entrée dans la vie familiale risque d'être assez brutal... mais elles le voient déjà chez eux avec leur mère s'occupant de leur père et éventuellement de leurs frères.

L'école ménagère au début des années 1960.

Autres avantages.

En somme, la ville-usine devient la base du développement d’une foule d’institutions qui encadraient tous les comportements de la vie quotidienne des ouvriers. L’ensemble de la reproduction de la force de travail est prise en charge par le patronat : logement, consommation ouvrière (économats, coopératives, boulangeries, lavoirs, épiceries, cantines, avec un système de crédit qui se déduit du salaire), loisirs (équipements, sportifs, musique…), formations générales ou professionnelles, écoles ménagères, cours du soir…), vie spirituelle (un lieu de culte est édifié)… Ces avantages constituent le salaire indirect.

Goutte de lait instaurée par la Compagnie des Mines d'Auchel au début du XXème siècle (Anc. carte postale) Ce dispensaire était destiné aux nouveau-nés et aux consultations prénatales assurées par des religieuses, car à l'époque les maternités n'existaient pas encore et les femmes accouchaient bien souvent à la maison.
C'est également dans ce type d'établissement sanitaire que la Compagnie distribuait aux mères de famille le lait aux nourrissons quand ces dernières ne pouvaient allaiter d'où cette appellation "Goutte de Lait".
Plus tard, les visites médicales scolaires et annuelles s' y déroulaient, on y faisait même des séances de vaccination.
Le bâtiment de la Goutte de Lait d'Auchel a ainsi connu des queues interminables d'enfants tremblants et de mamans anxieuses.

Le même bâtiment rénové (même vue que sur la carte)

Le même bâtiment rénové (de face)

Le même bâtiment rénové (de face)
De nos jours, ce petit bâtiment étant un des témoins de notre patrimoine minier local, n'a pas subi de transformations majeures; juste une remise en état à travers laquelle on a conservé l'essentiel de son architecture originelle permettant ainsi, à de nombreuses générations d'Auchellois, de se remémorer bien des souvenirs.
Comparativement aux photos contemporaines, la restauration récente de cet édifice n'a pas altéré de façon majeure, la magnificence de l'architecture d'origine.
A noter que ce bâtiment est toujours visible, il se situe juste à coté de l'actuel commissariat de police d'Auchel.

L’entreprise paternaliste pénètre tous les aspects de la vie privée de ses ouvriers, rien n’échappe au patron qui, en outre, est généralement le maire ou le député. Tout est encadré, contrôlé par l’entreprise et le patron est aidé dans cette tâche de gestion par un grand nombre de surveillants, de gardes qui n’hésitent pas à mettre à l’amende tout comportement incivique. Ces gardes ont les mêmes pouvoirs que les gardes champêtres ou les policiers publics. Le contrôle est total de la naissance à la mort.

Le patronat a, en particulier, mis sur pied des œuvres ouvrières et des activités sociales destinées à contrôler les ouvriers, et les encadrer et à tenter de les emmener progressivement à un mode et à une hygiène de vie salvateurs, en rentrant donc dans un système de production.

Le patronat a pensé aussi aux blessés, aux malades, aux infirmes. Les soldats des souterrains, comme ceux de l'armée, méritent d'avoir leurs Invalides. C'est pourquoi le patronat a fondé une infirmerie, où les ouvriers sont soignés gratuitement. Conforme à l'idéologie des Compagnies Minières bâtisseuses de ces corons, qui considéraient que ses employés mineurs étaient tous égaux, unis et associés dans un travail commun, le patronat crée une caisse de secours ou de prévoyance, appelée caisse des Invalides du travail, à laquelle chacun contribue par une retenue de 3% sur son salaire mensuel. Cette caisse de solidarité règle les dépenses médicales et pharmaceutiques et assure à l'ouvrier, malade ou blessé, les visites du médecin et les remèdes, et de plus une paye journalière - le tiers du salaire au maximum - peuvent être améliorées par le bureau de Bienfaisance. L'ouvrier vieux et infirme jouit d'une retraite jusqu'à sa mort. Mais, ces aides sont attribuées en fonction de la bonne conduite sociale et morale du malade.

Autres "cadeaux".

Les ouvriers doivent être fiers de leur entreprise. Dans un esprit de méritocratie ouvrière, on récompense les meilleurs travailleurs qui se sont distingués, par leur talent, par leur assiduité, ou par un acte de courage. Au cours de cérémonies virant à la mise en scène, on les met en évidence en leur offrant des satisfactions comme des médailles, des prix, des diplômes d’ouvrier du mois, des primes… et, pour un nombre très limité d’entre eux, la possibilité d’accéder à un statut supérieur.

Médaille du mérite.

On tente de créer une émulation en organisant des concours : l’appartement le mieux tenu, la maison la plus fleurie, le plus beau jardin…

Pour le patronat, le problème crucial est d’attirer des ouvriers et de fidéliser la main d’œuvre qui a été formée. Dans cette optique, le paternalisme permet de lutter contre la disparité de la main-d’œuvre. Cette disparité concerne une concurrence féroce entre les entreprises pour attirer les ouvriers : des avantages sont offerts. Les ouvriers quittant une entreprise pour une autre est récurrent au XIXème siècle. Pour quelques centimes de plus ou un avantage en nature quelconque les ouvriers démissionnent et se font engager par la concurrence. En France, le turn-over dépasse souvent le dixième de l’effectif quotidien d’une entreprise, ce qui pose de graves problèmes de gestion : les ingénieurs ne peuvent plus établir de prévisions sérieuses de leurs activités.

Le paternalisme abandonne donc le bâton au profit de la carotte : les politiques paternalistes consistent à privilégier les sanctions positives en récompensant les conduites valorisées par les employeurs plutôt que la punition.

L’efficacité du paternalisme est un avantage incontestable pour les ouvriers. Pour attirer la main-d’œuvre, l’emploi industriel doit être désirable : l’entreprise se devait donc de se différencier de ses concurrents en offrant "quelque chose en plus". Fixer la main-d’œuvre est nécessaire. Pour cela, le départ volontaire d’un ouvrier doit lui être rendu coûteux par la perte de nombreux avantages. Tout départ volontaire doit avoir un coût dissuasif aux yeux du travailleur. Plus la privation d’un avantage représente une gêne et plus il est efficace comme instrument de contrôle.

Le problème de la main-d’œuvre est partiellement réglé par le fait que l’ensemble des membres de la famille étaient mis au travail, ce qui facilite en outre la transmission héréditaire du métier. La famille est le lieu de transmission de divers savoir-faire et d’une culture qui imprègne les enfants dès le plus jeune âge.

Dans ce système, la carotte dissimule à peine le bâton. En cas de conflit, l’armée occupe le site et emprisonne les “meneurs”. Lorsqu’un ouvrier est repéré comme “meneur”, toute sa famille, même éloignée, perd son emploi et son logement.

En cas de grève, tout le personnel peut être mis en demeure de quitter les lieux. C’est ce qui s’est passé en Camargue, à Salin-de-Giraud, en mars 1906. Au bout d’un mois et demi de grève pour les salaires, la journée de travail et les loyers, les 1200 à 1300 habitants de la cité Solvay perdent leur travail et leur logis et, munis d’un bon de transport, ils sont conduits sous escorte militaire à la gare.

Voici le témoignage d'Achille Mangin, 82 ans en 2008, 32 ans de fond à la fosse d'Anzin et qui décrit une vie d'esclavage doré : "Tout dans cette localité appartient à la société. Non seulement l’entreprise et l’usine, mais aussi les maisons, la salle des fêtes, l’hôpital, la coopérative. La gare ne pourrait s’agrandir que sur les terrains d’alentour appartenant à la Compagnie. L’église et la chapelle ont été construites sur un terrain appartenant à la Compagnie et ils ont fait venir un prêtre, payé par les houillères."

"Ici, même l’église appartient à la compagnie minière et les mineurs se doivent de respecter les sacrements. Il faut un certificat de communion pour être embauché à la mine et surtout un mariage religieux pour obtenir une maison. Les célibataires sans famille sont logés dans des espèces de dortoirs où s’entassent 10 ou 12 jeunes hommes dans un deux pièces minable. Là, chaque jour et à tour de rôle l’un d’entre eux est désigné pour faire la popote pendant que les autres travaillent."

"De nombreuses routes desservant la commune sont des voies privées appartenant à la Compagnie. Le commissaire de police loge dans une maison appartenant à l’usine. Le maire est aussi un employé de la Compagnie. On allait à l’école des houillères. On allait au bistrot tout près de notre lieu de travail. Il y avait aussi la cantine qui appartenait aux houillères. Le tenancier de la cantine pouvait, si le mineur le lui demandait, toucher sa quinzaine si elle était payée au moment où il était au fond et que personne dans sa famille ne pouvait la récupérer pour lui. Le soir, on passait à la cantine pour recevoir sa paie… et évidemment, on ne pouvait pas faire autrement que de boire un verre."

"L’épicerie était une coopérative des houillères qui servaient des produits de première nécessité fabriqués pour les houillères."

"Je me rappelle que ma mère achetait le "Beurre des Mines", un beurre salé et de couleur jaune avec des marbrures plus claires car il contenait autant de margarine que de beurre et il était mélangé à la hâte si bien qu’on distinguait encore la margarine du beurre."

"On mange de la mine à table, on mange de la mine toute la journée, à l’école on mange de la mine, on vit dans des corons, les femmes des corons sont des femmes de mineurs, les enfants sont des enfants de mineurs, on ne parle que de mine, on ne parle que de charbon. On sait déjà que la destinée de 9 enfants sur 10, après le certificat d’étude, c’est d’aller au fond. La plupart des enfants ne savent même pas qu’il existe d’autres métiers. Ils sont dans un environnement de mineurs, dans un village de mineurs où tout appartient à la mine : les maisons appartiennent à la mine, l’école appartient à la mine, le magasin appartient à la mine, la cantine appartient à la mine, le médecin qui soigne les gens est payé par la mine."

"C’est quand même les avantages en nature qui faisaient le salaire du mineur. Imaginez le SMIG net et que de là vous devez retirer le loyer, le chauffage, le médecin… ça fait beaucoup moins dans sa poche. C’est des avantages en nature… C’est du net d’impôts. Il rentre chez lui, il n’a pas de loyer à payer, il doit se chauffer, il a du charbon tout plein et le médecin il ne le paie pas."

Ici, j'ajoute un bémol à la déclaration d'Achille Mangin.  A propos du charbon livré aux mineurs par la Compagnie.  Mon grand père, quand il a débuté sa carrière en tant que mineur de fond dans les années '20, percevait 400 kg de charbon par mois pour la saison d'hiver (décembre, janvier et février) et 250 kg de charbon par mois pour le reste de l'année, ce qui fait un total de ((400kg x 3)+(250kg x 9)) = 3.450 kg pour l'année. 

Poêle crapaud

En sachant qu'il n'y avait pas de gazinières et encore moins de cuisinières électriques à l'époque, toute la cuisine devait se faire sur le poêle.  Le poêle était donc la seule source de chaleur pour se chauffer mais aussi pour préparer les repas et donc, chaque jour, il fallait l'allumer : du papier, du petit bois et du charbon.

Un rapide calcul permet de se rendre compte que la famille devait se satisfaire de moins de 10 kg de charbon par jour pour se chauffer et cuisiner... ce qui est évidemment bien peu...

Chaque membre du personnel perçoit son indemnité de chauffage en nature.
Régulièrement le tombereau vient culbuter sa charge à la porte du mineur.
Chaque fois que l'on trouve 100 Francs de salaires au prix de revient du charbon, les Houillères ont dépensé pour les charges sociales 84.60 F.
Le chauffage du personnel, entre autres, constitue une partie de ces charges.

Le mineur reçoit de la Compagnie, comme un avantage en nature, le charbon pour l'hiver.
Ici, un tombereau de charbon livré chez un mineur en 1950. A cette époque, les Houillères n'employaient plus les chevaux au fond pour tracter les berlines. Les berlines étaient tractées parles locomotives diesel ou électriques. Les chevaux servaient au jour à d'autres tâches, dont celle de moyen de livraison du charbon aux employés des compagnies minières.

L'avantage matériel peut être concrétisé par une certaine quantité (en fonction des jours de travail prestés et en fonction du nombre de personnes composant la famille) de charbon de première qualité en "gaillettes"...
Ici, une livraison de charbon effectuée lors de l'hiver 1966. Cette émouvante photo d'un enfant qui aide sa maman à rentrer le charbon livré par le transporteur de la Compagnie Minière dans un coron de Bruay en Artois a fait la Une du journal mensuel "Bruits et lumières" de février 1966. Au dessus le voisin rentre son charbon au moyen d'une brouette.

Au lieu de choisir de recevoir du charbon de première qualité en "gaillettes", le mineur peut opter pour une quantité plus importante de charbon de moins bonne qualité ou de boulets...
Ici un chargement de boulets déversé sur le trottoir et rentré dans la cave par le soupirail par la ménagère, pendant que son époux est au travail.

Les boulets et briquettes étaient souvent réservés aux retraités qui percevaient encore cet avantage
Ici, un retraité ayant reçu son avantage en boulets pour passer l'hiver.

Quand les pavillons étaient à même sur la rue, rentrer le charbon à la cave depuis le soupirail était déjà une sacrée tâche, mais quand il y avait un jardin de 30 mètres à traverser depuis le trottoir où il était ballé, jusqu'au lieu de stockage, c'était une véritable corvée.
Le pire, après tous ces efforts, c'était que la ménagère devait nettoyer toute la maison, car même avec la porte de cave fermée, la poussière de charbon se déposait partout !....

Livraison de charbon par bateau dans le marais picard.

Quand la famille avait trop peu de charbon pour se chauffer et cuisiner avec ce qui lui était octroyé pour la saison, elle pouvait en acheter à bon prix à la Compagnie.  On le pesait avec cette balance et le mineur l'emportait.  Il le payait au comptant et s'il ne pouvait le faire, la Compagnie lui retenait le prix de son charbon sur sa quinzaine.

"On peut dire , continue Achille Mangin, que tout était organisé par la mine, pour la mine et autour de la mine. Donc dans la mentalité des houillères, tout était organisé, planifié. On ne devait penser à rien. Tout avait été pensé pour nous."

"Aux kermesses, on s’amusait entre nous, on dansait entre-nous et pour finir, les fils de mineurs mariaient des filles de mineurs. Tout gravitait autour du mineur. Quand j’ai démarré à 18 ans, j’arrivais à doubler, tripler même le SMIG parce que plus j’en faisais, plus je remontais de charbon, plus je faisais de surface, plus le faisais de mètres d’abattage, plus j’étais payé. Parce que quand on est jeune, on est fougueux, puis on veut gagner de l’argent, on en veut, on demande d’aller à l’abattage, on veut travailler dur pour en gagner de l’argent. Plus on ramenait d’argent à maman, plus on avait de l’argent de poche pour sortir le samedi et le dimanche. On allait au cinéma avec les copains, on allait danser à la guinguette… et puis on pense à se marier, à avoir des enfants… on sait qu’on va avoir un logement, qu’on va avoir une vie de famille… c’est formidable ! Alors on en pense plus à rien d’autre… même si on se rend compte après coup que tout est organisé, planifié par les houillères qui gèrent tout, qui pensent à tout pour vous et qu’au résumé de tout on est né dans une cité minière on y vivra, on y travaillera, on s’y mariera on y aura des enfants et on y mourra… et ce sera pareil pour nos enfants, sans espoir d’une autre vie. Moi, au départ, je n’y ai vu que des avantages car la solidarité qu’on trouvait au fond de la mine, on la retrouvait aussi en surface. Il y avait des liens très forts, il y avait une entraide et une certaine considération. Une certaine éducation, car tout le monde se connaissait et dans les cités des mines quand on disait pas "bonjour" au voisin, quand ch’père y rentrait, ben on s’en souvenait ! Mais oui, si tout était pensé pour nous, on n'avait pas d'autre vision que la mine et en fin de compte sous des apparences de faux bien-être, on n'était quand même pas libres."

Les salaires

En 1832, en Belgique, une famille de mineurs composée de quatre personnes et travaillant toutes à la mine gagnent en à peu près 760 francs. Les quatre salaires sont différents. Le père, pour 300 jours de travail au fond ramène au foyer 450 francs. La mère, elle, travaille 200 jours au triage pour une paie annuelle de 180 francs. Quant aux deux enfants, ils ne sont engagés que 80 jours (scolarité oblige) pour un salaire de 65 francs chacun. Mais les salaires varient selon les régions et selon les compagnies minières. Le budget familial est divisé en fonction des besoins les plus pressants. Dans ces conditions, il est très difficile d'économiser car il n'y a jamais trop d'argent. Les salaires journaliers pour quinze heures de travail, pour un homme revient à 2 francs, pour une femme à 1 franc. Pour les deux enfants, ils sont payés de 30 à 40 centimes selon leur âge. L'ouvrier doit être avant tout productif, pour qu'il puisse travailler le mieux possible; il doit bien se nourrir et, pour cela, il lui faut un salaire suffisant. Ainsi, il s'agit pour les patrons de payer suffisamment mais sans plus, voire même un peu en dessous du niveau vital afin de maintenir l'ouvrier légèrement endetté créant ainsi une forme de dépendance. Les salaires, très étalés dans le temps, varient selon les primes, selon si l'on a une amende ou non.

Établissement du pouvoir d’achat d’une famille de mineur (Père, mère et 3 enfants) en 1857

1 F de 1857 = 2,O4124 € de 2004

510 F par an en 1857 équivaut à 1041,03 € en 2004 !

Dépenses

En F

Bilan

Pain

1kg de pain de froment de 1ère qualité

0,44

300 jours de travail effectif par an à raison de 12 heures par jour (365 jours – 52 dimanches et fêtes religieuses).

Salaire journalier moyen : 1,70 F soit 510 F par an

Pain : 1kg tous les 2 jours : 183 x (Moyenne) 0,35 F = 64,05 F

Viande : 1kg par semaine : 52 x (Moyenne) 1,68 F = 87,36 F

Beurre des mines : 1kg pour 2 semaines : 26 x 1,5 F = 39 F

Huile : 1 litre par mois : 12 x 0,20 F = 2,40 F

Saindoux : 1kg pour 2 semaines : 26 x 1,20 F = 31,20 F

Œufs : 2 douzaines par mois : 2 x 12 x 0,51 F = 12,24 F

Sel (Seul assaisonnement et seul moyen de conservation) : 6 F

Vin : 1 litres par semaine : 52 X 0,42 F = 21,84 F

Bière - café : 1 litre par jour : 365 x 0,13 F = 47,45 F

Genièvre : 1 litre par semaine : 52 x 1,57 F = 81,64 F

Lait : 1 litre par jour : 365 x 0,11 F = 40,15 F

Légumes fournis par le jardin. Semences : 1 F

Épicerie divers à la cantine par an : 20 F

5 stères de bois par an : 2,29 x 5 = 11,45 F

Le mineur peut revenir chez lui avec les déchets de boisage

Charbon fourni par la mine : 0 F

Habillement pour la famille : 30 F par an

Logement dans le coron : 40 F par an

Toilette et lessive : 17 F par an

Impôts : 9 F

Si le mineur ne fait pas des heures supplémentaires, si son épouse de travaille pas un peu au triage (à raison de 0,95 F par jour)… et en comptant que le mineur produise lui-même des pommes de terre et ses légumes, au bout de l’année, il est de près de 50 francs en déficit.

Le ménage doit consommer moins au risque de manquer du strict nécessaire…

Tous les produits de première nécessité viennent de la cantine (magasin de la Compagnie) où tous les mineurs ont une « ardoise » qu’ils règlent autant que possible à la quinzaine.

S’ils ne le peuvent pas, la cantine (et donc la Compagnie) prélève une petite somme « à la source »). Les dettes des ménages s’accumulent, ce qui donne un argument à la Compagnie pour empêcher un ouvrier de quitter son emploi pour rejoindre une autre mine (qui paierait mieux) tant qu’il n’a pas apuré sa dette en prestant des heures de travail non rémunérées. Un moyen de pression supplémentaire permettant de garder ses ouvriers.

Au moment de la retraite ou du décès du mineur, les dettes ne s’effacent pas. Ses enfants en héritent… et le cercle vicieux de la dépendance continue.

510,00 F

-64,05 F

-87,36 F

-39,00 F

- 2,40 F

-31,20 F

-12,00 F

- 6,00 F

-21,84 F

-47,45 F

-81,64 F

-40,15 F

- 1,00 F

-20,00 F

- 11,45 F

-30,00 F

-40,00 F

-17,00 F

- 9,00 F

-51,30 F

1kg de pain de froment de 2ème qualité

0,34

1kg de pain de froment, seigle et orge

0,26

Viande

1kg de viande de bœuf/vache qualité moyenne

1,10

1kg de viande de mouton qualité moyenne

1,20

1kg de viande de veau qualité moyenne

1,40

1kg de viande de porc qualité moyenne

1,40

Volaille

1 poulet

0,85

1 oie

2,25

1 dinde

5,12

1 canard

1,31

1 pigeon

0,50

1 lapin

2,35

Beurre / huile

1kg normal

2,20

1kg beurre des mines

1,50

1 litre d’huile

0,20

1kg saindoux

1,20

Œufs

La douzaine

0,51

1kg pommes de terre

Produits par le jardin ? Si oui = 0 F

Semences : 1 F

0,03

1kg de légumes

0,20

Sel / an

5

1 litre de vin rouge

0,42

1 litre de bière

0,13

1 litre de genièvre

1,63

1 litre de lait

0,10

1 stère de bois

2,29

Logement dans le coron de la mine / an

40

Logement hors du coron de la mine / an

60

Habillement / an

30

Savon toilette et lessive / an

10

Chauffage fourni par la mine

0

Impôts / an

7

La hiérarchie

Dans la mine, il faut une hiérarchie bien installée pour maintenir la discipline et mieux organiser les différentes tâches. La hiérarchie, elle aussi, s'étale beaucoup. En bas de l'échelle se trouve les galibots. Puis nous montons dans la hiérarchie en devenant (pour ceux qui travaillent au fond), rouleur, hiercheur, mineur abatteur, agent de maîtrise (chef d'équipe), surveillant (porion), et maître porion. Viennent ensuite les cadres supérieurs comme artificier-bouttefeu, géomètre-traceur, géologue. Au jour, on trouve les rouleurs, les trieurs, machinistes, lampistes et autres ouvriers de maintenance et d'entretien. Dans les bureaux, nous trouvons les "ronds de cuirs" représentés par les comptables, les dessinateurs, les ingénieurs et tout en haut, celui qui dirige tout ce petit monde : le directeur. L'échelle hiérarchique est plus ou moins grande selon la grandeur de l'entreprise. L'utopie est de laisser croire de manière délibérée (à tort) à ceux qui sont au bas de l'échelle qu'ils pourront un jour, à force de travail, accéder aux fonctions plus importantes. Il est un fait qu'un galibot deviendra rouleur, hiercheur et puis abatteur, mais il aura du mal à devenir porion et encore moins maître porion, d'autant plus que ces deux fonctions de "surveillance" permettent de donner des amendes aux autres ouvriers. Un porion et un maître porion deviennent donc, aux yeux des ouvriers, le prolongement au fond de la mine, de la surveillance du directeur. Un porion est donc le représentant du directeur... il est donc de l'autre côté de la barrière. Difficile pour un ouvrier ayant été opprimé par le pouvoir capitaliste de devenir oppresseur à son tour.

Conclusion de la pensée paternaliste du patronat.

Quelle satisfaction pour un patron de pouvoir s'intéresser aux besoins matériels des mineurs... mais pas seulement... Leur offrir un travail (dans des conditions innommables !) récompensé par un salaire (de misère), créer des écoles gratuites pour les enfants, des cours d'adultes, une bibliothèque, et garantir par là aux ouvriers en quelque sorte le bien-être de l'esprit. Enfin pouvoir penser aussi aux besoins de l'âme en construisant une église pour que cette intéressante population jouisse de tous les secours que la religion peut donner.
L'hôpital, l'école et l'église sont désormais à portée du mineur. Son logement est confortable. Son jardin lui apporte une nourriture abondante, variée, et le pays qu'il habite est des plus sains. (Ils croient vraiment ce qu'ils disent ???) Que reste-t-il à faire pour rendre le travailleur le plus heureux homme du monde? Lui donner les moyens d'acquérir un lopin de terre, de construire ou d'acheter sa maison, en un mot, de bâtir avec ses économies ! (Lesquelles??) Ce rêve de l'ouvrier-propriétaire, caressé par les économistes, caressé par l'ouvrier de tous les temps et de tous les pays, peut être accompli… (mais en réalité vu les conditions de vie et de salaire octroyées aux mineurs, les Compagnies Minières se sont jusqu'ici refusé d'en faciliter à leurs mineurs la réalisation) Attacher l'ouvrier au sol, ce n'est pas mettre dans ses mains le monopole, la coalition du travail, comme on pourrait le croire; c'est le rendre conservateur, ennemi des grèves (hé hé, ben tiens...) et du cabaret, ami de l'épargne. C'est lui permettre de satisfaire l'ambition de presque tous ici-bas, par la possession d'un morceau de terre, qu'on passe sa vie à arrondir, à agrandir, comme si la terre, où nous devons tous retourner, devait auparavant recevoir notre plus grande somme d'effort et de travail. (On voit là, l'idéologie d'un patronat qui, visiblement, vit dans sa tour d'ivoire et n'a jamais mis les pieds dans son usine et croit que le bonheur est là !)

Pour faire tourner une mine, il faut des mineurs.
Historiquement de 150.000 à 300.000 mineurs travaillaient dans les fosses du Nord de la France et de Belgique.  Si le patronat "offre" le dimanche comme jour de congé hebdomadaire, et sachant qu'après la Messe (obligatoire) les mineurs risquaient de se retrouver dans les cafés et estaminets du coin, il était important qu'ils soient tous présents au poste le lundi matin... et sans gueule de bois...
Aussi, des "campagnes d'information" ont fleuri au cours du temps incitant les mineurs à être présents sur leur lieu de travail après le cogé du dimanche.
Voici une des affiches collées sur les murs des fosses par les Compagnies Minières, soucieuses de retrouver leur personnel au travail le lundi après cette journée sabatique...

Retour haut de page

11.3.10. La déclaration de Quaregnon

1879 voit la création du premier parti social-démocrate belge le Parti Socialiste Belge (PSB).
En 1885, une version plus à gauche du Parti Socialiste voit le jour. De tendance radicalement marxiste, le Parti Ouvrier Belge (POB) est né d’une confluence entre certains éléments plus radicaux du Parti Socialiste Belge et des organisations ouvrières de base syndicales, mutuellistes et électorales.

En 1894, neuf ans après la fondation du Parti Ouvrier Belge, la social-démocratie de ce pays se dote finalement d’un programme, appelé Déclaration ou Charte de Quaregnon, d’après le nom de la cité boraine où son congrès s'est tenu les 24, 25 et 26 mars de cette année-là.

Dans un premier temps, il avait été convenu que ce congrès se tiendrait à Mons, mais en raison de l'échauffourée sanglante du 17 avril 1893, au cours de laquelle la garde civique de Mons avait tiré sur une colonne de mineurs qui voulaient pénétrer dans la ville, on décida, à la demande des Borains, de transférer le siège du congrès du P.O.B. à Quaregnon.

La Charte de Quaregnon ou Déclaration de Quaregnon est la déclaration de principes, sorte de programme doctrinal, adoptée par le Parti Ouvrier Belge lors de son Xème congrès en 1894. Elle introduit le programme en 3 points (politique, économique et communal) du parti.

Rédigée principalement par Émile Vandervelde, parlementaire belge et ministre qui s'est battu en faveur du suffrage universel et des avancées sociales, la charte s’est largement inspirée de la pensée des Encyclopédistes (Voltaire, Rousseau, Diderot...) et des grands principes nés de la Révolution française et de la théorie marxiste.

Si la forme de ce texte peut paraître désuète, ce manifeste traduit cependant en 7 points, les aspirations universelles, et toujours actuelles, de solidarité, de justice et d'émancipation politique et sociale des travailleurs. 

Ce programme est toujours en vigueur pour le PS, le SP, et le PTB, bien que l’immense majorité de ses adhérents en ignore jusqu’au texte et qu’il a cessé depuis des décennies d’inspirer l’action de ses dirigeants et de ses mandataires.

Mais que contient la Déclaration de Quaregnon ?

1. Les richesses en général, et spécialement les moyens de productions, sont soit des agents naturels ou les fruits du travail manuel et cérébral des générations antérieures et de la génération actuelle si bien qu'elles doivent par conséquent être considérées comme le patrimoine de l'humanité.
2. Le droit à la jouissance de ce patrimoine par les individus ou par les groupes d'individus ne peut avoir d'autre fondement que l'utilité sociale et d'autre but que d'assurer à tout être humain la plus grande somme possible de liberté et de bien-être.
3. La réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l'une, qui peut jouir de la propriété sans travail et l'autre, obligée de travailler et d'abandonner une part de son produit à la classe possédante.
4. Les travailleurs ne peuvent attendre leur complet affranchissement que par la suppression des classes sociales et d'une transformation radicale de la société actuelle. Cette transformation ne sera pas seulement favorable au prolétariat, mais à l'humanité tout entière, néanmoins, comme elle est contraire aux intérêts immédiats de la classe possédante, l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes.
5. Ils devront avoir pour but, dans l'ordre économique, d'assurer l'usage libre et gratuit de tous les moyens de production. Ce résultat ne pourra être atteint, dans une société où le travail collectif se substitue de plus en plus au travail individuel, que par l'appropriation collective des agents naturels et des instruments de travail.
6. La transformation du régime capitaliste en régime collectiviste doit nécessairement être accompagnée de transformations corrélatives :

a) Dans l'ordre moral, par le développement des sentiments altruistes et par la pratique de la solidarité.
b) Dans l'ordre politique, par la transformation de l'Etat en administration des choses.

7. Le socialisme doit donc poursuivre simultanément l'émancipation économique, morale et politique du prolétariat.

Néanmoins, le Point de Vue économique doit être dominant, car la concentration des capitaux entre les mains d'une seule classe constitue la base de toutes les autres formes de sa démolition.

Le Parti-Ouvrier réclame : 

1. Qu'il se considère comme le représentant, non seulement de la classe ouvrière, mais de tous les opprimés, sans distinction de nationalité, de culte, de race ou de sexe.
2. Que les Socialistes de tous les pays doivent être solidaires, l'émancipation des travailleurs n'étant pas une oeuvre nationale mais internationale.
3. Que dans leur lutte contre la classe capitaliste, les travailleurs doivent combattre par tous les moyens qui sont en leur pouvoir, et notamment par l'action politique, le développement des associations libres et l'incessante propagation des principes socialistes.

Retour haut de page

11.3.11. Le syndicalisme

Historiquement, dans le monde de la mine, la première grève éclate au Creusot le 13 mars 1848 au moment où le droit de grève n'existe pas encore. Tous les travailleurs réclament une augmentation des salaires, une diminution de la journée de travail, des garanties contre le chômage, le maintien du même salaire aux ouvriers de plus de quarante ans. Des représentants du gouvernement interviennent, un accord est conclu, une augmentation de salaire est accordée le 17 mars 1848.
La seconde grève éclate le 6 mai 1850 et ne concerne que les mineurs qui veulent obtenir le maintien des prix fixés lors de la première grève, le droit pour les sociétés d'ouvriers dans l'entreprise de faire entendre leurs revendications, la réintégration de délégués renvoyés. Mais le gouvernement, qui a changé d'opinion n'intervient plus en faveur des mineurs. Cette grève est un échec.
En décembre 1869, les ouvriers du Creusot réclament la gestion de la caisse de solidarité. Les 15 et 16 janvier 1870, une forte majorité souhaite la gestion de la caisse de secours par les ouvriers. La grève est alors générale. La panique s'installe dans la population souffrant du manque d'argent. Le travail reprend le 24 janvier.
Les mineurs du Creusot se mettent en grève le 21 mars 1870 car leur salaire a été diminué.

Nous venons d'assister aux premières revendications des ouvriers. A cette époque, on ne faisait pas grève pour un oui ou pour un non comme c'est parfois le cas aujourd'hui. Faire grève veut dire ne plus travailler mais aussi ne plus être payé. Les ouvriers de cette époque étaient tellement démunis que partir en grève était synonyme d'un accroissement de la misère par le manque d'argent. c'était risquer de tout perdre pour le mince espoir d'une vie un tant soit peu meilleure. Les ouvriers étaient tellement pauvres qu'ils ne pouvaient pas se permettre de faire grève souvent ni longtemps. Rapidement affamés et démunis de tout, ils rentraient dans le rang parfois sans rien avoir obtenus et reprenaient le travail contraints et forcés parfois dans des conditions pires que ce qu'ils connaissaient avant la grève. La grève devait être réfléchie, peser le pour et le contre, évaluer ce qu'on pouvait y gagner mais aussi ce qu'on pouvait y perdre. La grève était donc l'ultime moyen de pression sur le patronat que les ouvriers utilisaient.

Il ne faudra pas attendre longtemps pour que la prophétie d'Emile Zola se réalise. Les mineurs se dressent de plus en plus souvent contre leurs conditions de travail, aidés par le mouvement syndical qui est en train de naître.

Autorisé par une loi de 1884, le syndicalisme permet aux ouvriers de se rassembler. Ils prennent peu à peu conscience de leur poids politique au sein de cette troisième république qui depuis 1870 ébauche le nouveau système démocratique du pays. Jamais autant de travailleurs n’avaient été rassemblés au sein d’une même ville. Tout à coup, les ouvriers, grâce au suffrage universel instauré en France, peuvent voter dans le même sens et changer le cours d’une élection.

C’est dans le Sud-ouest de la France, à Carmaux dans le Tarn que, contre toute attente, les Gueules Noires élisent pour la première fois en 1892 un ouvrier mineur à la mairie de la ville : le syndicaliste Jean-Baptiste Calvignac. Après cette victoire, la compagnie minière de Carmaux, propriété de la puissante famille Solage, prendra comme prétexte cette élection pour licencier le syndicaliste devenu bien trop influent. Les mineurs de Carmaux n’accepteront pas qu’on leur vole leur victoire. Avec le soutien du journaliste Jean Jaurès, ils mèneront le plus long et le plus dur mouvement social qu’ait connu la ville. C’était une grève purement politique. C’était un mouvement pour le respect du suffrage universel. Parce qu’à partir du moment où un élu du peuple ne pouvait pas exercer ses mandats ou alors il était mis à la porte, c’était le non respect du suffrage universel. Le marquis de Solage, sous la pression du gouvernement, sera obligé de réintégrer Jean-Baptiste Calvignac. Les ouvriers étaient devenus des acteurs de la vie politique alors que jusque là, ils n’avaient pas droit à la parole. C’était pratiquement un changement de civilisation. Calvignac raconte dans ses mémoires que le marquis de Solage devait lever son chapeau devant le nouveau maire, un ouvrier mineur. C’était le monde à l’envers.

L’année suivante les mineurs de Carmaux obtiennent une nouvelle victoire : ils ont choisi de présenter à la députation Jean Jaurès qui est en train de basculer dans le socialisme. Jaurès remporte l’élection législative face au candidat défendu par la famille Solage.

Calvignac et Jaurès ont ouvert la voie du socialisme dans le Sud. Ils seront suivis dans le Nord par le syndicaliste Emile Basqui élu député-maire de Lens.

Devant la multiplication des grèves dans l’industrie, la troisième république comprend qu’il y a un danger mortel à laisser face à face les forces du capital et les forçats du travail. Si la France veut éviter un embrasement général, il est impératif d’offrir aux ouvriers des chemins de fer, de la métallurgie mais surtout de la mine un cadre plus producteur.

La loi crée en 1894, un régime vieillesse et un système d’assurance maladie obligatoire pour toutes les compagnies minières avant que le système ne soit généralisé à tous les ouvriers de l’industrie.

Les mineurs obtiennent surtout le droit de voter pour désigner parmi eux un délégué à la sécurité, chargé en toute indépendance de veiller aux règles de protection au fond de la mine.

La liberté des travailleurs et l'obtention d'avantages sociaux ne sera possible qu'avec un syndicalisme revendicatif, des grèves qui seront parfois réprimées par des "briseurs de grève" engagés par le patron ou même par l'armée qui tirera sur la foule.

Scène réaliste du film Germinal

On pourrait disserter pendant des heures sur ce sujet. Les archives syndicales sont pleines d'anecdotes tragiques et sanglantes du combat des travailleurs pour leur bien-être. Tout ceci nous éloigne de notre but géologique mais je me devais, ne serait-ce que par respect pour ces gens qui ont donné leur sueur, leur sang et même leur vie pour que nous ayons chaud l'hiver, de dire que leurs conditions de travail étaient désastreuses, l'asservissement total et que tout cela ne commencera à changer qu'après la première guerre mondiale.

Mais nous aurons tout le temps de développer ces différents points ci-après...

 

Suivez la suite de l'histoire du Peuple de la mine sur :
Carbonifère : Le peuple de la mine (5)

Retour haut de page


Pour me contacter, me faire part de vos idées, me poser vos questions, me laisser vos remarques, cliquez sur l'image ci-dessous...

Retour vers le sommaire